Nous deux un présent fainéant

Je converse en traduction horizontale

avec une mouche

fendant l’air droit sur le carreau

alors que le soleil arabesque

une danse de brindille contre le mur.

Je dis octobre ou mardi

ou s’il te plaît reste attends-moi s’il te plaît ne pars pas reviens

ou versons une coupe pour nous étancher

ou levons nos verres au dialogue vertical

notre échange singulier.

Je dis chêne ou sycomore ou hickory

sans ailes

ou l’orme qui disparaît en profusion

comme l’été

ou je dis laisse l’automne tarder

ou je dis nous sommes chacun seul

nous deux un présent fainéant

cherchant la lumière

de ce côté de la vitre.

Traduit par Célin Vuraler

I converse then in horizontal translation

with a fly

nicking upright at the pane

as sun arabesques

a twig dance off the wall.

I say October or Tuesday

or please stay wait for me please don’t go come back

or let’s fill a goblet to quench

or let’s raise a toast to vertically speaking

our singular exchange.

I say oak or sycamore or hickory

without wings

or the elm dying out profusely

like summer

or I say let autumn be late

or I say we are each alone

both of us a present dally

looking for light

on this side of the glass.

Par Amy Hollowell

Amy Hollowell est poète, journaliste et traductrice franco-américaine. Elle est l’auteur de plusieurs recueils de poèmes, notamment Nous ici/Here We Are (édition bilingue, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2015) et Giacomettrics (corrupt press, 2013).

Depuis 1983, elle est membre de la rédaction de l’International Herald Tribune à Paris et elle a contribué en tant que journaliste à d’autres publications, en Europe et aux États-Unis. Elle est aussi enseignante de la méditation Zen dans la lignée White Plum crée par Taizan Maezumi Roshi. En 2004, elle a fondé à Paris le groupe Wild Flower Zen, qu’elle continue à diriger en France et au Portugal.

Célin Vuraler est née à Paris en 1976. Elle est traductrice littéraire du turc et de l’anglais. Particulièrement intéressée par la poésie, elle a traduit essentiellement des auteurs turcs contemporains.

Traductions :

Yiğit Bener, Le revenant, (2015, Actes Sud)

Alper Canıgüz, L’assassinat d’Hicabi Bey (2014, Mirobole éditions)

Küçük İskender, poèmes pour Levée d’encre, (2013, CITL)

Ahmet Altan pour le livre de photographies de Frances Del Chele, Du loukoum au béton (2012, Trans Photographic Press)

Ayşe Gül Altınay et Fethiye Çetin, Les petits-enfants (2011, Actes Sud)

Texte de Perihan Mağden pour Passa Porta, Maison internationale des littératures, pour le projet « Lettres à l’Europe » (2011)

Textes de Yiğit Bener, en collaboration avec la Villa Gillet et la Maison des écrivains étrangers (Meet) (2011)

Yiğit Bener, Autres cauchemars (nouvelles), (2010, Actes Sud)

Textes pour une anthologie du théâtre turc, Un œil sur le bazar, (2010, l’Espace d’un instant)

Poèmes contemporains pour les revues Siècles 21 et Pensée de Midi (ex : Murathan Mungan ; 2010)

Poèmes du « Second renouveau » pour la revue Action Poétique (ex : Ece Ayhan, Ilhan Berk ; 2010)

Poèmes pour les éditions de la Biennale des Poètes en Val-de-Marne 2009 et 2010 (ex : Haydar Ergülen, Tugrul Tanyol, Gür Genç)

Demir Özlü, Un rêve de Beyoğlu (nouvelle) (2009, Petra)

Dans la revue Retors, retrouvez sa traduction du Grand poème du Moyen Orient de Küçük İskender.