Jusqu’au fil de fer

Dans les rafales du grand vent de nuit

je fonce

pas de chemin pour

retourner chez moi,

réduit

jusqu’au

fil

de

fer

cri nu

et tempête.

J’avance une main

aveugle dans la nuit

entre les draps et un fin croissant blanc.

C’est ici que Giacometti arrache les têtes

plâtre les yeux

étire les membres

jusqu’au

fil

de

fer

sur

une douce pente

vers le

secret.


Traduit par Célin Vuraler

In the great gusty nightwind

I hurtle

with no direction

home,

reduced

down

to

the

wire

howlstripped

and stormy.

I extend a hand

blind in the night

between sheets and a thin white crescent.

This is where Giacometti rips the heads off

plasters the eyes

stretches the limbs of it

down

to

the

wire

in

a loving lean

to the

secret.


Par Amy Hollowell

Amy Hollowell est poète, journaliste et traductrice franco-américaine. Elle est l’auteur de plusieurs recueils de poèmes, notamment Nous ici/Here We Are (édition bilingue, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2015) et Giacomettrics (corrupt press, 2013).

Depuis 1983, elle est membre de la rédaction de l’International Herald Tribune à Paris et elle a contribué en tant que journaliste à d’autres publications, en Europe et aux États-Unis. Elle est aussi enseignante de la méditation Zen dans la lignée White Plum crée par Taizan Maezumi Roshi. En 2004, elle a fondé à Paris le groupe Wild Flower Zen, qu’elle continue à diriger en France et au Portugal.

Célin Vuraler est née à Paris en 1976. Elle est traductrice littéraire du turc et de l’anglais. Particulièrement intéressée par la poésie, elle a traduit essentiellement des auteurs turcs contemporains.

Traductions :

Yiğit Bener, Le revenant, (2015, Actes Sud)

Alper Canıgüz, L’assassinat d’Hicabi Bey (2014, Mirobole éditions)

Küçük İskender, poèmes pour Levée d’encre, (2013, CITL)

Ahmet Altan pour le livre de photographies de Frances Del Chele, Du loukoum au béton (2012, Trans Photographic Press)

Ayşe Gül Altınay et Fethiye Çetin, Les petits-enfants (2011, Actes Sud)

Texte de Perihan Mağden pour Passa Porta, Maison internationale des littératures, pour le projet « Lettres à l’Europe » (2011)

Textes de Yiğit Bener, en collaboration avec la Villa Gillet et la Maison des écrivains étrangers (Meet) (2011)

Yiğit Bener, Autres cauchemars (nouvelles), (2010, Actes Sud)

Textes pour une anthologie du théâtre turc, Un œil sur le bazar, (2010, l’Espace d’un instant)

Poèmes contemporains pour les revues Siècles 21 et Pensée de Midi (ex : Murathan Mungan ; 2010)

Poèmes du « Second renouveau » pour la revue Action Poétique (ex : Ece Ayhan, Ilhan Berk ; 2010)

Poèmes pour les éditions de la Biennale des Poètes en Val-de-Marne 2009 et 2010 (ex : Haydar Ergülen, Tugrul Tanyol, Gür Genç)

Demir Özlü, Un rêve de Beyoğlu (nouvelle) (2009, Petra)

Dans la revue Retors, retrouvez sa traduction du Grand poème du Moyen Orient de Küçük İskender.

Photographie par Ernst Scheidegger