III. Fragments de l’histoire d’un enfermement dans les toilettes, d’un cendrier et d’amour

FRAGMENTS DE L’HISTOIRE D’UN ENFERMEMENT DANS LES TOILETTES :

Irène s’est enfermée dans la salle de bain. Elle est assise sur le bord de la baignoire. Pete est devant la porte. Il frappe violemment contre la porte ses poings et, plus tard, ses jambes.

Pete : Irène ! Laisse-moi entrer !

Irène : Va-t-en !

Pete : Irène, je suis désolé.

Irène : Pourquoi ?

Pete : Je sais pas. Mais tu es furieuse contre moi, alors je devrais être désolé.

Irène : Tu devrais l’être.

Pete : Je le suis.

Irène : Non, tu ne l’es pas.

Une toilette d’hôpital. Irène et Tom sont serrés à l’intérieur. Lui fume et tousse systématiquement.

Irène : Tu vas bien ?

Tom : Non, bien sûr que non. Je ne resterais pas là si j’allais bien, pas vrai ?

Irène : Non, je suppose que non.

Tom : Tu supposes ? Tu supposes trop. Es-tu sûre de quelque chose ?

Irène : Je suppose que non.

Pete : Est-ce que tu vas sortir, Irène ?

Tom désigne le paquet de cigarettes.

Tom : Merci de me les avoir apportées.

Irène : Je ne suis pas sure que j’aurais dû faire ça.

Tom : Ça te ressemble bien.

Irène : Quoi ?

Tom : Tu n’es jamais sûre de rien.

Irène : C’est simplement moi.

Tom : Non, c’est parce que tu as peur. Peur de la vie, de faire des erreurs.

Pete : Est-ce que tu vas sortir ?

Irène : Non.

Tom finit sa cigarette, jette le mégot dans les toilettes et en allume tout de suite une autre.

Irène : Tu viens juste d’en finir une.

Tom : T’es sûre ? Laisse-moi te dire une chose, avant d’être ici, j’étais dans un autre hôpital. J’en change comme d’hôtels…

Pete : Irène !

Tom : … et il y a ces enculés avec un cancer de la gorge. Ils ont l’air d’extraterrestres, des tubes tout autour de la tête. Et ils voudraient s’échapper toutes les heures pour se cacher dans la salle de bain et fumer. Eh ben c’est trop tard pour eux d’abandonner maintenant. N’est-ce pas?

Irène : Je suppose que oui.

Tom : Un banc d’extraterrestres fumant. Ça valait le coup d’œil ! Et ils devaient couvrir les trous qu’ils avaient à la gorge, pour que la fumée ne sorte pas.

On frappe à la porte.

Tom : Chut.

Les coups se font plus forts.

Pete : Je sais que tu es là.

L’Infirmière : Je sais que vous êtes là.

Tom : Il n’y a personne ici.

Irène commence à rire.

Tom : Chut ! Elle va nous entendre.

L’infirmière essaie d’entrer. Elle essaie d’ouvrir la porte, mais c’est fermé à clef.

L’Infirmière : Je vais appeler le docteur.

Tom : Dites-lui d’amener ses propres cigarettes.

L’Infirmière : Laissez-moi entrer !

Pete : Laisse-moi entrer, Irène !

Irène reste silencieuse. Pete recommence à frapper à la porte. Irène marche de long en large dans la salle de bain.

Pete : Irène !

Irène : Arrête !

Pete : Non !

Irène : Arrête !

Pete : Laisse-moi entrer !

L’Infirmière : Laissez-moi entrer !

Tom : Il y a à peine assez de place pour nous deux.

Irène : Laisse-la entrer.

L’Infirmière : Je vais appeler le docteur. C’est le dernier avertissement.

Irène ouvre la porte. Pete est debout face à elle.

Pete : Je n’entre pas. Tu n’es pas enceinte, au moins ?

Irène : Je ne le suis pas.

Irène : Je suis enceinte.

Tom : Ne me dis pas qu’il est de moi.

Irène : Non, bien sûr que non.

Silence. Et Tom fume.

Pete : Alors, pourquoi est-ce que tu es folle ?

Irène : Simplement parce que certaines personnes ne prennent pas la responsabilité de leurs actes.

Pete : Ok, c’est un crétin, mais ça n’a rien à voir avec nous.

Irène : Et si j’étais enceinte ?

Pete : Mais tu ne l’es pas.

Irène : Et si je l’étais ?

Pete : Est-ce que tu l’es ?

Tom : Tu le lui as dit ?

Pete : Tu l’es ?

Irène : Non.

Tom : Tu le lui as dit ?

Irène : Je voulais te le dire en premier.

Tom: C’est ça, oui.

Irène: Non. Mais si je l’étais ?

Pete : Je n’y ai jamais pensé.

Irène ferme la porte. Pete s’assoit par terre, adossé contre la porte.

L’Infirmière : Vous devriez avoir honte.

Pete se lève.

Irène ouvre la porte. L’infirmière se tient face à eux. Elle est hors d’elle.

L’Infirmière : Vous devriez avoir honte.

Tom : J’ai honte.

L’Infirmière : Ce n’est pas à vous que je parle. C’est à elle.

Tom : Elle ne fume pas.

L’Infirmière : Comment pouvez-vous ? Laisser fumer un homme avec un cancer des poumons?

Tom : N’oubliez pas ma leucémie.

Irène : Je suis désolée. Ça ne se reproduira plus.

Tom : Ne t’excuse pas Irène.

L’Infirmière : Dehors. Je veux que vous sortiez d’ici.

Irène : Désolée. Je m’en vais.

Irène essaie de partir mais Tom l’en empêche.

Tom : Voyons, Irène, regarde-la. Elle est inoffensive bien qu’elle ait l’air aussi maligne que mes cancers.

Tom souffle la fumée de cigarette dans les yeux de l’infirmière. Elle essaie de lui prendre la cigarette.

L’Infirmière : Et donnez-moi ça.

Tom : Quoi ?

L’Infirmière : Vous le savez très bien.

Tom : Ça ?

Tom envoie à nouveau la fumée dans les yeux de l’infirmière.

Irène : Tom…

L’Infirmière : Donnez-moi ça!

Pete ouvre un paquet.

Tom propose le paquet à l’infirmière.

Tom : Prenez-en une autre, celle-ci est presque finie.

L’Infirmière : C’est celle-là que je veux.

Irène : Tom, donne-lui la cigarette.

Tom : Très bien.

Tom donne la cigarette à l’infirmière. Elle la jette dans les toilettes.

Pete allume une cigarette.

Tom s’est déjà allumé une autre cigarette.

L’Infirmière : Donnez-la moi !

Tom : Je viens de vous en donner une. Et vous les jetez.

L’Infirmière : Où est-ce que vous les avez eues?

Irène : C’est moi qui les ai amenées.

L’Infirmière : Pourquoi vous ne lui avez pas apporté un pistolet à la place ?

Tom : Ce n’est pas ce que j’ai demandé. Mais ce n’est pas une mauvaise idée, pas mauvaise du tout. Irène, pourras-tu m’amener un pistolet la prochaine fois que tu viendras, afin que je puisse tuer cette adorable dame ?

Irène : Je le ferai.

Tom : Bien, c’est réglé maintenant.

FRAGMENTS D’UN CENDRIER :

Le bar. L’infirmière et le docteur sont assis à la même table. Il a un bandage autour du front. Irène et Sheila sont au bar, elles travaillent et regardent le couple.

L’Infirmière : Il m’a encore appelée.

Le Docteur : Qui ?

L’Infirmière : Cet homme.

Le Docteur : L’homme aux jonquilles ?

L’Infirmière : Ouais. Il fait ça, il décroche simplement le téléphone, compose un numéro, et, bon, si la voix lui plaît, il commence à parler.

Le Docteur : C’est un malade.

Sheila regarde le docteur. À un certain moment, il va la regarder et elle va lui sourire.

Sheila : Il est bien.

Irène : Je ne l’aime pas.

Sheila : Non, il est bien au lit.

Irène : Oh, ne me dis pas que…

Sheila : Je viens juste. La semaine dernière, il est venu avec elle. Et ils se sont disputés. Elle est partie, et sur son chemin, elle lui a envoyé un cendrier en plein front. Et c’est là que j’arrive dans l’histoire.

L’Infirmière : Ça fait mal ?

Le Docteur : Plus du tout.

L’Infirmière : Je suis désolée.

Le Docteur : Je suis sûr que tu l’es.

L’Infirmière : Je le suis.

L’infirmière essaie de lui toucher le front, mais le docteur recule.

L’Infirmière : Qu’est-ce que tu as dit à ta femme ?

Le Docteur : Je lui ai dit qu’un patient timbré m’a jeté un cendrier sur le front.

L’Infirmière : Alors tu as menti ?

Le Docteur : Vraiment ?

Irène fait des cafés. Sheila est bien plus occupée à observer le couple.

Sheila : …et c’était presque l’heure de la fermeture, tout le monde était déjà parti, et, tu sais comment ça se passe…verre après verre, on est devenus complètement saouls. Il a dormi chez moi.

Irène : Dans ton lit ?

Sheila : Et bien, je n’en ai qu’un seul, et il est assez grand pour deux.

L’Infirmière : Et je lui ai dit que j’étais avec quelqu’un.

Le Docteur : Tu as parlé de moi à ce putain d’étranger ?

L’Infirmière : Et je lui ai dit que cet homme ne m’aimait pas. Ou du moins, qu’il ne me comprenait pas.

Le Docteur : C’est encore à propos de Lisa ?

Irène : Il est marié.

Sheila : Pas avec elle.

Irène : Tu devrais trouver quelqu’un qui n’est pas marié.

Sheila : Quelqu’un comme Pete ?

Irène se tourne vers Sheila.

Irène : Qu’est-ce que ça veut dire ?

Le cappuccino déborde de la cafetière.

Sheila : Irène, le café… Oh, putain !

Irène : Je vais le nettoyer.

Irène nettoie la machine à café.

Irène : Tu n’as pas répondu.

Le Docteur : Quelle était la question ?

L’Infirmière : Va te faire foutre !

Irène : Va te faire foutre !

Sheila : Ne t’excite pas comme ça sur moi. Je dis seulement ce que je pense.

Le Docteur : Tu veux que je mente ?

L’Infirmière : Je veux que tu décides, une fois pour toute.

Sheila : Je veux juste baiser. Je ne veux pas m’engager avec n’importe quel abruti.

Irène : Un abruti comme Pete ?

Sheila : C’est toi qui l’as dit, pas moi. Ecoute, Irène, est-ce que tu es heureuse ?

L’Infirmière : Je ne suis pas heureuse.

Sheila : Est-ce que tu l’es ?

Irène : Je suppose que oui.

Sheila : Alors, moi aussi je le suis. J’ai tout ce dont j’ai besoin. Un boulot fixe, un appartement que je loue, et un mec, presque chaque nuit.

L’Infirmière : Qu’est-ce que tu fais de l’amour ?

Sheila : Qu’est-ce que tu dis de ça ?

L’infirmière envoie un cendrier sur le front du docteur. Les filles commencent à rire. L’infirmière jette un peu d’argent sur la table et quitte le bar. Sheila se dirige vers le docteur.

FRAGMENTS D’AMOUR :

Devant l’hôpital. Quelques bancs, des arbres, mais, rien n’y fait, ça ne ressemble quand même pas à un parc. Tom et Irène se promènent. Tom fume, évidemment.

Tom : Tu l’aimes ?

Irène marche jusqu’au salon et s’assoit sur le canapé. Pete déballe un téléviseur. Il est tout neuf.

Pete : Tu l’aimes ?

Tom : Tu l’aimes ?

Irène : (À Tom) Bien sûr, que je l’aime. (À Pete) Tu l’as payé combien ?

Pete : Pourquoi ? Tu ne l’aimes pas ?

Irène : On n’a pas payé le loyer, Pete.

Pete : Et alors ?

Irène : Alors, on doit le payer.

Pete : On le fera.

Irène : Quand ?

Tom : Est-ce que tu penses à ça ? Tu te poses la question ?

Irène : (À Tom) Parfois, oui. (À Pete) Quand ?

Pete : Regarde, il y a un écran plat.

Irène : Ouais. Quand ?

Pete : Bientôt.

Irène : Bientôt, ce n’est pas assez bien.

Pete : Irène…

Irène : Quoi ?

Pete : Tais-toi, s’il-te-plait.

Tom : Tu te poses la question ?

Irène : Parfois.

Tom : Alors tu ne l’aimes pas. Crois-moi. Quand tu commences à te poser cette question, c’est que c’est fini. C’est le moment idéal pour faire tes affaires et partir.

Pete : Ferme ta gueule putain !

Tom : Partir et ne plus jamais revenir.

Irène : Je ne suis pas d’accord. Vraiment pas.

Irène : (À Pete) Il faut qu’on le paye.

Tom s’assoit sur le banc.

Tom : Laisse-moi te dire une chose. J’ai été marié. Pendant une putain de longue éternité. J’aurais dû la quitter. J’aurais dû le faire dès la deuxième année. On se détestait l’un et l’autre.

Irène : Il faut qu’on le paye.

Pete se tourne vers Irène.

Pete : Écoute, la vie ce n’est pas que payer des putains de factures, tu sais ?

Irène : Ce n’est pas non plus seulement baiser, tu sais ?

Pete : Ça devrait.

Irène : Mais ça ne l’est pas.

Pete se retourne vers la télévision. Il règle les chaines.

Pete : Ça l’était avant.

Irène : Avant je vivais chez ma mère. Et on faisait l’amour dans ta voiture.

Pete : Maintenant, on ne le fait plus du tout.

Irène : Eh bien, maintenant tu n’as plus de voiture.

Pete : Ouais, j’ai dû la vendre.

Irène : Ne me reproche pas ça.

Pete : Non. Je dis juste que je ne l’ai plus. Pourquoi ? Parce qu’on avait besoin d’argent pour payer ce putain de loyer !

Irène : C’était ton idée. Et maintenant je travaille.

Pete : Dans ce bar de merde.

Irène : Au moins, je travaille.

Pete : Sympa. C’est juste sympa.

Irène : Ce n’est pas ce que je pensais. Pardon.

Irène part…

Pete : Vraiment sympa. Ouais, c’est ma faute si j’ai été viré. Et, ouais, j’en suis très content. Putain, j’en suis vraiment trop content.

Irène : Je suis désolée.

… et s’assoit à côté de Tom.

Tom : Et puis, au final, ma femme m’a quitté. Et elle n’est jamais revenue.

Irène : Jamais ?

Tom : Eh bien, comment aurait-elle pu ? Elle est morte.

Irène : Je suis désolée.

Pete : Trop content putain.

Irène : Je suis désolée.

Tom : Ne le sois pas. C’est mieux comme ça pour nous deux. Nous n’étions pas faits l’un pour l’autre. Mais, il y avait une femme…

Irène : Juste une ?

Tom commence à tousser.

Irène : Tu veux qu’on aille à l’intérieur ?

Tom : Non.

Irène : Sûr ?

Tom : Je l’ai rencontrée dans un bar, ma femme. Eh bien, où d’autre peux-tu rencontrer ta meilleure moitié ?

Irène : J’ai rencontré Pete à la gare.

Tom : C’est drôle. Parce que tu travailles dans un bar.

Pete branche la télévision.

Pete : Dans ce bar de merde.

Irène : C’est un café. A l’époque, j’étais à l’université. J’étudiais la littérature.

Tom : C’est ce que je voulais étudier. Mais après, eh bien, j’ai obtenu cette énorme bourse en chimie, et alors c’était décidé : la chimie. Première erreur. Alors, t’as eu des diplômes ?

Irène : Non. J’ai commencé à travailler et j’ai quitté l’université.

Tom : Travailler, ouais. J’ai travaillé partout dans le Monde, tu le sais ?

Irène : Tu ne m’as pas dit que tu as travaillé dans un laboratoire.

Tom : Oui, mais j’ai aussi beaucoup voyagé. Et au départ, je partais avec ma femme, Carol, c’était son nom, j’avais l’habitude de l’emmener avec moi. Ou alors, j’allais quelque-part et elle venait une semaine ou deux. C’était comme ça. C’était bien, au début. Et après…

Pete ne trouve aucune chaine. Irène est debout face à lui.

Pete : Putain !

Irène : Quoi ?

Pete : Rien.

Irène : Regarde le mode d’emploi. C’est fait pour ça. Pour que tu puisses le lire et savoir quoi faire.

Tom : …et après, j’ai arrêté de l’emmener avec moi. C’était juste après avoir arrêté de lui parler. Et elle a fait la même chose avec moi. Vice et versa. Et donc, je partais et elle restait à la maison. Notre vie est devenue deux vies séparées.

Pete regarde Irène.

Irène : Quoi ?

Pete : Rien.

Irène se retourne…

…vers Tom.

Tom : Deux vies séparées. Et c’était bien. Ça l’était.

Irène : La femme dont tu as parlé…

Tom : Ma deuxième erreur.

Tom finit une cigarette et en cherche immédiatement une autre.

Irène : Oh, arrête !

Pete : Quoi ? Quoi encore ?

Pete allume une cigarette.

Irène prend la cigarette de la bouche de Tom et la jette au sol. Tom sourit.

Tom : Je l’ai rencontrée en Russie. Elle s’appelait Vera, mais je l’appelais Verochka. Elle aimait ça. Et j’ai rencontré Verochka, bon, devine où.

Irène : Dans un bar.

Tom : Non, dans une église. La première chose que j’ai vu d’elle, ce sont ses mains. De très petites mains, un peu comme les tiennes. Et, instinctivement, j’ai enlevé mon alliance. Mon alliance, je l’ai simplement retirée et mise dans ma poche. Elle ne savait pas que j’étais marié. Et, elle voulait, eh bien, elle voulait ce que toutes les femmes veulent. Mais j’avais peur de le lui donner. Peur de quitter ma femme, même s’il n’y avait déjà plus d’amour. Alors, je ne lui ai jamais dit que j’étais marié. Mais je lui ai dit que je reviendrai.

Irène : Mais tu ne l’as pas fait ?

Tom : En réalité, je l’ai fait. Mais c’était trop tard. J’avais deux ans de retard. Et, à ce moment, elle était déjà mariée. J’étais prêt à quitter ma femme et à vivre avec elle dans ce grand pays de la vodka, mais elle avait déjà un fils. Alors, je l’ai perdue. Et elle n’a pas caché son alliance quand je l’ai revue. En fait, elle en était fière. Fière. Et je… Je ne pouvais simplement plus regarder ces petites mains, plus jamais. Et mon alliance, elle est restée là, dans ma poche.

Tom sort l’alliance de sa poche.

Tom : La voilà.

Irène : Peut-être qu’elle ne t’aimait pas assez.

Tom : Elle m’aimait. C’était moi. J’avais trop peur. Peur de la vie. Maintenant, je sais que la seule chose qu’on ne doit jamais faire dans la vie, c’est avoir peur.<

Irène : Tu le regrettes aujourd’hui ?

Tom : Pas seulement aujourd’hui, toute ma vie.

Irène : Tu penses que je devrais quitter Pete ?

Finalement, Pete trouve une chaine. Il va vers le canapé et s’assoit. Irène vient et s’assoit aussi sur le canapé. Ils regardent la télévision un instant.

Pete : Je sais pourquoi tu es ici. Juste pour être loin d’elle. Tu fuis une emmerde pour en trouver une autre.

Irène : Tu n’es pas juste.

Pete : La vie ne l’est jamais.

Ils regardent la télévision. Silence entre eux.

Tom vient vers Irène.

Tom : Donne-moi ta main.

Tom prend sa main.

Tom : Veux-tu m’épouser ?

Irène : J’ai cru que tu ne le demanderais jamais.

Tom met l’alliance au doigt d’Irène. Elle la regarde.

Irène : Elle est en or ?

Tom : Pourquoi ? Tu veux la vendre ?

Irène : Ben, j’ai besoin d’argent pour le loyer.

Irène : On n’a pas payé le loyer.

Pete : Et alors ?

Irène : Alors on doit le payer.

Pete : La vie ce n’est pas que payer des putains de factures, tu sais ?

Pete change de chaine. Irène se lève et va…

…vers Tom.

Tom : Tu peux venir vivre avec moi.

Irène : Je devrais le faire.

Tom : Mais avant il faudrait que tu tombes malade.

Irène : Ou alors, tu devrais aller mieux.

Tom : D’accord.

Irène enlève l’alliance.

Irène : Tiens.

Tom : Non, prend-la. Je suis allergique à l’or.

Irène : C’est vrai ?

Tom : Non, seulement aux alliances.

Irène met l’alliance dans sa poche.

Traduit par Sara Perrin

FRAGMENTI PRIČE ZAKLJUČANIH U WC-U:

Irene se zaključala u kupaonicu. Sjedi na rubu kade. Pete je na vratima. Lupa po njima šakama, a kasnije i nogama.

PETE: Irene! Pusti me unutra!

IRENE: Odlazi!

PETE: Irene, žao mi je.

IRENE: Zbog čega?

PETE: Ne znam. Ali si ljuta na mene pa mi treba bit žao.

IRENE: Treba ti bit.

PETE: I je.

IRENE: Ne, nije.

Bolnički WC-e. Irene i Tom se stišću u njemu. Tom simultano puši i kašlje.

IRENE: Jesi ok?

TOM: Ne, naravno da nisam. Ne bi bio ovdje da sam ok, zar ne?

IRENE: Ne, pretpostavljam da ne bi.

TOM: Pretpostavljaš? Ti previše pretpostavljaš. Jesi u išta sigurna?

IRENE: Pretpostavljam da ne.

PETE: Oćeš izać, Irene?

Tom pokazuje na cigarete.

TOM: Hvala što si ih donijela.

IRENE: Nisam sigurna da sam to trebala napravit.

TOM: Tako tipično za tebe.

IRENE: Šta?

TOM: Nikad nisi ni u šta sigurna.

IRENE: To sam samo ja.

TOM: Ne, to se ti bojiš. Bojiš se života, da ćeš pogriješiti.

PETE: Oćeš izać?

IRENE: Ne.

Tom popuši cigaretu, opušak baci u zahod i istoga trena zapali drugu.

IRENE: Sad si popušio jednu.

TOM: Jesi sigurna? Da ti kažem, prije nego što sam dospio ovdje, bio sam u jednoj drugoj bolnici, mijenjam ih ko hotele…

PETE: Irene!

TOM: … i tamo su bili ti pušioničari s rakom grla, izgledaju ko vanzemaljci, puni antena, po cijeloj glavi. I oni bi se išuljali van svakih sat vremena, sakrili se u kupaonicu i pušili. Pa, sad im je prekasno da prestanu. Šta nije?

IRENE: Pretpostavljam da je.

TOM: Hrpa vanzemaljaca puši. To je bio prizor za umrijeti. I morali su prekriti svoje rupe, ovdje, na vratu, tako da im dim ne bi izlazio van.

Kucanje na vratima.

TOM: Pst.

Kucanje postaje jače.

PETE: Znam da si unutra.

SESTRA: Znam da ste unutra.

TOM: Unutra nema nikoga.

Irene se počne smijati.

TOM: Pst! Čut će nas.

Sestra pokušava ući, pokušava otvoriti vrata, ali su zaključana.

SESTRA: Zvat ću doktora.

TOM: Recite mu da donese svoje cigarete.

SESTRA: Pustite me unutra!

PETE: Pusti me unutra, Irene!

Irene ne odgovara. Pete počne ponovno lupati. Irene hoda u krug po kupaonici.

PETE: Irene!

IRENE: Prestani!

PETE: Neću!

IRENE: Prestani!

PETE: Pusti me unutra!

SESTRA: Pustite me unutra!

TOM: Ovdje jedva ima mjesta za nas dvoje.

IRENE: Pusti je.

SESTRA: Zovem doktora. Posljednje upozorenje.

Irene otvori vrata. Pred njom stoji Pete.

PETE: Ne kužim. Pa nisi ti trudna.

IRENE: Nisam.

IRENE: Trudna sam.

TOM: Nemoj mi reći da je moje?

IRENE: Ne, naravno da nije.

Tišina. I Tom puši.

PETE: Dobro, zašto si ljuta?

IRENE: Zato jer neki ljudi jednostavno ne preuzimaju odgovornost za svoja djela.

PETE: Ok, on je kreten, ali to nema nikakve veze s nama.

IRENE: A šta da sam ja trudna?

PETE: Ali nisi.

IRENE: Šta da jesam?

PETE: Jesi li?

TOM: Jesi mu rekla?

PETE: Jesi li?

IRENE: Nisam.

TOM: Jesi mu rekla?

IRENE: Htjela sam prvo tebi reći.

TOM: Pošteno.

IRENE: Nisam. Ali šta da jesam?

PETE: Nisam o tome razmišljao.

Irene zatvori vrata. Pete sjedne na pod, oslonjen o vrata.

SESTRA: Treba Vas biti sram.

Pete ustane.

Irene otvori vrata. Sestra stoji ispred njih. Raspižđena je.

SESTRA: Treba Vas biti sram.

TOM: I je.

SESTRA: Ne govorim Vama, govorim njoj.

TOM: Ona ne puši.

SESTRA: Kako se usuđujete? Dajete mu da puši, a čovjek ima rak pluća.

TOM: Ne zaboravite moju leukemiju.

IRENE: Žao mi je. Neće se ponoviti.

TOM: Ne ispričavaj se, Irene.

SESTRA: Van. Želim da odete van odavdje.

IRENE: Sori. Idem.

Irene pokušava otići, ali je Tom ne pušta.

TOM: Irene, daj, pogledaj je, benigna je, iako izgleda jednako maliciozno kao i moji rakovi.

Tom ispuše dim Sestri u oči. Ona mu pokušava oduzeti cigaretu.

SESTRA: I dajte mi to.

TOM: Šta?

SESTRA: Znate Vi dobro šta.

TOM: Ovo?

Tom joj ponovne ispuhne dim u oči.

IRENE: Tom…

SESTRA: Dajte mi to.

Pete otvara kutiju.

Tom ponudi kutiju Sestri.

TOM: Uzmite drugu, ova ovdje je skoro gotova.

SESTRA: Hoću tu.

IRENE: Tom, daj joj cigaretu.

TOM: Dobro.

Tom daje Sestri cigaretu. Ona je baca u WC-e.

Pete pali cigaretu.

Tom je već zapalio drugu cigaretu.

SESTRA: Dajte!

TOM: Upravo sam Vam dao jednu. A vi ih bacate.

SESTRA: Otkud Vam to?

IRENE: Ja sam ih donijela.

SESTRA: Zašto mu niste donijeli pištolj umjesto toga?

TOM: Nisam ga tražio. Ali nije loša ideja, uopće nije loša. Irene, hoćeš mi donijeti pištolj sljedeći put kad dođeš tako da mogu upucati ovu divnu damu?

IRENE: Hoću.

TOM: Eto, i to je riješeno.

FRAGMENTI PEPELJARE:

Birtija. Sestra i Doktor sjede za istim stolom. On ima zavoj preko čela. Irene i Sheila su za šankom. Rade i promatraju par.

SESTRA: Zvao me opet.

DOKTOR: Ko?

SESTRA: Onaj čovjek.

DOKTOR: Čovjek suncokret?

SESTRA: Aha. On to radi, samo podigne slušalicu, okrene broj i, pa, ako mu se svidi glas, počne pričati.

DOKTOR: On je bolestan.

Sheila gleda u Doktora. On će u jednom trenutku pogledati u nju, a ona će mu se nasmiješiti.

SHEILA: Dobar je on.

IRENE: Meni se ne sviđa.

SHEILA: Ne, dobar je u krevetu.

IRENE: Ne, nemoj mi reći…

SHEILA: Upravo jesam. Prošli tjedan je došao s njom. I posvađali su se. Ona je otišla i na odlasku je razbila pepeljaru posred njegovog čela. I tu ja upadam u priču.

SESTRA: Jel boli?

DOKTOR: Ne više.

SESTRA: Žao mi je.

DOKTOR: Siguran sam da je.

SESTRA: Je.

Sestra mu pokuša dodirnuti čelo, ali se on povuče.

SESTRA: Šta si rekao svojoj ženi?

DOKTOR: Rekao sam joj da je neki ludi pacijent slomio pepeljaru na mom čelu.

SESTRA: Znači, lagao si.

DOKTOR: Jesam li?

Irena radi kave. Sheila je više zaokupljena promatranjem para.

SHEILA: … i bilo je skoro vrijeme zatvaranja, svi su već bili otišli, i znaš kako to ide, cuga na cugu, totalno smo se napili. Spavao je kod mene.

IRENE: U tvom krevetu?

SHEILA: Pa imam samo jedan, ali dovoljno velik za dvoje.

SESTRA: I rekla sam mu da se viđam s nekim.

DOKTOR: Ti si razgovarala s jebenim strancem o meni?

SESTRA: I rekla sam mu da me taj čovjek ne voli. Ili da me, u najmanju ruku, ne razumije.

DOKTOR: Jel ovo opet o Lisi?

IRENE: Oženjen je.

SHEILA: Ne za nju.

IRENE: Trebala bi si naći nekog ko nije oženjen.

SHEILA: Nekoga kao Pete?

Irene se okrene prema Sheili.

IRENE: Šta to treba značit?

Cappuccino se razlije po aparatu za kavu.

SHEILA: Irene, kava…. A, jebiga!

IRENE: Ja ću to očistit.

Irene čisti aparat za kavu.

IRENE: Nisi odgovorila.

DOKTOR: Koje je bilo pitanje?

SESTRA: Jebi se!

IRENE: Jebi se!

SHEILA: Nemoj tolko pizdit na mene. Ja sam samo rekla šta mislim.

DOKTOR: Želiš da lažem?

SESTRA: Želim da odlučiš, jednom zauvjek.

SHEILA: Ja se samo želim jebat. Ne želim se spetljati s nekim idiotom…

IRENE: Idiotom kao Pete?

SHEILA: To si ti rekla, ne ja. Gle, Irene, jesi sretna?

SESTRA: Nisam sretna.

SHEILA: Jesi?

IRENE: Pretpostavljam da jesam.

SHEILA: E pa, i ja sam. Imam sve šta trebam. Posao, siguran, stan, iznajmljen i tipa, skoro svaku noć.

SESTRA: A ljubav?

SHEILA: A šta s njom?

Sestra razbije pepeljaru posred Doktorovog čela. Djevojke se počnu smijati. Sestra baci nešto novaca na stol pa napusti birtiju. Sheila kreće prema Doktoru.

FRAGMENTI LJUBAVI:

Ispred bolnice. Nekoliko klupa, nešto drveća, ali svejedno, to još uvijek ne liči na park. Tom i Irene šeću okolo. On puši, naravno.

TOM: Voliš ga?

Irene uđe u dnevni boravak. Sjedne na kauč. Pete raspakirava televizor. Potpuno nov.

PETE: Sviđa ti se?

TOM: Voliš ga?

IRENE (Tomu): Naravno da da. (Peteu) Kolko je košto?

PETE: Šta, ne sviđa ti se?

IRENE: Nismo platili stanarinu, Pete.

PETE: Pa šta?

IRENE: Pa moramo je platiti.

PETE: Hoćemo.

IRENE: Kad?

TOM: Razmišljaš o tome, pitaš se?

IRENE (Tomu): Ponekad, da. (Peteu) Kad?

PETE: Gle, ima ravni ekran.

IRENE: Aha. Kad?

PETE: Uskoro.

IRENE: Uskoro nije dovoljno dobro.

PETE: Irene…

IRENE: Šta?

PETE: Samo začepi, molim te.

TOM: Pitaš li se?

IRENE: Ponekad.

TOM: Onda ga ne voliš. Vjeruj mi. Kad se to počneš pitati, tad je gotovo. To je savršen trenutak da spakiraš svoje stvari i odeš.

PETE: Samo jebeno začepi!

TOM: Da odeš i nikad se ne vratiš.

IRENE: Ne slažem se, zapravo.

IRENE: (Peteu) Moramo je platiti.

Tom sjedi na klupi.

TOM: Da ti kažem nešto. Ja sam bio oženjen. Čitavu jebenu vječnost. A trebao sam je ostaviti. Trebao samo to napraviti nakon naše druge godine. Mrzili smo jedno drugo iz dna duše.

IRENE: Moramo je platiti.

Pete se okrene prema Irene.

PETE: Gle, život nije samo plaćanje jebenih računa, znaš?

IRENE: Nije ni samo jebanje, znaš?

PETE: Trebalo bi biti.

IRENE: Ali nije.

Pete se ponovno okreće prema TV-u i programira kanale.

PETE: Prije je bilo.

IRENE: Prije sam živjela kod mame. I seksali smo se u tvom autu.

PETE: Više to ne radimo.

IRENE: E pa, ti više nemaš auto.

PETE: Aha, moro sam ga prodat.

IRENE: Nemoj mene krivit za to.

PETE: Neću. Samo kažem da ga više nemam. Zašto? Jer nam je trebala lova za jebenu stanarinu!

IRENE: To je bila tvoja ideja! A i ja sad radim.

PETE: U onoj jebenoj birtiji.

IRENE: Ja barem radim.

PETE: Super. Stvarno super.

IRENE: Nisam tako mislila. Sori.

Irene krene…

PETE: Ne, ta ti je super, Irene. Aha, ja sam kriv što su me otpustili. I, aha, sretan sam zbog toga. Tako sam jebeno sretan.

IRENE: Sori.

…i sjedne pored Toma.

TOM: I na kraju, moja žena je ostavila mene. I neće se vraćati.

IRENE: Neće?

TOM: Pa kako će? Mrtva je.

IRENE: Žao mi je.

PETE: Tako jebeno sretan.

IRENE: Žao mi je.

TOM: Ne treba ti biti. Tako je bolje za oboje. Nismo bili stvoreni jedno za drugo. Ali bila je jedna žena…

IRENE: Samo jedna?

Tom počne kašljati.

IRENE: Želiš da odemo unutra?

TOM: Ne.

IRENE: Sigurno?

TOM: Upoznao sam je u birtiji, mislim, svoju ženu. Zapravo, gdje drugdje možeš upoznati svoju bolju polovicu?

IRENE: Ja sam Petea upoznala na autobusnoj stanici.

TOM: Čudno, mislim, ti ipak radiš u birtiji.

Pete ukopčava TV-e.

PETE: U onoj jebenoj birtiji.

IRENE: To je kafić. I u to vrijeme sam bila na fakultetu, studirala sam književnost.

TOM: To sam ja htio studirati. Ali onda, eto, dobio sam tu stvarno veliku stipendiju za kemiju i to je bilo to - kemija. Prva greška. I, jesi diplomirala?

IRENE: Ne. Počela sam raditi i ostavila fakultet.

TOM: Posao, da. Ja sam radio po cijelom svijetu, znaš?

IRENE: Šta nisi rekao da si radio u laboratoriju?

TOM: Da, ali sam i puno putovao. I na početku sam vodio svoju ženu, Carol, tako se zvala, vodio sam je sa sobom. Ili bi ja negdje otišao, a ona bi došla za tjedan ili dva. Tako je bilo. Bilo je dobro, na početku. A onda…

Pete ne može pronaći kanale. Irene stoji nad njim.

PETE: Da ti jebem!

IRENE: Šta?

PETE: Ništa.

IRENE: Pogledaj uputstva. Zato i postoje, da bi ih ti mogao pogledati i znati šta da radiš.

TOM: …a onda, samo sam je prestao voditi sa sobom. To je bilo nakon što sam prestao razgovarati s njom. I ona je napravila istu stvar. Vice versa. I tako, ja bi otišao, a ona bi ostala kod kuće. Naš život je postao dva odvojena života.

Pete pogleda Irene.

IRENE: Šta?

PETE: Ništa.

Irene odlazi nazad…

…prema Tomu

TOM: Dva odvojena života. I to je bilo u redu. Bilo je.

IRENE: Žena koju si spomenuo…

TOM: Moja druga greška.

Tom ugasi cigaretu i odmah posegne za drugom.

IRENE: Daj, prestani!

PETE: Šta? Šta sad?

Pete zapali cigaretu.

Irene izvadi cigaretu iz Tomovih usta i baci je na pod. Tom se nasmiješi.

TOM: Upoznao sam je u Rusiji. Vera joj je bilo ime, ali ja sam je zvao Veročka. Voljela je to. A upoznao sam Veročku, pa, pogodi gdje.

IRENE: U birtiji?

TOM: Ne, u crkvi. Prvo što sam na njoj ugledao, bile su njene ruke, jako male ruke, nešto kao tvoje. I instinktivno sam skinuo svoj prsten. Svoj vjenčani prsten. Samo sam ga skinuo i stavio u džep. Nije znala da sam oženjen. A željela je, pa, željela je ono što svaka žena želi. Ali ja sam se previše bojao da joj to dam. Bojao sam se ostaviti svoju ženu, iako ljubavi već tad nije bilo. I tako joj nikad nisam rekao da sam oženjen. A rekao sam joj da ću se vratiti.

IRENE: Ali nisi?

TOM: Zapravo, jesam. Ali sam zakasnio. Zakasnio sam dvije godine. I ona je tad već bila udana. Bio sam spreman ostaviti svoju ženu i živjeti s njom u toj velikoj vodka zemlji, ali ona je već imala sina. I tako sam je izgubio. I ona nije skrivala svoj prsten kad sam je vidio taj put. U stvari, bila je ponosna na njega. Ponosna. A ja… Ja jednostavno nisam mogao gledati te male ruke, ne više. A moj prsten, pa, ostao je tamo, u džepu.

Tom iz džepa izvadi vjenčani prsten.

TOM: Evo ga.

IRENE: Možda te nije dovoljno voljela.

TOM: Je. Ja sam bio taj. Previše sam se bojao. Bojao života. Sad, znam da jedina stvar, koju ne trebaš raditi u svom životu, je bojati se.

IRENE: Žališ za tim sad?

TOM: Ne samo sad, cijeli svoj život.

IRENE: Misliš da bi trebala ostaviti Petea?

Pete napokon pronalazi kanal. Ide do kauča. Sjedne. Irene dolazi i sjeda na kauč. Neko vrijeme gledaju TV-e.

PETE: Znam zašto si ovdje. Samo da budeš što dalje od nje. Pobjegla si od jednog sranja i uvalila se u drugo.

IRENE: Nisi fer.

PETE: Život nikad nije.

Gledaju TV-e. Među njima tišina.

Tom dolazi do Irene.

TOM: Daj mi svoju ruku.

Tom uzima njezinu ruku.

TOM: Hoćeš se udati za mene?

IRENE: Mislila sam da me nikad nećeš pitati.

Tom joj stavlja prsten na prst. Ona ga promatra.

IRENE: Jel od zlata?

TOM: Zašto, želiš ga prodati?

IRENE: Pa sad, treba mi lova za stanarinu.

IRENE: Nismo platili stanarinu.

PETE: Pa šta?

IRENE: Pa moramo je platiti.

PETE: Život nije samo plaćanje jebenih računa, znaš?

Pete mijenja programe. Irene ustaje i odlazi…

…do Toma.

TOM: Možeš se useliti kod mene.

IRENE: Trebala bi to napraviti.

TOM: Ali, prvo se moraš razboljeti.

IRENE: Ili ti moraš ozdraviti.

TOM: Napraviću to.

Irene skine prsten.

IRENE: Evo.

TOM: Ne, ti ga uzmi. Ja sam alergičan na zlato.

IRENE: Jesi?

TOM: Ne, samo na vjenčano prstenje.

Irene spremi prsten u svoj džep.

Par Nina Mitrović

Nina Mitrović est née en 1978 à Slavonski Brod en Croatie.

Diplômée en dramaturgie par l’Académie des Arts de Zagreb, elle a également étudié à l’école du film de Londres. Elle est aujourd’hui auteur dramatique et scénariste pour la radio.

À ce jour, Nina Mitrović a écrit quatre drames :

Komsiluk Naglavacke (2002)

Kad se mrtvi pokoljemo (2003)

Ovaj krevet je prekratak ili samo fragmenti (2004)

Kolbaba i Brzojavko (2006)

Certains de ses textes ont déjà été publiés en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et en Autriche. Ils ont été montés à Berlin, à New York et à Londres.

Le texte « Ce lit est trop petit… » fait partie de la sélection des sept nouvelles œuvres dramatiques européennes de l’année 2005 par le Theatertreffen Festival de Berlin 2005.