II. Fragments de la bonne entente entre Pete et maman, de l’histoire de notre Seigneur, d’une histoire de chaussure, d’un cliché docteur-infirmière

FRAGMENTS DE LA BONNE ENTENTE ENTRE PETE ET MAMAN :

Le bar. Maman est assise à une table. Elle boit. Seule, bien sûr. Pete entre et va droit vers Irène.

Pete : Elle est quand ta pause ?

Irène : Dans une heure.

Pete : Prends-la maintenant.

Irène : Je ne peux pas.

Pete : J’ai un peu d’argent. Pars et viens déjeuner.

Irène : Je ne peux pas.

Maman pose violemment son verre vide sur la table.

Maman : Irène !

Pete se retourne.

Pete : Qu’est-ce qu’elle veut, putain !

Irène : Laisse-la tranquille. Elle est saoule.

Pete : C’est ce que je vois.

Maman : Irène !

Pete : Quelqu’un devrait la foutre dehors.

Irène : Pete…

Maman : Irène, mon trésor !

Irène : Ça fait quatre heures qu’elle est là.

Pete se dirige vers la table de Maman.

Irène : Où est-ce que tu vas ?

Pete : Peut-être qu’elle veut déjeuner avec moi.

Pete va à la table de Maman et montre la chaise du doigt.

Pete : Je peux ?

Maman ne prend pas la peine de relever la tête. Pete s’assoit, sort des cigarettes et un briquet de sa poche et les pose sur la table.

Pete : Vous vous souvenez de moi ?

Maman regarde Pete et prend ensuite une de ses cigarettes.

Pete : Servez-vous. Et ouais, je suis Pete. Ouais, c’est ça, celui avec qui vit Irène. Depuis trois ans.

Maman : T’as de l’argent ?

Pete : Irène, donne-nous à boire !

Maman : Elle ne devrait pas travailler ici.

Pete : C’est ce que je lui dis tout le temps.

Irène vient avec les boissons.

Pete : Sers-nous des doubles!

Irène : Beurk.

Irène retourne derrière le comptoir.

Maman essaie d’allumer une cigarette, mais en vain. Pete l’allume pour elle.

Maman : Elle devrait trouver quelque chose…

Maman commence à tousser. Irène amène les boissons.

Pete : Ta maman et moi étions entrain de parler de toi, et on est tombés d’accord, tu pourrais trouver un autre boulot.

Irène : Ah, et vous allez m’en trouver un ?

Pete : Ben, je pourrais le faire.

Maman vide son brandy.

Pete : Allez Irène, sers-nous en encore un peu, si ce n’est pas un problème pour toi.

Irène : En fait, c’en est un.

Pete : Viens ici.

Irène : Quoi ?

Pete attrape la main d’Irène et la dirige vers lui. Il l’embrasse. Maman vide aussi le verre de Pete. Irène prend les verres vides et retourne derrière le comptoir.

Maman : Ouais, elle devrait trouver un travail décent. Elle est cultivée. C’est vrai, d’accord, elle a pas fini cette fac débile… Qu’est-ce qu’elle étudiait, qu’est ce que c’était…

Pete : Littérature.

Maman : Ouais, cette merde, ben, elle l’a pas finie, mais quand même, elle est cultivée. Et elle devrait trouver quelque chose de mieux. Un travail décent. Elle devrait, vous savez.

Pete : Je suis d’accord.

Maman : Et un mec bien aussi.

Pete : Qu’est-ce que t’es en train de dire bordel? Elle m’a moi.

Maman : Ouais, j’avais oublié.

Pete : Maintenant oublie toute cette putain d’idée, d’accord ?

Maman : D’accord.

Pete : Bien.

Maman : Elle devrait penser à l’avenir. Et elle n’aura pas une belle vie avec toi, pas vrai ?

Pete : Écoute, maintenant j’en ai plein le cul. T’es un gros tas de fumier. J’ai de l’argent. Tu vois ?

Pete lui montre l’argent.

Pete : Et ça ? Et ça ?

Pete lui montre ses cigarettes, son téléphone portable et d’autres affaires. Il pose tout sur la table.

Maman : Ouais, t’as tout ça maintenant, mais demain, qui sait ? Le père d’Irène était exactement comme toi. Exactement comme toi. Il avait tout, et au final, il m’a laissée sans un rond. Donc, ouais, t’as tout maintenant, mais demain, je sais pas.

Pete : Eh bien, moi je sais une chose, c’est que je paie pour ces boissons.

Maman : Irène mérite mieux que toi, crois-moi. Quelqu’un de responsable et tout ça. Elle le mérite.

Pete se lève.

Maman : T’es d’accord avec moi, John ?

Pete : Pete ! C’est Pete !

Maman lui montre ses chaussures rouges. Il ne regarde déjà plus dans sa direction.

Maman : Tu aimes mes chaussures ?

Pete : Va te faire foutre ! Irène !

Maman : Tu veux les acheter ?

Pete : Irène !

Irène vient à la table.

Irène : Qu’est-ce que tu veux ?

Pete : Demande-lui de te répéter ce qu’elle vient de me dire.

Irène : Pete, laisse-la tranquille.

Pete : Non, je veux qu’elle le répète.

Il s’appuie sur la table en regardant Maman droit dans les yeux.

Pete : Dis-le.

Maman regarde Irène.

Maman : Il m’a touchée.

Pete : Je vais la tuer !

Maman : Il est encore pire que ton père !

Pete : Exactement ! Fous-la dehors. Si tu ne le fais pas, je le ferai.

Irène : Pete…

Pete attrape Maman par le coude.

Irène : Laisse-la !

Maman : Il me touche encore ! Tu vois, chérie ? Il me touche !

Irène pousse Pete. Il laisse Maman partir.

Pete : OK, je pars.

Irène : OK.

Pete part.

Irène : Satisfaite ?

Maman montre ses chaussures.

Maman : Tu aimes mes chaussures ?

Irène : T’es contente maintenant ?

Maman continue de regarder ses chaussures. Irène s’éloigne.

Maman : Contente, oui.

FRAGMENTS DE L’HISTOIRE DE NOTRE SEIGNEUR :

La chambre de Tom. Irène est assise à côté de lui. Dans l’autre lit, il y a un homme. Il se parle à lui-même, la plupart du temps en jurant. Et il gémit de temps en temps.

Tom : Il y a un temps et un lieu pour chaque chose. Dieu a dit ça, dans le livre qu’il a écrit.

Irène : Vous voulez dire la Bible ?

Tom : Quoi d’autre ? Je veux dire qu’il n’a écrit que celui-là. Voilà un essai chanceux ! Un livre et il est devenu le mec le plus célèbre de la Terre. D’autres en écrivent des centaines et n’ont jamais leur photo dans les journaux. Même pas dans la presse locale.

Irène : Ce n’est pas ce que je veux. Je veux juste être heureuse.

Tom : Alors, je vais le citer à nouveau. Notre Seigneur. Il y a un temps pour tout.

Irène : Mais je veux être heureuse maintenant.

Tom : Peut-être que tu n’es pas prête pour ça. Du moins, pas encore.

Irène : Et qu’est-ce que je devrais faire ? Attendre jusqu’à ce que je meure ?

Tom : Jolie façon de dire les choses.

Irène : Ce n’est pas ce que je voulais dire. Pas comme ça. Désolée.

Tom : Tu n’as pas à t’excuser. Mais tu pourrais me rendre un service.

Tom ouvre le tiroir de la table de nuit en grimaçant.

Irène : Laissez-moi faire.

Il lui montre de la main qu’il peut se débrouiller. Il sort une seringue du tiroir.

Irène : J’ai horreur des aiguilles.

Tom : À ma place, tu devrais les aimer. Tu sais, je n’ai jamais vraiment aimé les drogues. Mais maintenant, je mourrais pour elles.

Irène : C’est si douloureux ?

Tom : Si j’étais masochiste, je dirais que je vis le meilleur moment de ma vie.

Tom prépare la piqure et la donne à Irène.

Tom : Alors, tu peux le faire ? Cette putain d’infirmière est pire qu’un nazi. Elle le ferait mieux les yeux fermés. Crois-moi, ce serait mieux.

Irène essaye de faire quelque chose, n’importe quoi avec la seringue. Puis, elle la repose simplement sur la table de nuit.

Irène : Je ne peux pas le faire.

Tom : Elle non plus. La charmante infirmière.

Irène : Non. Vraiment…

Tom : Tu as peur ? C’est drôle, parce que, tu sais, je suis le seul qui devrait être effrayé.

Tom désigne l’homme qui partage sa chambre.

Tom : Tu le vois ?

Irène se tourne vers lui.

Tom : Ils l’ont amené l’autre jour et lui ont donné une dose énorme de sédatifs, une dose de cheval. Mais celui-là, il n’a pas fermé la bouche, pas un instant. Ecoute-le. Il parle à sa femme en ce moment-même. Enfin, c’est ce qu’il croit faire.

Tom imite son compagnon de chambre.

Tom : Pourquoi est-ce que je t’ai épousé, May? Il répète ça toutes les heures.

Irène : Elle n’est pas venue lui rendre visite ?

Tom : Si elle savait ce qu’il dit, elle ne viendrait pas. Mais elle ne sait pas, alors elle est déjà venue deux fois. Elle l’a embrassé, l’a enlacé, oh, c’est une vrai dame, une distinguée. Et qu’est-ce qu’il dit quand elle s’en va ?

Irène : Pourquoi est-ce que je t’ai épousé, May?

Tom : Exactement. Mais ils l’ont opérée aujourd’hui. Ça pourrait bien être l’appendicite. Ou quelque chose dans le genre. Peu importe. Ce qui importe c’est qu’elle est là aussi. Juste deux étages au-dessus. Et lui, eh bien, ses deux jambes ont été coupées. Il est venu trop tard. Alors ils ont dû l’amputer.

Irène : C’est affreux.

Le compagnon de chambre gémit.

Tom : À l’Est rien de nouveau, pas vrai ?

Irène prend la piqure sur la table de nuit.

Irène : Je peux essayer, vous savez ?

Tom : Voilà enfin une parole censée.

Tom enroule sa manche et donne son bras à Irène. Elle est maladroite avec la seringue.

Tom : Imagine que je suis un Nègre et que tu es, attends voir… tu es un membre du Ku Klux Klan.

Irène prend de bras de Tom et pointe la seringue vers lui.

Irène : C’est bon comme ça ?

Tom : Parfait.

Irène pointe l’aiguille vers le bras de Tom. Sa main est un peu tremblante.

Tom : Il y avait cette femme. Ton âge, peut-être un an ou deux de plus. Elle était chimiste. Diplômée, mais elle n’arrivait pas à trouver d’emploi. Du moins, pas entant que chimiste. Alors, elle a postulé pour un emploi de femme de ménage. Devine où. Dans un laboratoire de chimie. Et elle l’a eu. Qu’est-ce que tu fais ?

Irène essaie de trouver le bon angle pour faire la piqure.

Irène : Je ne suis pas encore prête.

Tom : Je vais mourir avant que tu le fasses. Donc, elle est allée là-bas le matin, elle a nettoyé les étages, et un employé, en fait un professeur, est venu vers elle, complètement hors de lui parce qu’elle avait fait du mauvais boulot. Alors, elle lui a dit qu’elle n’avait jamais fait ça auparavant. Un peu comme toi maintenant.

Irène : Ok, je vais le faire. Donnez-moi juste une seconde.

Tom : Juste une seconde ?

Irène : Ne regardez pas. Continuez votre histoire.

Tom regarde ailleurs. Irène est maladroite, elle essaie de faire la piqure et abandonne en permanence.

Tom : Donc, elle a dit au professeur qu’elle était chimiste et le professeur s’est encore plus énervé et l’a tout de suite promue au rang de secrétaire. C’est arrivé en moins de deux heures. Et l’histoire, comme toutes les histoires en général, ben, s’est très vite répandue, et, à midi, même le chef chimiste la connaissait.

Irène finalement pointe l’aiguille et prend une grande respiration.

Tom : Alors, il est venu la voir, pour lui donner une nouvelle promotion. Et elle est devenue…

Irène finalement le fait, et Tom hurle.

Irène : Je suis désolée.

Tom déroule sa manche. Il est calme. Souriant, même.

Tom : Je plaisante. Tu t’en es très bien sortie.

Irène : Oh, vous en voulez une autre, vieil homme ?

Tom : Ne me tentez pas, jeune-fille.

Irène : Alors, comment l’histoire finit ?

Tom : Eh bien, elle n’avait pas fini sa première journée de travail entant que femme de ménage, qu’elle est devenue l’assistante personnelle de ce gars chef chimiste.

Irène : Je n’y crois pas. Pas moyen. Je ne goberai pas ça. Vous me prenez pour qui ? Votre journaliste, peut-être ?

Tom : Je ne l’invente pas. J’étais le professeur qui lui a hurlé dessus. Et plus tard, elle m’a dit que son père lui avait donné un conseil. Il lui a dit, tu as fini tes études, tu ne trouves pas de travail, alors va dans un laboratoire et travaille là-bas. Peu importe dans quoi, du moment que tu travailles dans cet endroit.

Pete est debout devant le bar, il attend Irène. Il fait froid.

Tom : Et tout rentrera dans l’ordre.

Irène sort du bar.

Irène : J’y retourne.

Pete : Dans le bar ?

Irène : Non.

Pete : Chez ta mère ? Ne me dis pas que tu retournes chez elle ?

Irène : Non. A l’université.

Pete : Pourquoi ?

Irène : Parce que.

Tom : Mais tu ne dois pas abandonner.

Pete allume une cigarette.

Pete : Tu vas encore abandonner.

Irène : Peut-être.

Pete : Ouais, je te connais, Irène. Je te connais, c’est tout.

Irène : Peut-être, oui.

Tom : C’est ce que son père lui a dit.

Irène s’éloigne.

Pete : Ok, retournes-y, je m’en fiche.

Irène : Tu devrais, tu sais. Tu devrais t’en soucier.

Irène s’approche de Tom.

Tom : Tu sais pourquoi je t’ai raconté cette histoire ?

Irène : Je ne sais pas. Pourquoi ?

Tom : Parce que c’était le lieu et le moment pour ça.

FRAGMENTS D’UNE HISTOIRE DE CHAUSSURE :

Le bar. Sheila travaille. Maman vient d’entrer. Elle est complètement saoule, et tient difficilement sur ses jambes.

Maman : Est-ce qu’Irène est là ?

Sheila : Elle sera là dans l’après-midi.

Maman s’assoit sur une chaise près du bar.

Maman : Je vais attendre. Je peux attendre.

Sheila : Maintenant il est dix heures du matin. Elle va arriver dans à peu près six heures.

Maman : Je peux attendre.

Sheila : Vous ne m’avez pas entendue ? J’ai dit dans six heures.

Maman se lève. Elle montre ses chaussures à Sheila.

Maman : T’as vu mes chaussures ?

Sheila ne regarde pas.

Sheila : Jolies.

Maman : Regarde-les.

Sheila regarde les chaussures.

Sheila : Jolies.

Maman : Elles sont neuves. Tu veux les essayer?

Sheila : Non.

Maman : T’es sûre ? Je peux les enlever en une seconde.

Sheila : Pas besoin.

Maman : Je vais te les donner.

Sheila : J’ai déjà des chaussures.

Maman : Je vais te les donner pour… mettons, moitié-prix.

Sheila : Je n’en veux pas.

Maman enlève une chaussure.

Sheila : Qu’est-ce vous faites ?

Maman met la chaussure sur le comptoir.

Maman : Et voilà !

Sheila : Remettez-la.

Maman pousse la chaussure vers Sheila.

Maman : Non, mets-la, toi.

Sheila : Je ne veux pas.

Maman : Allez, ne sois pas si timide.

Sheila : Je ne suis pas timide. Et je n’ai pas besoin de vos putains de chaussures. En plus, je ne les aime pas. Elles sont horribles.

Maman reprend sa chaussure.

Maman : Pas besoin de me beugler dessus.

Maman essaie de remettre sa chaussure, mais elle a quelques problèmes avec la gravité.

Sheila : Je ne beugle pas.

Maman : je ne vous aime pas.

Maman manque de tomber.

Sheila : Vous allez bien ?

Maman : Pourquoi est-ce que tu me demande ça?

Sheila : C’est bon ? Vous allez bien ?

Maman : Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?

Silence. Maman arrive finalement à mettre sa chaussure.

Sheila : Vous voulez un verre ?

Maman : Si ça peut te faire plaisir.

Sheila : Oui.

Maman : Alors, un double scotch fera l’affaire.

Sheila prépare la boisson. Maman s’appuie sur le comptoir.

Maman : Elle me déteste.

Sheila : Qui ? Irène ?

Maman : Qui d’autre ?

Sheila : Elle ne vous déteste pas.

Maman : Ben, elle ne m’aime pas non plus.

Sheila lui donne son verre.

Sheila : Voilà.

Maman : Merci, chérie. T’es vraiment gentille avec moi.

Pause.

Maman : Elle ne me prend jamais dans ses bras, tu sais ?

Pause.

Maman : Tu veux bien me prendre dans tes bras?

Sheila prend Maman dans ses bras. En fait, peut-être. Ou peut-être pas.

FRAGMENTS D’UN CLICHÉ DOCTEUR-INFIRMIÈRE :

Le bar. Un docteur et une infirmière sont assis à une table. L’infirmière fait quasiment toute la conversation. Mais, lui l’écoute à peine. Il joue avec son alliance.

L’Infirmière : Et il me parlait de sa femme.

Le Docteur : Tu fais ça volontairement, pas vrai?

L’Infirmière : Non, écoute-moi.

Le Docteur : Je ne peux pas la quitter. Enfin, pas pour le moment.

L’Infirmière : Non, écoute-moi simplement. Ça n’a rien à voir avec toi ou ta femme.

L’hôpital. La chambre de Tom. Il entre. Il sort juste de sa douche. Il porte un peignoir.

Tom : Vous êtes un petit enculé, baiser cette infirmière.

Le Docteur : Alors, qui est-ce ?

L’Infirmière : Comment pourrais-je le savoir ? Il m’a juste appelée une nuit.

Le Docteur : Pourquoi toi ?

L’Infirmière : Tu me laisses finir, d’accord ?

Tom : Et tu vas me dire quand ce sera mon tour?

Le Docteur : Vas-y.

L’Infirmière : Il a appelé et il voulait juste parler de sa femme. Il disait qu’il l’aimait vraiment beaucoup.

Le Docteur : Donc, pourquoi est-ce qu’il t’a appelée ?

L’Infirmière : Parce qu’il ne pouvait pas le lui dire à elle. Elle est morte il y a un mois ou deux. Et il l’aimait. Il l’aimait vraiment. Je l’ai ressenti.

Irène vient à leur table, prête à prendre la commande. Le docteur arrête de jouer avec son alliance et regarde Irène. L’infirmière le remarque, naturellement.

Irène : Bonjour, qu’est-ce que je vous sers ?

L’Infirmière : Un cappuccino. Du sucre brun.

Le Docteur : Je crois que je vous connais.

Irène : Je ne pense pas.

Le Docteur : Si, je vous connais. Vous venez presque tous les jours à l’hôpital rendre visite à ce vieil homme.

Irène : Tom ?

Le Docteur : C’est comme ça qu’il s’appelle?

Irène : Vous devriez le savoir. C’est votre patient.

La chambre de Tom. Le Docteur entre.

Le Docteur : Je n’ai pas de bonnes nouvelles.

Tom : Vous, les docteurs, vous n’en avez jamais.

Le Docteur : Votre état ne va pas s’améliorer. Je suis désolé.

Tom : Vous savez, je me suis savonné. Et vous, espèce d’enculés, vous avez coupé l’eau. Alors je me suis brûlé.

Le Docteur : Brûlé ?

Tom : Je suis sérieux. Vous avez coupé l’eau. Regardez mon cou. Il est brûlé. Vous voyez ?

Le docteur regarde le cou de Tom.

Tom : Vous voyez ?

Le Docteur : Oui.

Tom : Bon, je suis complètement couvert de savon. Et après, d’un seul coup, l’eau froide disparait. Alors j’ai eu cette merveilleuse douche avec de la putain d’eau bouillante. Simplement parce que vous avez coupé l’eau froide.

Le Docteur : Un conduit s’est cassé. Ils sont entrain de le réparer.

Tom : Et à cet instant, moi, j’étais debout sous la douche, entrain de penser « qu’est-ce que je peux faire maintenant ? ». Rester là pendant cinq jours, pas moyen. Il n’en est pas question. Pas vrai ?

Le Docteur : Pourquoi est-ce que vous n’avez pas appelé l’infirmière ?

L’Infirmière : Du sucre brun pour moi.

Tom : Pourquoi ? Pour que je sois encore plus chaud que l’eau ?

Le docteur s’assoit à la table.

Le Docteur : Je prendrai un café. Noir.

Irène : Bien.

Irène s’éloigne.

L’Infirmière : Eh bien, c’était sympathique.

Le Docteur : Quoi ?

L’Infirmière : Si elle avait eu quarante ou cinquante ans, tu ne te serais pas souvenu d’elle.

Le Docteur : C’est fort probable.

L’Infirmière : Mais elle n’a pas quarante ans. Elle est plutôt dans la vingtaine.

Le Docteur : Tu es jalouse ?

L’Infirmière : Est-ce que je peux finir mon histoire ?

Le Docteur : Je t’en prie.

L’Infirmière : Alors, il m’a dit que sa femme adorait les jonquilles. Tu ne m’as jamais acheté de fleurs.

Le Docteur : Tu veux que je t’en achète tout de suite ?

L’Infirmière : Non. Et il m’a demandé si j’étais nerveuse.

Le Docteur : Tu l’es, parfois.

L’Infirmière : Je ne le suis pas.

Irène revient avec les boissons. Elle pose le cappuccino sur la table.

Irène : Voilà votre cappuccino.

L’Infirmière : Je vous ai demandé du sucre brun.

Irène : Il est juste devant vous.

L’Infirmière prend le sucre brun. Irène pose l’expresso sur la table.

Irène : Et votre café. Noir.

Irène s’en va. Le docteur la fixe. L’Infirmière attend qu’il ait fini. Puis elle commence à remuer son cappuccino. Et elle fait ça bruyamment.

Tom frappe le docteur.

Tom : Vous êtes un petit enculé! Qui croyez-vous que vous êtes ? Je sais qui vous êtes. Je le sais. Vous êtes un petit enculé, qui baise cette infirmière. Et vous allez me dire quand ce sera mon tour ? Allez-vous faire foutre!

Le Docteur : Très bien.

Tom : Un idiot. Vous n’êtes qu’un idiot.

Le Docteur : Bien.

Tom continue de le frapper. Le docteur ne se défend pas.

Tom : Vous croyez que vous savez tout ? Eh bien, non.

Le Docteur : Je ne sais rien du tout.

Tom : Exactement. Vous ne savez pas la moindre chose.

Tom arrête de frapper le docteur. Il s’assoit sur le lit et se couvre le visage avec les mains.

L’infirmière est encore entrain de remuer son café. Le docteur vient à la table, s’assoit et la regarde.

Le Docteur : Tu ne l’es pas ?

L’infirmière : Quoi ?

Le Docteur : Nerveuse.

L’Infirmière : J’ai beaucoup de raisons de l’être. Tu es en train de la mater.

Le Docteur : Et toi, tu parles à des inconnus au milieu de la nuit.

L’Infirmière : Je ne peux pas te parler. Est-ce que je peux ?

Le Docteur : Il faut qu’on parle, tu le sais ?

Tom enlève les mains de sa tête. Il regarde le docteur, droit dans les yeux.

Tom : Je vais vous dire ce que je sais. Je suis venu ici à cause d’une maladie, et maintenant vous en avez découvert cinq autres. Je suis venu à cause des poumons, et maintenant mon sang est comme de la merde. Donc, on n’a pas à parler.

L’Infirmière : Non, on n’a pas à parler.

Traduit par Sara Perrin

FRAGMENTI MAME I PETEA, IDE IM BAŠ DOBRO:

Birtija. Mama sjedi za jednim stolom. Pije. Sama, naravno. Pete uđe i ide ravno prema Irene.

PETE: Kad ti je pauza?

IRENE: Za sat vremena.

PETE: Uzmi je sad.

IRENE: Ne mogu.

PETE: Dobio sam neku lovu. Ajmo negdje na ručak.

IRENE: Ne mogu.

Mama praznom čašom lupa po stolu.

MAMA: Irene!

Pete se okrene.

PETE: Koji kurac ona oće?

IRENE: Samo je pusti na miru. Pijana je.

PETE: To vidim.

MAMA: Irene!

PETE: Neko bi je trebao izbacit.

IRENE: Pete…

MAMA: Irene, najdraža moja!

IRENE: Tu je zadnja četiri sata.

Pete kreće prema Maminom stolu.

IRENE: Gdje ideš?

PETE: Možda ona želi ručat sa mnom.

Pete dolazi do Maminog stola. Uzima stolicu.

PETE: Mogu?

Mama se ni ne potrudi dignuti glavu. Pete sjedne. Iz džepa izvadi cigarete i upaljač i stavi ih na stol.

PETE: Sjećate me se?

Mama pogleda Petea i zatim samo uzme jednu njegovu cigaretu.

PETE: Slobodno. Aha, ja sam Pete. Aha, tako je, onaj s kojim Irene živi. Zadnje tri godine.

MAMA: Imaš novaca?

PETE: Irene, daj nam nešto za popit!

MAMA: Ne bi trebala radit ovdje.

PETE: To joj ja stalno govorim.

Irene dolazi s pićima.

PETE: Nek budu duple!

IRENE: Kreten.

Irene se vraća za šank.

Mama pokušava zapaliti cigaretu, ali bez uspjeha. Pete joj pripaljuje.

MAMA: Trebala bi si nać nešto…

Mama počinje kašljati. Irene nosi pića.

PETE: Tvoja mama i ja smo baš pričali o tebi i slažemo se, mogla bi si nać neki drugi posao.

IRENE: Aha, i ti ćeš mi ga nać?

PETE: Pa, mogao bi.

Mama iskapi svoju rakiju.

PETE: Ajde, Irene, daj nam još koju. Ako ti to nije problem.

IRENE: Zapravo, je.

PETE: Dođi ovdje.

IRENE: Šta?

Pete zgrabi Irene za ruku i počne je vući prema sebi. Ljubi je. Mama ispije i Peteovo piće. Irene uzima prazne čaše i nosi ih na šank.

MAMA: Aha, trebala bi si nać pristojan posao. Obrazovana je. Istina, a, nije završila taj glupi fakultet, šta je ono studirala, šta je to bilo…

PETE: Književnost.

MAMA: Aha, to sranje. E pa, nije ga završila, al svejedno, obrazovana je. I trebala bi si nać nešto bolje. Pristojan posao. Trebala bi, znaš.

PETE: Slažem se.

MAMA: I pristojnog dečka uz to.

PETE: Ma koji kurac ti sad sereš? Ima mene.

MAMA: Aha, to sam zaboravila.

PETE: Onda samo zaboravi cijelu jebenu ideju, ok?

MAMA: Ok.

PETE: U redu.

MAMA: Trebala bi mislit na budućnost. A s tobom neće imat dobar život, jel tako?

PETE: Gle, sad sam popizdio. Fakat sereš. Ja imam lovu. Vidiš ovo?

Pete joj pokazuje novac.

PETE: I ovo? I ovo?

Pete joj pokazuje cigarete, mobitel i druge stvari. Sve ih stavlja na stol.

MAMA: Aha, imaš sad, ali sutra, ko zna? Irenein otac je bio baš kao ti. Baš kao ti. Sve je imao i na kraju me ostavio bez ičega. Prema tome, znam ja, imaš ti sad, istina, ali sutra, ne znam.

PETE: E pa, ja znam da ja plaćam ova pića.

MAMA: Irene zaslužuje nekog boljeg, vjeruj mi. Nekog odgovornog i sve to. Ona to zaslužuje.

Pete ustane.

MAMA: Se slažeš sa mnom, John?

PETE: Pete! Ja sam Pete!

Mama mu pokazuje svoje crvene cipele. On je uopće ne gleda.

MAMA: Ti se sviđaju moje cipele?

PETE: Jebi se! Irene!

MAMA: Oćeš ih kupit?

PETE: Irene!

Irene dolazi do stola.

IRENE: Šta oćeš?

PETE: Reci joj da ponovi šta je upravo rekla.

IRENE: Pete, pusti je na miru.

PETE: Ne, oću da to ponovi.

Pete se nagne na stol. Gleda Mamu ravno u oči.

PETE: Reci.

Mama gleda u Irene.

MAMA: Pipo me je.

PETE: Ubit ću je!

MAMA: Još je gori nego što je tvoj otac bio.

PETE: To je to! Izbaci je van. Ako ti nećeš, ja ću.

IRENE: Pete…

Pete zgrabi Mamu za lakat.

IRENE: Pusti je!

MAMA: Opet me pipa! Vidiš, dušo? Pipa me!

Irene gurne Petea i on pusti Mamu.

PETE: Dobro. Ja odlazim.

IRENE: Dobro.

Pete odlazi.

IRENE: Zadovoljna?

Mama joj pokazuje cipele.

MAMA: Ti se sviđaju moje cipele?

IRENE: Si sad zadovoljna?

Mama još uvijek gleda svoje cipele. Irene odlazi.

MAMA: Zadovoljna, da.

FRAGMENTI PRIČE NAŠEGA GOSPODINA:

Tomova soba. Pored njega sjedi Irene. U drugom krevetu je neki čovjek. Razgovara sam sa sobom, uglavnom psuje i s vremena na vrijeme jaukne.

TOM: Sve ima svoje vrijeme i mjesto. Bog je to rekao, u onoj svojoj knjizi.

IRENE: Mislite, u Bibliji?

TOM: Kojoj drugoj? Pa jedino je tu napisao. Koji sretni kreten! Jedna knjiga i postane najpopularniji tip na Zemlji. Neki ih napišu na stotine i nikad im ne objave sliku u novinama. Čak ni u lokalnima.

IRENE: Ja to ne želim. Ja samo želim biti sretna.

TOM: E pa, citirat ću ga opet. Našeg Gospodina. Sve ima svoje vrijeme.

IRENE: Al ja želim biti sretna sad.

TOM: Možda nisi spremna za to. Barem ne još.

IRENE: A šta bi trebala? Čekat dok ne umrem?

TOM: To si ljepo rekla.

IRENE: Nisam tako mislila. Sori.

TOM: Ne moraš se ispričavati. Ali mi možeš učiniti uslugu.

Tom otvara ladicu na noćnom ormariću. Dok to čini, napravi grimasu.

IRENE: Dajte, ja ću.

Tom joj rukom pokaže da može i sam. Iz ladice izvadi injekciju.

IRENE: Mrzim igle.

TOM: Na mom mjestu ih moraš voljeti. Znaš, nikad zapravo nisam volio droge. Ali sad, ne bi imao ništa protiv.

IRENE: Toliko boli?

TOM: Da sam mazohist, rekao bi da mi nikad u životu nije bilo bolje.

Tom priprema injekciju i daje ju Irene.

TOM: Onda, možeš ti to? Ona jebena sestra je gora od nacista. Bolje bi to napravila zatvorenih očiju. Vjeruj mi, bi.

Irene pokušava nešto, bilo što s injekcijom. Zatim je samo odloži na noćni ormarić.

IRENE: Ne mogu ja to.

TOM: Ne može ni ona. Divna sestra.

IRENE: Ne, stvarno...

TOM: Bojiš se? Smiješno, jer znaš, ja sam onaj koji bi se trebao bojati.

Tom pokazuje na svog cimera.

TOM: Vidiš ga?

Irene se okrene.

TOM: Doveli su ga baš neki dan i dali mu toliku dozu sedativa, dozu koja bi i konja ubila. Ali ovaj ovdje, e, taj nije usta zatvorio ni na trenutak. Slušaj ga. Upravo sad razgovara sa svojom ženom. Ili barem on vjeruje da to radi.

Tom imitira svog cimera.

TOM: Zašto sam te oženio, May? Tu frazu ponavlja svakih sat vremena.

IRENE: Ona ga nije došla posjetiti?

TOM: Da zna šta govori, ne bi dolazila. Ali ne zna, pa je bila ovdje dva puta. Ljubila ga, grlila, oh da, prava dama, nježna. I šta on kaže kad ona ode?

IRENE: Zašto sam te oženio, May?

TOM: Tako je. Ali danas su je operirali. Slijepo crijevo, moglo bi biti to. Ili nešto jednako dobro. Zapravo, nije bitno. Ono što je bitno je da je i ona sada tu. Samo dva kata iznad nas. A on, pa, obje noge su mu odrezali. Došao je prekasno. Pa su ih morali amputirati.

IRENE: To je grozno.

Tomov cimer jaukne.

TOM: Na zapadu ništa novo, ha?

Irene uzima injekciju s noćnog ormarića.

IRENE: Znate, mogu probati.

TOM: To su prave riječi.

Tom zavrne rukav i pruži joj ruku. Irene je nespretna s injekcijom.

TOM: Zamisli da sam ja crnac, a ti si, daj da vidim… ti si član KKK-a.

Irene drži Tomovu ruku i u nju upire injekciju.

IRENE: Je ok ovako?

TOM: Savršeno.

Irene cilja ruku. Njezine se ruke pomalo tresu.

TOM: Bila je ta žena. Tvojih godina, možda godinu ili dvije starija. I ona je bila kemičarka. Diplomirala je, ali nije mogla naći posao. Barem ne kao kemičarka. Pa se prijavila za posao čistačice. Pogodi gdje. U kemijskom laboratoriju. I dobila ga je. Šta radiš to?

Irene bira najbolji kut iz kojeg će to učiniti.

IRENE: Nisam još spremna.

TOM: Ni nećeš biti, a ja ću već umrijeti. Dobro, došla je tamo ujutro, oprala podove i jedan je zaposlenik, zapravo profesor, došao do nje totalno raspižđen jer je loše obavila posao. A ona mu je rekla da to nikad prije nije radila. Nešto kao ti sada.

IRENE: Ok, saću. Samo mi dajte sekundu.

TOM: Samo sekundu?

IRENE: Nemojte gledati. Nastavite s pričom.

Tom okrene glavu od nje. Irene je nespretna, pokušava i odustaje čitavo vrijeme.

TOM: I rekla je tom profesoru da je kemičarka i profesor se još više raspizdio i odmah ju je unaprijedio u tajnicu. Sve se to dogodilo u manje od dva sata. A priča, kao što to sa pričama obično biva, pa, proširila se vrlo brzo i do podneva ju je čak i šef laboratorija znao.

Irene napokon nacilja s iglom i duboko udahne.

TOM: I tako, došao je do nje i unaprijedio je još jednom. I ona je postala…

Irene napokon to učini i Tom zaurla.

IRENE: Žao mi je.

Tom spusti rukav. Miran je, čak se i smiješi.

TOM: Ma, šalim se. Savršeno si to obavila.

IRENE: Oh, oćete još jednu, postariji gospodine?

TOM: Ne dovodi me u napast, curo.

IRENE: I, kako je priča završila?

TOM: Pa, ona nije završila ni svoju prvu smjenu kao čistačica, a već je postala osobni asistent onog glavnog tipa za laboratorij.

IRENE: Ne vjerujem. Nema šanse. Neću to popušit. Šta vi mislite ko sam ja, onaj Vaš novinar?

TOM: Nisam to izmislio. Ja sam bio profesor koji se izderao na nju. Kasnije mi je rekla da joj je otac dao savjet. Rekao joj je, završila si tu školu, ne možeš naći posao, prema tome idi u laboratorij i radi tamo. Nije bitno šta, sve dok radiš na tom mjestu.

Pete stoji ispred birtije. Čeka Irene. Hladno je.

TOM: I sve ostalo će doći na svoje mjesto.

Irene izlazi iz birtije.

IRENE: Vraćam se.

PETE: Nazad u birtiju?

IRENE: Ne.

PETE: Svojoj mami? Nemoj mi reći da se vraćaš njoj?

IRENE: Ne. Nazad na fakultet.

PETE: Zašto?

IRENE: Zato.

TOM: Ali se ne smiješ predati.

Pete zapali cigaretu.

PETE: Opet ćeš odustat.

IRENE: Možda.

PETE: Aha, znam te, Irene. Jednostavno te znam.

IRENE: Možda me znaš.

TOM: To joj je otac rekao.

Irene počne odlaziti.

PETE: Ok, vrati se, meni je svejedno.

IRENE: Ne bi ti trebalo bit, znaš. Ne bi ti trebalo bit svejedno.

Irene dođe do Toma.

TOM: Znaš zašto sam ti ispričao ovu priču?

IRENE: Ne znam. Zašto?

TOM: Zato jer je bilo vrijeme i mjesto za nju.

FRAGMENTI PRIČE O CIPELAMA:

Birtija. Sheila radi. Mama je upravo ušla. Totalno je pijana i jedva stoji na nogama.

MAMA: Jel Irene tu?

SHEILA: Bit će popodne.

Mama sjedne na stolicu za šankom.

MAMA: Čekat ću. Mogu ja čekati.

SHEILA: Sad je deset ujutro. Doći će za, ono, šest sati.

MAMA: Mogu ja čekati.

SHEILA: Niste me čuli? Rekla sam za šest sati.

Mama ustaje. Pokazuje Sheili cipele.

MAMA: Si vidjela moje cipele?

Sheila ne gleda.

SHEILA: Super.

MAMA: Pogledaj ih.

Sheila pogleda cipele.

SHEILA: Super.

MAMA: Nove su. Želiš ih probat?

SHEILA: Ne.

MAMA: Si sigurna? Skinem ih za sekundu.

SHEILA: Nema potrebe.

MAMA: Dat ću ti ih.

SHEILA: Ja već imam cipele.

MAMA: Dat ću ih, recimo, u pola cijene.

SHEILA: Ne želim ih.

Mama skine jednu cipelu.

SHEILA: Šta radite to?

Mama stavi cipelu na šank.

MAMA: Evo je!

SHEILA: Obucite je.

Mama gurne cipelu prema Sheili.

MAMA: Ne, ti je obuci!

SHEILA: Ne želim.

MAMA: Ma, nemoj biti tako sramežljiva.

SHEILA: Nisam sramežljiva. I ne trebam Vaše jebene cipele. Čak mi se ni ne sviđaju. Grozne su.

Mama uzme svoju cipelu.

MAMA: Ne potrebe da se dereš na mene.

Mama pokušava obući cipelu, ali ima problema s gravitacijom.

SHEILA: Ne derem se.

MAMA: Ne sviđaš mi se.

Mama skoro padne na pod.

SHEILA: Jeste ok?

MAMA: Zašto me to pitaš?

SHEILA: Jeste? Jeste u redu?

MAMA: Zašto me to pitaš?

Tišina. Mama napokon uspije obući cipelu.

SHEILA: Želite piće?

MAMA: Ako će te to razveseliti.

SHEILA: Hoće.

MAMA: Onda, može dupli scotch.

Sheila joj priprema piće. Mama se nasloni na šank.

MAMA: Ona me mrzi.

SHEILA: Ko? Irene?

MAMA: Ko drugi?

SHEILA: Ne mrzi Vas.

MAMA: E pa, ni ne voli me.

Sheila joj daje piće.

SHEILA: Evo.

MAMA: Fala ti, draga. Ti si stvarno dobra prema meni.

Pauza.

MAMA: Ona me nikad ne grli, znaš?

Pauza.

MAMA: Hoćeš me ti zagrlit?

Sheila zagrli Mamu. Možda. A možda i ne.

FRAGMENTI SESTRA – DOKTOR CLICHÉA :

Birtija. Doktor i medicinska Sestra sjede za jednim stolom. Uglavnom Sestra priča. Ali on baš i ne sluša. Igra se sa svojim vjenčanim prstenom.

SESTRA: I on mi je pričao o svojoj ženi.

DOKTOR: Namjerno to radiš, jel tako?

SESTRA: Ne, samo me slušaj.

DOKTOR: Ne mogu je ostaviti. Barem ne u ovom trenutku.

SESTRA: Ne, samo me slušaj. To nema nikakve veze ni s tobom ni s tvojom ženom.

Bolnica. Tomova soba. On ulazi. Upravo se istuširao. Na sebi ima bademanitl.

TOM: Ti si jedan mali seronja, jebeš onu sestru.

DOKTOR: Dobro, ko je on?

SESTRA: Otkud da ja znam? Samo me nazvao jedne noći.

DOKTOR: Zašto tebe?

SESTRA: Pusti me da završim, ok?

TOM: I ti ćeš meni reći kad sam ja na redu?

DOKTOR: Nastavi.

SESTRA: Nazvao je i samo je htio razgovarati, o svojoj ženi. Rekao je da je jako voli.

DOKTOR: Dobro, zašto je zvao tebe?

SESTRA: Zato što to nije mogao reći njoj. Umrla je prije mjesec dana ili dva. I on ju je volio. Stvarno je. Osjetila sam to.

Irene dolazi do njihovog stola, spremna da uzme narudžbu. Doktor se prestane igrati s prstenom i pogleda je. Sestra to primijeti, naravno.

IRENE: Zdravo, šta ćete?

SESTRA: Cappuccino. Smeđi šećer.

DOKTOR: Mislim da Vas znam.

IRENE: Nisam sigurna u to.

DOKTOR: Aha, znam Vas. Dolazite skoro svaki dan u bolnicu, u posjet onom starom čovjeku.

IRENE: Tom.

DOKTOR: Tako se zove?

IRENE: Vi bi to trebali znati. On je Vaš pacijent.

Tomova soba. Doktor uđe.

DOKTOR: Nemam dobre vijesti.

TOM: Vi doktori ih nikad nemate.

DOKTOR: Neće Vam biti bolje. Žao mi je.

TOM: Znate, upravo sam se nasapunjao. A vi ste, da vam jebem majku, zatvorili vodu. Pa sam se spržio.

DOKTOR: Spržio?

TOM: Ozbiljan sam. Zatvorili ste vodu. Pogledajte moj vrat. Spržen je. Vidite ga?

Doktor pogleda Tomov vrat.

TOM: Vidite?

DOKTOR: Vidim.

TOM: I tako, ja sav nasapunjan. I onda, odjednom, nema hladne vode. Tako da sam imao divno tuširanje u jebenoj kipućoj vodi. Jer ste vi zatvorili samo hladnu.

DOKTOR: Pukla je cijev. Upravo sad je popravljaju.

TOM: I eto mene tamo, stojim pod tušem, razmišljam, šta da radim sad, da stojim tu pet dana, nema šanse. Ne isplati se. Jel tako?

DOKTOR: Zašto niste zvali sestru?

SESTRA: Smeđi šećer za mene.

TOM: Zašto? Da mi donese još vreliju vodu?

Doktor sjedne za stolom.

DOKTOR: Ja ću kavu. Crnu.

IRENE: U redu.

Irene odlazi.

SESTRA: A, pa to je bilo lijepo.

DOKTOR: Šta?

SESTRA: Da ima, recimo, četrdeset, ili pedeset godina, ne bi je zapamtio.

DOKTOR: Vrlo vjerojatno.

SESTRA: Ali ona nema četrdeset. Prije bi rekla da ima dvadeset.

DOKTOR: Ljubomorna si?

SESTRA: Mogu ja samo završit svoju priču?

DOKTOR: Izvoli.

SESTRA: Dakle, rekao mi je da je njegova žena obožavala suncokrete. Ti mi nikad nisi kupio cvijeće.

DOKTOR: Hoćeš da ti ga sad kupim?

SESTRA: Ne. I pitao me jesam li nervozna.

DOKTOR: Ponekad jesi.

SESTRA: Nisam.

Irene se vraća s pićima. Stavlja cappuccino na stol.

IRENE: Evo, Vaš cappuccino.

SESTRA: Tražila sam smeđi šećer.

IRENE: Ravno ispred Vas je.

Sestra samo uzme smeđi šećer. Irene na stol stavlja espresso.

IRENE: I Vaša kava. Crna.

Irene odlazi. Doktor pogleda za njom. Sestra čeka da završi s tim. Onda počne miješati cappuccino. Čini to sa zvukom.

Tom udara Doktora.

TOM: Seronjo mali! Šta ti misliš tko si? Znam ja tko si. Znam. Ti si jedan mali seronja, jebeš onu sestru. I ti ćeš meni reći kad sam ja na redu? Jebi se!

DOKTOR: U redu je.

TOM: Idiot. Ti si samo idiot.

DOKTOR: U redu.

Tom još uvijek udara Doktora. On se ne pokušava braniti.

TOM: Misliš da sve znaš? E pa, ne znaš.

DOKTOR: Ne znam ja ništa.

TOM: Tako je, ne znaš ti kurca.

Tom prestane udarati Doktora. Sjedne na krevet. Rukama prekrije svoje lice.

Sestra još uvijek miješa svoj cappuccino. Doktor dođe do stola, sjedne i pogleda je.

DOKTOR: Nisi?

SESTRA: Šta?

DOKTOR: Nervozna.

SESTRA: Imam potpuno pravo biti. Buljiš u nju.

DOKTOR: A ti razgovaraš sa strancima u sred noći.

SESTRA: S tobom ne mogu razgovarati, zar ne?

DOKTOR: Moramo razgovarati, znate?

Tom makne ruke sa svoga lica. Gleda Doktora, ravno u oči.

TOM: Reći ću ti šta ja znam. Došao sam ovdje zbog jedne bolesti, sad ste ih vi otkrili još pet. Došao sam zbog pluća, sad mi je krv za kurac. Prema tome, mi ne moramo razgovarati.

SESTRA: Ne, mi ne moramo razgovarati.

Par Nina Mitrović

Nina Mitrović est née en 1978 à Slavonski Brod en Croatie.

Diplômée en dramaturgie par l’Académie des Arts de Zagreb, elle a également étudié à l’école du film de Londres. Elle est aujourd’hui auteur dramatique et scénariste pour la radio.

À ce jour, Nina Mitrović a écrit quatre drames :

Komsiluk Naglavacke (2002)

Kad se mrtvi pokoljemo (2003)

Ovaj krevet je prekratak ili samo fragmenti (2004)

Kolbaba i Brzojavko (2006)

Certains de ses textes ont déjà été publiés en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et en Autriche. Ils ont été montés à Berlin, à New York et à Londres.

Le texte « Ce lit est trop petit… » fait partie de la sélection des sept nouvelles œuvres dramatiques européennes de l’année 2005 par le Theatertreffen Festival de Berlin 2005.

Nina Mitrović est aussi l’auteur de quelques feuilletons radiophoniques dont certains ont été récompensés par des festivals européens (Prix Europa à Berlin, Prix Italia à Milan).

Jusqu’à présent, ses drames ont été traduits en anglais, slovène et allemand.