Dessin

Je pourrais dessiner

avec des ombres

deux arbres comme des filets

 

Des branches

balancées

dans une lumière sèche

 

Ravies

dans l’étirement

elles ouvrent des angles de

 

Tout

se défaisant

sur le sol de l’entre-temps

 

Un regard

déloge ce qui semble

être la rue

 

Et ce que

je pourrais

dessiner

 

Sans m’agripper aux apparences

un petit homme

en jeans

 

son ombre étirée

sous

les branches nues

 

Je maintiens

l’échange

qui est aimer

 

ou vouloir aimer

le sol

de tout ceci

 

De tout cela

coulé dans la brièveté

où il ne reste jamais

 

Ni feuille ni

quoi ni

qui.

Traduit par Célin Vuraler

I could draw

with shadows

two trees like a net

 

Boughs

thrown

in dry light

 

Ravished

in the stretch

they open angles of

 

Everything

unraveling

on the ground of meanwhile

 

One look

unhinges what seems

to be the street

 

And what

I could

draw

 

Not grasping appearances

a short man

in jeans

 

shaded tall

under

nude branches

 

I keep to

the exchange

which is to love

 

or want to love

the ground

of it

 

Of all

cast in brevity

never remaining

 

A leaf or

what and

who.

Par Amy Hollowell

Amy Hollowell est poète, journaliste et traductrice franco-américaine. Elle est l’auteur de plusieurs recueils de poèmes, notamment Nous ici/Here We Are (édition bilingue, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2015) et Giacomettrics (corrupt press, 2013).

Depuis 1983, elle est membre de la rédaction de l’International Herald Tribune à Paris et elle a contribué en tant que journaliste à d’autres publications, en Europe et aux États-Unis. Elle est aussi enseignante de la méditation Zen dans la lignée White Plum crée par Taizan Maezumi Roshi. En 2004, elle a fondé à Paris le groupe Wild Flower Zen, qu’elle continue à diriger en France et au Portugal.

Célin Vuraler est née à Paris en 1976. Elle est traductrice littéraire du turc et de l’anglais. Particulièrement intéressée par la poésie, elle a traduit essentiellement des auteurs turcs contemporains.

Traductions :

YiÄŸit Bener, Le revenant, (2015, Actes Sud)

Alper Canıgüz, L’assassinat d’Hicabi Bey (2014, Mirobole éditions)

Küçük İskender, poèmes pour Levée d’encre, (2013, CITL)

Ahmet Altan pour le livre de photographies de Frances Del Chele, Du loukoum au béton (2012, Trans Photographic Press)

AyÅŸe Gül Altınay et Fethiye Çetin, Les petits-enfants (2011, Actes Sud)

Texte de Perihan MaÄŸden pour Passa Porta, Maison internationale des littératures, pour le projet « Lettres à l’Europe » (2011)

Textes de YiÄŸit Bener, en collaboration avec la Villa Gillet et la Maison des écrivains étrangers (Meet) (2011)

YiÄŸit Bener, Autres cauchemars (nouvelles), (2010, Actes Sud)

Textes pour une anthologie du théâtre turc, Un œil sur le bazar, (2010, l’Espace d’un instant)

Poèmes contemporains pour les revues Siècles 21 et Pensée de Midi (ex : Murathan Mungan ; 2010)

Poèmes du « Second renouveau » pour la revue Action Poétique (ex : Ece Ayhan, Ilhan Berk ; 2010)

Poèmes pour les éditions de la Biennale des Poètes en Val-de-Marne 2009 et 2010 (ex : Haydar Ergülen, Tugrul Tanyol, Gür Genç)

Demir Özlü, Un rêve de BeyoÄŸlu (nouvelle) (2009, Petra)

Dans la revue Retors, retrouvez sa traduction du Grand poème du Moyen Orient de Küçük İskender.