I. Fragments d’une petite annonce et fragments familiaux

Quelques personnes ou des fragments de leur vie.

Irène

Tom

Pete

Sheila

Maman

L’Infirmière

Le Docteur

Le Journaliste

La Putain

Le Représentant des Pompes Funèbres

L’Homme aux Jonquilles

en fait, c’est juste sa voix. Elle peut même ne pas être considérée comme un fait.

…fragments des personnes qui sont nées des fragments de la vie de Giulio.

Et quelques autres vies.

Zagreb 2004.

FRAGMENTS D’UNE PETITE ANNONCE :

Un hôpital. Dans une chambre. Tom est allongé sur un lit. Irène est assise à côté.

Tom : Vous êtes écrivain ?

Irène : Non.

Tom : Journaliste ?

Irène : Non.

Tom : Peut-être reporter pour la télé ? Oui, vous pourriez être reporter…

Irène : Non.

Tom : Alors quel est votre putain de métier ?

Irène : Je … Je travaille dans un café.

Tom : Un café?

Irène : Ben, c’est comme ça qu’on l’appelle, mais en fait, c’est juste un bar… celui qui est dans la rue d’en face.

Il y a un bar dans la rue d’en face. Sheila est là. Elle prépare un cappuccino.

Tom : J’en ai rien à foutre de tout ça ! Je veux savoir pourquoi vous êtes là.

Pete est assis sur un canapé. Dans un salon. Quelques-uns de ses vêtements traînent par terre.

Irène (à Tom) : J’ai lu votre annonce. (À Pete) Une annonce vraiment étrange. Et c’était hier. Je pense que c’était hier…

Irène s’assoit à côté de Pete. Il commence à déboutonner sa chemise.

Pete : Va au cœur du sujet.

Pete est allongé sur Irène.

Irène : J’y arrive.

Pete essaie de mettre la main dans la culotte d’Irène.

Pete : Moi aussi.

Irène : Arrête.

Pete : Je viens de commencer.

Irène : J’aimerais te dire que…

Pete : J’écoute…

Irène : Non, tu n’écoutes pas !

Pete n’arrête pas, alors Irène le repousse.

Pete : Oh, va te faire foutre !

Irène : Je ne veux pas faire ça.

Irène quitte le canapé, prend un verre et se dirige vers Sheila.

Tom : Qu’est-ce que vous voulez ?

Irène : J’ai lu votre annonce.

Un café. Non, c’est un bar. Sheila prépare des cafés.

Sheila : Tu l’as avec toi ?

Irène pose le verre sur le comptoir puis sort de sa poche un morceau de papier. Elle le tend à Sheila.

Irène : Ici.

Sheila : Vas-y, lis. Faut que je fasse ce stupide cappuccino.

Irène déplie le papier et commence à lire.

Irène : Un homme, à la fin de la soixantaine, est mourant et veut raconter son histoire à une personne qui a de bonnes oreilles. Il est en ce moment à l’Hôpital des Sœurs de la Charité. (À Tom) J’ai lu votre annonce. (À Sheila) Alors, qu’est-ce que t’en penses ?

Sheila : Je pense que tu devrais lire des BD ou des magasines pornos au lieu de ces annonces débiles.

Irène (à Tom) : J’ai lu votre annonce. Et ça m’intéresse.

Tom : En quoi ?

Irène (à Sheila) : Oh, allez, je trouve que c’est intéressant.

Sheila : Intéressant ? Je vais te dire moi ce que je trouve intéressant.

Sheila montre du doigt quelqu’un dans le bar.

Sheila : Ce mec, tu le vois ?

Irène : Celui qui porte des lunettes ?

Sheila : Non, celui-là on l’emmerde ! C’est un débile qui me pelote tout le temps le cul, du coup je crache toujours dans son cappuccino italien.

Sheila offre à Irène un cappuccino pour qu’elle crache dedans.

Sheila : Tu veux essayer ?

Irène : Non merci.

Sheila : T’as peur ?

Tom : Est-ce que j’ai l’air d’avoir peur?

Irène : Je sais pas. Mais moi j’aurais peur.

Sheila : T’as peur ?

Irène : Nan, je veux juste pas le faire.

Sheila : Je connais quelqu’un qui le fera.

Sheila crache dans le cappuccino. Irène s’éloigne et……

…. s’assoit sur le canapé à côté de Pete. Elle reboutonne sa chemise.

Irène : Je ne veux pas faire ça. Je ne veux pas baiser.

Pete : Tu veux pas ?

Irène : Si. Mais j’aimerais aussi parler.

Pete : Ben, parle.

Irène : Non, ça n’a plus d’importance.

Pete : Alors on peut baiser maintenant ?

Irène : Non.

Pete se lève.

Pete : D’accord, dis-moi.

Irène : Quoi ?

Pete : Parle-moi de cette putain d’annonce.

Irène (à Tom) : Je l’ai lue. Et ça m’intéresse.

Tom : En quoi ? Me voir mourir ?

Pete se rhabille.

Pete : C’était à propos de quoi ?

Irène : Pourquoi tu fais ça ?

Pete : Ce que je fais maintenant ?

Irène : Pourquoi tu te rhabilles ?

Pete : Il fait froid.

Irène : Ouais, toi aussi t’es glacial.

Pete : Oh, et toi t’es la salope la plus chaude que j’ai jamais rencontrée !

Irène : Va te faire foutre !

Pete : J’y vais justement.

Irène : Ce sera sans moi !

Pete : Là on est d’accord.

Pete enfile sa veste.

Irène est assise maintenant à côté du lit de Tom.

Tom : Intéressée en quoi ? Me voir mourir ?

Irène : Vous voulez que je m’en aille ?

Irène se lève pour partir.

Tom : Ce n’est pas moi qui vous ai fait venir. Vous êtes libre de partir.

Pete met ses chaussures.

Irène : Où est-ce que tu vas ?

Pete est déjà parti.

Irène s’assoit.

Tom : Oui, vous pouvez partir d’ici. Vous pouvez. D’un autre côté, moi, je suis plutôt coincé. Coincé dans ce putain de lit. Vous avez vu comme il est petit ? Mes pieds sont dans le vide. Ils s’en fichent si quelqu’un est grand. Et puis pourquoi ils s’en soucieraient d’ailleurs ? Grand ou petit, je vais de toute façon mourir.

Irène : Vous avez peur ?

Tom : Est-ce que j’ai l’air d’avoir peur?

Irène : Je sais pas. Mais moi j’aurais peur.

Tom : Vous êtes petite. Ce lit vous irait bien. Juste bien.

Irène est au bar. Elle parle à Sheila.

Irène : Il est juste à 50 mètres de nous. Et il va mourir.

Sheila : C’est le cas de tout le monde.

Irène : Juste de l’autre côté de la rue, dans cet hôpital épouvantable, dans un lit trop petit.

Sheila : Petit ?

Tom : Il vous irait juste bien.

Irène (à Sheila) : J’imagine que ces lits sont petits.

Tom : Ce lit vous irait juste bien.

Sheila : Alors, ne me dis pas que tu vas y aller ?

Irène : Non, bien sûr que non.

Irène revient vers Tom.

Sheila : Je veux dire, pourquoi quelqu’un irait là-bas ?

Tom : Il vous irait juste bien. Mais vous n’êtes pas la mourante.

Irène : Ce mec vit ses derniers jours et, alors, peut-être qu’il sait maintenant ce qu’est la vie.

Tom : Mais vous n’êtes pas mourante. Êtes-vous malade ?

Irène : Non.

Tom : De nos jours, de plus en plus de jeunes femmes souffrent du cancer du sein.

Irène : Je n’ai pas de cancer.

Tom : On ne sait jamais. Vous devriez voir un docteur.

Irène : Je ne suis pas malade !

Tom : C’est aussi ce que je pensais. Et regardez-moi maintenant.

Sheila crache à nouveau. Pete s’approche du bar.

Irène : Vous avez un cancer ?

Tom : Plus d’un. Vous avez une cigarette ?

Irène : Ils vous laissent fumer ?

Tom : C’est à vous que je demande, pas à eux.

Sheila prend un cappuccino, fait un clin d’œil à Irène et va à une des tables.

Irène : Je ne fume pas.

Pete allume une cigarette. Sheila dépose le cappuccino devant l’homme aux lunettes.

Sheila : Voilà votre cappuccino. J’espère que vous l’apprécierez.

Tom : Vous n’êtes pas journaliste et vous ne fumez pas. Vous êtes vraiment ennuyante.

FRAGMENTS FAMILIAUX

Le bar encore. Irène est la seule qui travaille. Elle nettoie quelques verres. Maman est au bar.

Maman : Cet homme, il vient de me tripoter.

Irène : Tu veux dire qu’il t’a tripoté le cul ?

Maman : Tu l’as vu ?

Irène : Non. C’est juste qu’il le fait tout le temps.

Maman : Mmm, t’es jalouse parce que c’est moi qu’il a tripotée.

Irène : Oui.

Irène lave le comptoir.

Irène : Bouge un peu.

Maman : C’est propre.

Irène la regarde simplement. Ce n’est pas du tout un gentil regard. Maman bouge un peu. Irène lave le bar et met le torchon de côté.

Irène : Bon, pourquoi t’es là ?

La chambre de Tom. Il a un visiteur.

Le journaliste : Je suis journaliste.

Tom : Enfin.

Irène : Alors, pourquoi t’es là, maman ?

Maman : Je voudrais un cappuccino.

Irène : Et c’est pour ça que tu as traversé la ville d’un bout à l’autre ? Juste pour un cappuccino ?

Maman : J’aime la façon dont on le fait ici.

Irène : Donc tu veux un cappuccino ?

Maman : Non, putain, donne-moi un brandy !

Le journaliste sort une bouteille de brandy de son manteau.

Le journaliste : Vous en voulez?

Maman : Donne-moi un brandy !

Le journaliste : Vous en voulez ?

Tom : Après, peut-être.

Le journaliste : D’habitude je ne bois pas. C’est juste que je suis passé par ce magasin et que j’ai vu cette bouteille de brandy… C’était en promotion.

Le journaliste sort une autre bouteille de brandy.

Le journaliste : Alors, j’en ai acheté deux.

Tom : Les promotions vous forcent à faire ça.

Le journaliste : Écoutez, je ne bois pas. Du moins, pas avant midi.

Irène : Un brandy ? Bien. T’as de l’argent pour le payer ?

Maman : Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?

Irène : Parce que c’est un bar. Et pour consommer, il faut payer. Donc…

Maman : J’ai l’argent.

Irène : Fais voir.

Maman : Irène…

Irène : Alors, d’accord. Pas de boisson pour toi.

Irène tourne le dos à Maman et nettoie quelque chose, n’importe quoi.

Maman : Ok d’accord, je vais te le montrer.

Maman cherche dans son porte-monnaie.

Maman : Tu n’es pas gentille avec moi.

Irène : Je m’en fous.

Maman : Tu devrais me montrer un peu de respect.

Irène : Et toi, c’est un peu d’argent que tu devrais me montrer.

Maman : Mais je suis ta mère.

Irène : Et alors ?

Maman : Eh bien, rappelle-toi simplement qui t’a mise au monde.

Irène : Tu as l’argent, oui ou non ?

Maman ferme son porte-monnaie.

Maman : J’en avais.

Tom : Alors, pour quel magasine écrivez-vous ?

Le journaliste : Eh bien, voyez-vous, ce n’est pas aussi simple.

Tom : Vous êtes au chômage ?

Le journaliste prend une grande gorgée de brandy.

Le journaliste : Qui ne l’est pas de nos jours ? Mais, j’ai juste besoin d’une occasion, et ça le fera.

Tom : Et vous pensez que je suis cette occasion?

Le journaliste : Vous dites que vous avez une histoire ?

Tom : J’en ai une.

Le journaliste : Vous ne m’en voulez pas si je vais droit au but ?

Tom : Allez-y.

Le journaliste : Avez-vous déjà tiré sur quelqu’un ?

Tom : Vous voulez dire, si j’ai tué quelqu’un ?

Le journaliste : Ouais. Vous l’avez fait ?

Tom : Non.

Le Journaliste : Déjà été en prison ?

Tom : Non.

Le journaliste : Z’êtes sûr ?

Tom : Eh bien, je m’en souviendrais, pas vrai ?

Le journaliste : Ce brandy c’est de la pisse. Pas étonnant qu’il soit en promotion.

Le journaliste ouvre l’autre bouteille et l’entame.

Tom : Eh bien, les bonnes choses dans la vie ne sont jamais gratuites.

Le journaliste : Vrai. Alors…

Irène : Qu’est-ce que tu veux ?

Le journaliste : Alors, quelle est votre histoire ?

Irène : Bon, qu’est-ce que tu veux maintenant ?

Maman : Juste un tout petit, minuscule brandy, ma chérie.

Tom : Vous savez, j’étais amoureux de cette femme…

Maman : Juste un…

Irène : Oh, va te faire foutre !

Le journaliste crache le brandy par terre.

Le journaliste : Oh, allez, c’est ça votre histoire?

Maman : T’es exactement comme ton père. Exactement comme cet enfoiré.

Le journaliste : Vous me faites perdre mon temps !

Le journaliste se lève.

Tom : Elle a été tuée.

Le journaliste : Super !

Le journaliste s’assoit.

Tom : Je ne suis pas de votre avis.

Le journaliste : Désolé, mais c’est juste ce dont j’avais besoin.

Tom : Eh bien, moi, ce n’est pas ce dont j’avais besoin.

Le journaliste : Je suis désolé.

Tom : Vraiment ?

Le journaliste sort de sa poche un crayon de papier et regarde Tom, en attendant de pouvoir commencer à prendre des notes.

Tom : Elle était très jeune.

Le journaliste : Encore mieux… Désolé, déformation professionnelle.

Tom : Elle avait douze ans.

Irène s’assoit à côté de Tom, en riant.

Irène : Je n’arrive pas à y croire ! Et il a gobé ça? Ne me dites pas qu’il l’a fait ?

Le journaliste note.

Le journaliste : Douze ans…

Tom : Il l’a fait. Jusqu’à la fin.

Le journaliste arrête d’écrire.

Le journaliste : Qu’est-ce que vous voulez dire par douze ?

Tom : Comme dix plus deux.

Le journaliste : Et vous aviez quel âge?

Tom : Trente ans, à peu près.

Le journaliste : Bon… Ne pensez vous pas que cette relation était peut-être un petit peu illégale ?

Tom : Mais on s’aimait.

Irène : Mais quel idiot !

Tom : Et alcoolique en plus.

Le journaliste : Mec, c’était une gamine !

Tom : Je la voyais entant que femme. Vous voyez ce que je veux dire ?

Le journaliste : Pas vraiment.

Tom : Eh bien, elle était comme une fleur qui n’attendait qu’à être cueillie.

Le journaliste : Et vous l’avez fait ?

Tom : D’une certaine façon, oui.

Irène : C’est comme ce livre.

Le journaliste : Vous avez vu ce film…

Irène : Lolita.

Le journaliste : Je pense que c’est Spielberg qui l’a fait.

Irène : C’était Kubrick.

Le journaliste : Peu importe. Mais bon, vous l’avez vu ?

Tom : Non, mais j’ai lu le livre.

Le journaliste : Il y a un livre ?

Irène : Nabokov l’a écrit.

Le journaliste : Je vais écrire ça.

Irène : Et donc, vous avez ce professeur et il tombe amoureux de Lolita. C’est encore une enfant.

Tom : Ça me dit quelque-chose.

Le journaliste : Donc, est-ce que c’est quelque-chose comme ça ?

Tom : Non.

Tom : Alors, tu t’as aimé le livre?

Irène : Pas vraiment.

Le journaliste : Non ?

Irène : Quelques passages sont ennuyants.

Le journaliste : Vous êtes sûr ?

Tom : Arrêtez ça tout de suite, vous m’insultez.

Le journaliste : Ce n’était pas mon intention, désolé.

Tom : Vous pourriez penser à ça. Cet Humbert, l’homme du livre, était vraiment dégoûtant. Il a profité de cette pauvre Lolita. Mais moi, au contraire, j’ai aimé ma fleur.

Le journaliste : Ah, je vois, c’était quelque chose de platonique ?

Tom : Au début, oui.

Le journaliste : Et après le début ?

Tom : Je savais que tu reviendrais.

Irène : Et ce mec…

Tom : Le prétendu journaliste ?

Irène : Ouais. Il va revenir ?

Tom : J’espère bien.

Le journaliste : Dites-moi…

Tom : Bon, par où commencer ?

Le journaliste : Par le commencement.

Irène : J’aimerais vraiment le rencontrer.

Le journaliste part.

Tom : On peut arranger quelque-chose. A condition que je ne me tue pas entretemps.

Irène rit.

Tom : Je suis sérieux.

Irène : Ouais, c’est sûr !

Tom : Je le suis, Irène.

Irène éclate de rire.

Tom : Va à la fenêtre.

Irène : Pourquoi ?

Tom : Vas-y , c’est tout.

Irène va à la fenêtre.

Tom : Qu’est-ce que tu vois ?

Irène : Je sais pas. Je vois un banc.

Tom : Ce n’est pas ça.

Irène : Quelques arbres aussi.

Tom : Non. Tu vois vingt mètres. Cette chambre est à une hauteur de vingt mètres. Vingt mètres au-dessus du sol. Alors, j’ai pensé que si je saute… eh bien, il y a une possibilité pour que je survive. Et on ne veut pas ça, n’est-ce pas ?

Irène : Pourquoi « on » ?

Tom : Ok, moi. Je ne pourrais pas rester en vie totalement détruit, attendre seulement de mourir. Voilà pourquoi je n’ai pas sauté.

Irène : Mon père a sauté.

Maman : Tu es exactement comme ton père.

Irène s’approche du bar.

Irène : Je ne sais pas pourquoi. C’était après nous avoir quittées. Ma mère a commencé à boire quand il est parti. Ou alors elle a commencé à boire et il est parti. Je sais pas.

Irène donne à boire à Maman.

Irène : Ici.

Irène : Mais ce jour, eh bien, elle était sûrement bourrée ce jour-là. Et elle a dit…

Maman : Le fils de pute à enfin eu ce qu’il méritait.

Maman vide le verre.

Irène : Pas étonnant qu’il soit parti.

Tom : Bonne décision, je dirais.

Irène : Laquelle ?

Tom ne répond pas.

Irène : Qu’il ait quitté, nous, ou ce monde ?

Irène ressert Maman.

Irène : Allez, un dernier pour la route.

Maman : T’es un amour.

Irène : Ouais, je sais.

Irène part...

...vers la fenêtre.

Irène : Je ne suis pas allée à l’enterrement. Je lui en voulais trop de nous avoir quittées. Alors, je suis restée à la maison.

Tom : Ta mère y est allée ?

Irène : Dans sa plus belle robe. Une bleue, avec des fleurs roses.

Tom : Tu lui en veux toujours ?

Irène regarde Tom.

Irène : Il a quitté ma mère, mais au final, j’ai fait la même chose. Je l’ai simplement quittée un jour.

Maman : Allez, assieds-toi un instant avec ta maman.

Irène : Je suis occupée.

Maman : Mais il n’y a personne ici.

Irène revient et s’assoit avec elle.

Maman : Alors, chérie, pourquoi travailles-tu dans cette poubelle ?

Irène : Et qu’est-ce que je devrais faire ? Être une actrice ?

Maman : Ben j’ai toujours dit que tu ferais une bonne actrice.

Irène : Tu dis des conneries.

Maman : Chérie, c’est pas un endroit pour toi ici.

Irène : Et pour toi, c’est… ?

Tom : Je ne sauterai pas, Irène.

Maman essaie de prendre la main de sa fille, mais Irène la retire.

Maman : Chérie…

Irène : Écoute, il faut vraiment que je travaille maintenant.

Irène part...

...à nouveau vers la fenêtre.

Irène : Une enfant est assise sur un banc. Une petite fille. Elle fait un signe de la main. Mais pas à moi. Elle fait signe à sa mère.

Maman : Peux-tu m’en donner encore un autre? Juste un. Un minuscule.

Traduit par Sara Perrin

Neki ljudi ili tek fragmenti njih samih…

Irene

Tom

Pete

Sheila

Mama

Sestra

Doktor

Novinar

Kurva

Pogrebnik

Čovjek Suncokret

zapravo, samo njegov glas, ali ni taj glas možda nije njegov

…fragmenti ljudi koji su oživjeli iz fragmenata Giuliovog života.

I nekih drugih života.

Zagreb, 2004.

FRAGMENTI PRIČE O OGLASU

Bolnica. Soba s pacijentima. Tom leži na krevetu. Irene sjedi pored njegovog kreveta.

TOM: Jeste li pisac?

IRENE: Ne.

TOM: Novinar?

IRENE: Ne.

TOM: Možda TV-reporter? Da, Vi bi mogli biti TV-reporter.

IRENE: Nisam.

TOM: Pa koji ste Vi onda kurac?

IRENE: Ja… ja radim u kafiću.

TOM: U kafiću?

IRENE: Pa, tako se samo zove, a zapravo, to je samo birtija, ona preko puta ceste.

Preko puta ceste nalazi se birtija. Sheila je tamo, radi cappuccino.

TOM: Zaboli me kurac za to! Želim znati zašto ste ovdje.

Pete sjedi na kauču. U dnevnom boravku. Nešto njegove odjeće je na podu.

IRENE (Tomu) : Pročitala sam Vaš oglas. (Peteu) Stvarno čudan. I to je bilo jučer, mislim da je bilo jučer…

Irene sjedne pored Petea. On počinje otkopčavati njezinu košulju.

PETE: Prijeđi na stvar.

Pete je sasvim prešao na Irene.

IRENE: Saću.

Pete pokušava gurnuti ruku u njezine gaćice.

PETE: I ja ću.

IRENE: Prestani.

PETE: Tek sam počeo.

IRENE: Želim ti ovo ispričati…

PETE: Slušam.

IRENE: Ne, ne slušaš!

Pete ne prestaje pa ga Irene odgurne.

PETE: Ma, jebi se!

IRENE: Ne želim to raditi.

Irene odlazi s kauča, uzima jednu čašu pa kreće prema Sheili.

TOM: Šta želite?

IRENE: Pročitala sam Vaš oglas.

Kafić. Ne, to je birtija. Sheila radi kave.

SHEILA: Imaš ga sa sobom?

Irene odloži čašu na šank. Zatim iz džepa izvadi komad papira pa ga ponudi Sheili.

IRENE: Evo.

SHEILA: Ti ga pročitaj. Ja moram napravit ovaj glupi cappuccino.

Irene rastvori papir i počinje čitati.

IRENE: «Muškarac u kasnim šezdesetima umire i želi ispričati svoju priču nekome s dobrim ušima. Trenutno je odsjeo u bolnici “Sestara milosrdnica”.» (Tomu) Pročitala sam Vaš oglas. (Sheili) I, šta misliš?

SHEILA: Mislim da bi ti trebala čitati stripove ili porno časopise umjesto tih glupih oglasa.

IRENE (Tomu): Pročitala sam Vaš oglas. I zanima me.

TOM: Šta?

IRENE (Sheili): Ma daj, ja mislim da je zanimljiv.

SHEILA: Zanimljiv? Reću ti šta ja mislim da je zanimljivo.

Sheila pokaže prstom prema nekome u birtiji.

SHEILA: Onaj tip, vidiš ga?

IRENE: Onaj s naočalama?

SHEILA: Ne, jebeš njega! On je idiot koji me redovito hvata za dupe pa mu ja isto tako redovito pljunem u njegov talijanski cappuccino.

Sheila nudi Irene da pljune u cappuccino.

SHEILA: Oćeš probat?

IRENE: Ne, fala.

SHEILA: Bojiš se?

TOM: Izgledam uplašeno?

IRENE: Ne znam. Ali ja bi bila uplašena.

SHEILA: Bojiš se?

IRENE: Ne, samo ne želim to raditi.

SHEILA: Ima neko ko hoće.

Sheila pljune u cappuccino. Irene odlazi i…

…sjeda na kauč pored Petea. Zakopčava svoju košulju.

IRENE: Ne želim to raditi. Ne želim se jebati.

PETE: Ne?

IRENE: Da. Al bi isto tako htjela razgovarati.

PETE: Onda razgovaraj.

IRENE: Nije više važno.

PETE: Onda se možemo sad jebati?

IRENE: Ne.

Pete ustaje.

PETE: Ok, reci mi.

IRENE: Šta?

PETE: O tom jebenom oglasu.

IRENE (Tomu): Pročitala sam ga. I zanima me.

TOM: Šta? Da gledate kako umirem?

Pete se oblači.

PETE: O čemu je?

IRENE: Zašto to radiš?

PETE: Šta sad radim?

IRENE: Oblačiš se.

PETE: Hladno je.

IRENE: I ti si.

PETE: Aha, a ti si najtoplija kučka koju sam ikad sreo.

IRENE: Jebi se!

PETE: Hoću.

IRENE: Sa mnom ne.

PETE: Slažem se.

Pete oblači jaknu.

Irene sada sjedi pored Tomovog kreveta.

TOM: Šta Vas zanima? Da gledate kako umirem?

IRENE: Oćete da odem?

Irene ustaje da će otići.

TOM: Ja Vas nisam tjerao da dođete. Možete slobodno ići.

Pete oblači cipele.

IRENE: Gdje ideš?

Pete je već otišao.

Irene sjedne.

TOM: Da, Vi možete odšetati odavdje. Vi možete. Ja, u drugu ruku, ja sam zapeo. Zapeo u ovom jebenom krevetu. Vidite kako je kratak? Noge su mi u zraku. Briga njih ako je neko visok. Uostalom, zašto da se zamaraju? Umrijet ću bez obzira na to koliko sam visok ili nizak.

IRENE: Bojite se?

TOM: Izgledam uplašeno?

IRENE: Ne znam. Ali ja bi bila uplašena.

TOM: Vi ste niski. Ovaj krevet bi Vam dobro legao. Baš dobro.

Irene je za šankom. Razgovara sa Sheilom.

IRENE: On je samo pedeset metara udaljen od nas. I umrijet će.

SHEILA: Svi ćemo.

IRENE: Samo preko puta ceste, u onoj groznoj bolnici, u nekom kratkom krevetu.

SHEILA: Kratkom?

TOM: Legao baš dobro.

IRENE (Sheili): Zamišljam te krevete da su kratki.

TOM: Ovaj krevet bi Vam legao baš dobro.

SHEILA: Nemoj mi reći da ćeš ići?

IRENE: Ne, naravno da ne.

Irene se vraća Tomu.

SHEILA: Mislim, zašto bi neko išao tamo?

TOM: Legao bi Vam baš dobro. Ali, Vi niste ta koja umire.

IRENE: Taj tip je na kraju i, ono, možda sad zna šta je život zapravo.

TOM: Ali Vi ne umirete. Jeste bolesni?

IRENE: Ne.

TOM: Mlade žene dobivaju rak dojke ovih dana.

IRENE: Ja nemam rak.

TOM: Nikad se ne zna. Trebali bi otići kod doktora.

IRENE: Nisam bolesna!

TOM: To sam i ja mislio. A pogledajte me sad.

Sheila ponovno pljune. Pete se približava birtiji.

IRENE: Imate rak?

TOM: Više od jednog. Imate cigaretu?

IRENE: Daju Vam da pušite?

TOM: Ne pitam njih, pitam Vas.

Sheila uzme cappuccino, namigne Irene i krene prema jednom od stolova.

IRENE: Ne pušim.

Pete pali cigaretu. Sheila stavlja cappuccino pred čovjeka s naočalama.

SHEILA: Evo Vašeg cappuccina. Nadam se da ćete uživati u njemu.

TOM: Vi niste TV-reporter i ne pušite. Vi ste dosadni.

OBITELJSKI FRAGMENTI :

Opet birtija. Irene je jedina koja radi. Čisti neke čaše. Mama je za šankom.

MAMA: Onaj čovjek, samo me zgrabio.

IRENE: Misliš, zgrabio te za dupe?

MAMA: Vidjela si?

IRENE: Ne. Samo, on to stalno radi.

MAMA: Hmm, ljubomorna si jer je zgrabio mene.

IRENE: Aha, jesam.

Irene čisti sank.

IRENE: Pomakni se malo.

MAMA: Čisto je.

Irene je pogleda. Nije to nimalo lijep pogled. Mama se malo pomakne. Irene očisti šank, a zatim odloži krpu sa strane.

IRENE: Onda, zašto si ovdje?

Tomova soba. Tom ima posjetu.

NOVINAR: Ja sam novinar.

TOM: Napokon.

IRENE: Onda, zašto si ovdje, mama?

MAMA: Htjela bi cappuccino.

IRENE: I zato si išla s jednog kraja grada na drugi? Samo zbog cappuccina?

MAMA: Volim kako ga radite ovdje.

IRENE: Znači, hoćeš cappuccino?

MAMA: Ne, jebeš to, daj mi rakiju!

Novinar iz kaputa izvadi bocu rakije.

NOVINAR: Hoćete Vi malo?

MAMA: Daj mi rakiju!

NOVINAR: Hoćete malo?

TOM: Možda poslije.

NOVINAR: Obično ne pijem. Nego eto, baš sam prolazio pored tog dućana i vidio ovu bocu rakije… Bila je na popustu.

Novinar izvadi još jednu bocu rakije.

NOVINAR: Pa sam kupio dvije.

TOM: Popust je kriv za to.

NOVINAR: Gledajte, ja ne pijem. Barem ne prije podneva.

IRENE: Rakiju? Dobro. Imaš novac da to platiš?

MAMA: Zašto me to pitaš?

IRENE: Zato što je ovo birtija i da bi dobila piće, moraš ga platit. Dakle…

MAMA: Imam novac.

IRENE: Pokaži ga.

MAMA: Irene…

IRENE: Onda je to to. Nema pića za tebe.

Irene okrene leđa Mami i čisti nešto, bilo što.

MAMA: Ok, ok, pokazaću.

Mama kopa po svojoj torbici.

MAMA: Nisi u redu prema meni.

IRENE: Baš me briga.

MAMA: Trebala bi pokazati malo poštovanja.

IRENE: A ti bi trebala pokazati malo novaca.

MAMA: Ali ja sam tvoja mama.

IRENE: Pa šta?

MAMA: E pa, samo se sjeti tko te donio na ovaj svijet.

IRENE: Imaš novac ili ne?

Mama zatvori torbicu.

MAMA: Imala sam ga.

TOM: Dakle, za koji časopis pišete?

NOVINAR: Pa, vidite, nije tako jednostavno.

TOM: Nezaposleni ste?

Novinar otpije pozamašan gutljaj rakije.

NOVINAR: Ko nije danas? Ali, ja samo trebam tu jednu šansu i to je onda to.

TOM: I vi mislite da sam ja ta Vaša šansa?

NOVINAR: Kažete da imate priču.

TOM: Imam.

NOVINAR: Ne smeta ako sam direktan?

TOM: Pucajte.

NOVINAR: Jeste li ikad upucali koga?

TOM: Mislite, ubio nekoga?

NOVINAR: Aha, jeste li?

TOM: Ne.

NOVINAR: Bili u zatvoru?

TOM: Ne.

NOVINAR: Sigurni ste?

TOM: E pa, takvog nečeg bi se sjećao, zar ne?

NOVINAR: Ova rakija je za kurac. Nije ni čudo da je bila na popustu.

Novinar otvori drugu bocu rakije i otpije iz nje.

TOM: E pa, dobre stvari u životu nikad nisu besplatne.

NOVINAR: Istina. Onda…

IRENE: Šta hoćeš?

NOVINAR: Onda, koja je Vaša priča?

IRENE: Onda, šta hoćeš sad?

MAMA: Samo jednu malu, sitnu rakiju, dušo moja.

TOM: Vidite, bio sam zaljubljen u tu ženu…

MAMA: Samo jednu.

IRENE: Ma, jebi se!

Novinar ispljune rakiju na pod.

NOVINAR: Ma, dajte! To je Vaša priča?

MAMA: Ti si baš kao tvoj otac. Baš kao to govno.

NOVINAR: Vi trošite moje vrijeme!

Novinar ustaje.

TOM: I ona je poginula.

NOVINAR: Odlično!

Novinar sjedne.

TOM: Ja ne mislim tako.

NOVINAR: Sori, ali to je baš ono što sam trebao.

TOM: E pa, to nije ono što sam ja trebao.

NOVINAR: Žao mi je.

TOM: Jel je?

Novinar iz džepa izvadi kemijsku olovku. Gleda Toma i čeka da počne pisati bilješke.

TOM: Bila je jako mlada.

NOVINAR: Još bolje… Sori, profesionalna deformacija.

TOM: Imala je dvanaest godina.

Irene je pored Toma. Smije se.

IRENE: Ne mogu vjerovat! I popušio je to? Nemojte mi reći da je.

Novinar zapisuje.

NOVINAR: Dvanaest…

TOM: Je. Do samoga kraja.

Novinar prestaje pisati.

NOVINAR: Kako to mislite dvanaest?

TOM: Kao deset plus dva.

NOVINAR: A vi ste imali, koliko godina?

TOM: Trideset, više, manje.

NOVINAR: Pa, šta ne mislite da je ta vaša veza bila, možda, pomalo ilegalna?

TOM: Ali mi smo voljeli jedno drugo.

IRENE: Koji idiot!

TOM: I alkoholičar, također.

NOVINAR: Čovječe, ona je bila dijete!

TOM: Ja sam je doživljavao kao ženu. Znate šta hoću reći?

NOVINAR: Ne sasvim.

TOM: E pa, bila je poput cvijeta, čeznula je da je netko ubere.

NOVINAR: I Vi ste to napravili?

TOM: Na određen način, da.

IRENE: To je kao ona knjiga.

NOVINAR: Jeste gledali onaj film…

IRENE: «Lolita».

NOVINAR: Mislim da ga je Spielberg napravio.

IRENE: To je bio Kubrick.

NOVINAR: Svejedno. Onda, jeste ga gledali?

TOM: Ne, ali sam čitao knjigu.

NOVINAR: Ima knjiga?

IRENE: Nabokov ju je napisao.

NOVINAR: To ću zabilježiti.

IRENE: I tamo imate tog profesora i on se zaljubi u Lolitu. A ona je još djevojčica.

TOM: To već zvuči poznato.

NOVINAR: Onda, jel bilo nešto poput toga?

TOM: Ne.

TOM: Onda, jel ti se svidjela?

IRENE: Ne baš.

NOVINAR: Ne?

IRENE: Neki dijelovi su dosadni.

NOVINAR: Jeste sigurni?

TOM: Sad je dosta, vrijeđate me.

NOVINAR: Nisam htio. Žao mi je.

TOM: I treba Vam biti. Taj Humbert Humbert tip iz knjige, e pa, on je bio stvarno degutantan. Iskoristio jadnu Lolitu. Ali ja, u drugu ruku, ja sam volio svoj cvijet.

NOVINAR: Aa, sad mi je jasno, to je bilo nešto platonsko?

TOM: U početku.

NOVINAR: A poslije početka?

TOM: Znao sam da ćeš se vratiti.

IRENE: A onaj tip…

TOM: Takozvani novinar?

IRENE: Aha, jel se on vraća?

TOM: Nadam se.

NOVINAR: Recite mi.

TOM: Pa, otkud da počnem?

NOVINAR: Od početka.

IRENE: Stvarno bi ga htjela upoznat.

Novinar odlazi.

TOM: Možemo nešto sredit. To jest, ako se ja ne ubijem u međuvremenu.

Irene se smije.

TOM: Ozbiljan sam.

IRENE: Aha, baš.

TOM: Jesam, Irene.

Irenein osmijeh se zaledi.

TOM: Odi do prozora.

IRENE: Zašto?

TOM: Samo odi.

Irene se približi prozoru.

TOM: Šta vidiš?

IRENE: Ne znam. Vidim klupu.

TOM: To nije to.

IRENE: I neko drveće.

TOM: Ne. Vidiš dvadeset metara. Ova soba dvadeset metara visoko. Dvadeset metara iznad zemlje. Pa sam mislio, ako skočim, pa, postoji mogućnost da ću preživjeti. A to ne želimo. Želimo li?

IRENE: Zašto mi?

TOM : Ok, ja. Ne bi podnio da ostanem živ, totalno polomljen i samo čekam da umrem. To je jedini razlog zašto još nisam skočio.

IRENE: Moj otac je.

MAMA: Ti si baš kao tvoj otac.

Irene kreće prema birtiji.

IRENE: Ne znam zašto, ali je. To je bilo nakon što nas je ostavio. Moja majka je počela piti kad je otišao. Ili je počela piti i on je otišao. Ne znam.

Irene daje Mami piće.

IRENE: Evo.

IRENE: Ali tog dana, pa, tog se dana definitivno napila. I rekla je…

MAMA: Kučkin sin je napokon dobio šta je zaslužio.

Mama iskapi čašu.

IRENE: Nije ni čudo da je otišao.

TOM: Pametna odluka, ja bi rekao.

IRENE: Koja?

Tom ne odgovara.

IRENE: To što je ostavio nas? Ili ovaj svijet?

Irene daje Mami još jedno piće.

IRENE: Evo. Jedna putna.

MAMA: Srce si.

IRENE: Aha, znam.

Irene odlazi…

…do prozora.

IRENE: Nisam bila na sprovodu. Previše sam ga mrzila što nas je ostavio. Pa sam ostala kod kuće.

TOM: Tvoja majka je išla?

IRENE: U svojoj najboljoj haljini. Plavoj, sa žutim cvjetovima.

TOM: Još uvijek ga mrziš?

Irene pogleda Toma.

IRENE: On je ostavio moju majku, ali, na kraju, ja sam napravila isto. Jednog dana samo sam je ostavila.

MAMA: Daj, sjedi malo sa svojom mamicom.

IRENE: Imam posla.

MAMA: Ali nema nikoga.

Irene se vraća i sjedne s njom.

MAMA: Onda, dušo, zašto radiš u ovoj rupi?

IRENE: A šta bi trebala? Bit glumica?

MAMA: Pa, ja sam uvijek govorila da bi bila dobra.

IRENE: Ne seri.

MAMA: Dušo, ovo mjesto nije za tebe.

IRENE: A za tebe je?

TOM: Neću skočiti, Irene.

Mama pokušava uhvatiti svoju kćer za ruku, ali Irene je povuče.

MAMA: Dušo…

IRENE: Gle, sad stvarno moram radit.

Irene odlazi…

…nazad do prozora.

IRENE: Dijete sjedi na klupi. Mala djevojčica. I maše. Ali ne meni. Maše svojoj majci.

MAMA: Daš mi još jednu? Samo jednu. Jednu sitnu.

Par Nina Mitrović

Nina Mitrović est née en 1978 à Slavonski Brod en Croatie.

Diplômée en dramaturgie par l’Académie des Arts de Zagreb, elle a également étudié à l’école du film de Londres. Elle est aujourd’hui auteur dramatique et scénariste pour la radio.

A ce jour, Nina Mitrovic a écrit quatre drames :

Komsiluk Naglavacke (2002)

Kad se mrtvi pokoljemo (2003)

Ovaj krevet je prekratak ili samo fragmenti (2004)

Kolbaba i Brzojavko (2006)

Certains de ses textes ont déjà été publiés en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et en Autriche. Ils ont été montés à Berlin, à New York et à Londres.

Le texte « Ce lit est trop petit… » fait partie de la sélection des sept nouvelles œuvres dramatiques européennes de l’année 2005 par le Theatertreffen Festival de Berlin 2005.

Nina Mitrovic est aussi l’auteur de quelques feuilletons radiophoniques dont certains ont été récompensés par des festivals européens (Prix Europa à Berlin, Prix Italia à Milan).

Jusqu’à présent, ses drames ont été traduits en anglais, slovène et allemand.

Illustrations de la pièce : Elizabeth Saint-Jalmes