V. Fragments de départ, de Tom, d’Irène commandant un cappuccino et n’en faisant aucun

FRAGMENTS DE DÉPART :

La nuit. Devant la discothèque. Des voitures passent. Tom attend et essaie d’attraper un taxi. Irène vient juste de sortir de la discothèque.

Tom : Taxi !

Irène : Tom !

Tom : Taxi !

Irène vient vers Tom et se met devant lui.

Irène : Tom, attend !

Pete met sa veste. Il y a une valise à côté du canapé. Et quelques cartons.

Irène : Il faut qu’on en parle.

Irène va vers Pete.

Pete : Non, c’est pas la peine.

Irène : Si.

Pete : Non. Je ne veux pas te parler. Va-t-en.

Irène : Pete.

Pete : Et n’oublie pas de prendre ces putains de cartons avec toi.

Irène : Pete…

Irène essaie de le toucher. Il s’éloigne. Irène va vers….

…le bar. Maman s’assoit à la table. Sheila est derrière le comptoir.

Maman : Comment va Pete ?

Irène : Bien, je suppose.

Maman : Chérie, est-ce que vous allez bien tous les deux ?

Pete : Va te faire foutre, Irène !

Irène : Je l’ai quitté.

Maman : Il y avait une autre femme.

Pete : C’est lui.

Maman : Une autre, j’ai raison ?

Irène : Rien de ce genre.

Maman : Eh bien, chérie, ça arrive.

Pete : C’est lui. Ce type. C’est ça. Je le sais.

Irène : Non, ce n’est pas lui.

Irène court vers Tom.

Irène : Tom !

Pete : Ne me mens pas, Irène.

Sheila sort de la discothèque. Elle fait un signe à Irène. Elle peut difficilement marcher.

Irène : Tom !

Sheila : Irène, on va en prendre un autre.

Tom : Taxi !

Un taxi arrive. Tom ouvre la porte. Irène saisit sa main.

Irène : Ne pars pas.

Pete : C’est lui. Je le sais.

Sheila s’assoit avec Maman.

Maman : Alors, tu la connais ?

Sheila : Qui ?

Maman : La nouvelle petite-amie de Pete ?

Sheila : Il a une nouvelle petite-amie ?

Maman : Tu ne le savais pas ?

Irène se tient debout face à Pete.

Pete : Ne me mens pas, Irène.

Irène : Je ne mens pas. Il n’y en a aucun. C’est juste moi. J’ai besoin d’être seule un moment.

Irène : (à Tom) Ne pars pas.

Pete : Tu dis des conneries Irène.

Irène: Je ne mens pas.

Pete : Peu importe.

Irène est assise avec Maman.

Maman : Bon, tu es encore jeune. Pas aussi jeune qu’il y a cinq ans, c’est un fait. Mais ne t’inquiète pas, tu trouveras quelqu’un de bien.

Irène : Ouais.

Maman : Et il n’ira pas voir ailleurs. Crois-moi, chérie, il ne le fera pas.

Irène : Ok, quoi, tu veux me dire que Pete à trouvé quelqu’un d’autre ?

Maman : Il l’a fait?

Irène : Non.

Maman : Chérie, tu peux me dire la vérité. Tu sais que tu peux.

Irène : Ok, il l’a fait.

Maman : Je le savais !

Le téléphone sonne.

Maman : Peut-être que c’est Pete ?

Irène : Ne pars pas.

Irène tient Pete par la main.

Irène tient Tom par la main.

Irène : (à Tom) Ne pars pas.

Tom : Je n’ai pas ma place ici.

Sheila dégueule.

Irène : Je viendrai demain.

Tom : Non.

Tom entre dans le taxi. Irène l’empêche de fermer la porte.

Irène : D’accord, peut-être pas demain.

Tom : Ne viens plus du tout.

Irène : Pourquoi ?

Tom : Parce que je l’ai dit.

Sheila s’essuie la bouche avec sa manche.

Le téléphone sonne à nouveau. Maman le regarde. Sheila se dirige vers le téléphone.

Maman : Les hommes font ça. Aller voir ailleurs.

Sheila répond au téléphone. La voix, ça pourrait bien être la voix de l’Homme Aux Jonquilles.

L’Homme Aux Jonquilles : Je cherche ma femme.

Maman : C’est Pete.

Sheila : Non.

Maman : Evidemment, pourquoi il appellerait d’ailleurs ?

L’Homme Aux Jonquilles : Ma femme, je la cherche.

Sheila : Elle n’est pas ici.

L’Homme Aux Jonquilles : Je sais.

Sheila : Alors pourquoi est-ce que vous appelez ici ? Juste pour me rendre nerveuse ?

Maman : Ce sont tous les mêmes.

L’Homme Aux Jonquilles : Il y a eu une explosion au gaz. Quelques tuyaux se sont cassés. Et le gaz, eh bien… Ma femme était là. Pas moi. Et elle m’avait dit cette fois encore, des centaines de fois, elle m’a dit, allez, mon vieux, répare ces tuyaux, ils vont exploser un jour. Et ils ont explosé. Et elle était là.

Sheila raccroche.

Maman : C’était Pete au téléphone ?

Pete se dirige vers la porte.

Irène : Ne pars pas maintenant.

Pete : C’est toi qui part, Irène.

Pete est parti.

Irène se tourne vers Tom.

Irène : Ne pars pas maintenant.

Tom essaie doucement de fermer la porte.

Irène : Attends…

Tom : Je n’ai plus le temps.

Tom ferme la porte. Le taxi s’éloigne. Irène regarde Sheila.

Sheila : Quoi ?

Irène : Rien.

Pete : Rien. Il n’y a plus rien à dire.

FRAGMENTS DE TOM :

Le bar. Le téléphone sonne.

La chambre de Tom est vide. Non, ce n’est pas vrai. Le journaliste est allongé sur le lit de Tom. Irène entre. Elle vient de pleurer.

Le Journaliste : Vous voulez vous joindre à moi?

Le téléphone sonne encore.

Le Journaliste : Il y a assez de place pour nous deux.

Irène se dirige vers le bar. Elle répond au téléphone.

Irène : Oui ?

Tom : C’est toi, Irène ?

Irène : Tom ?

Tom : J’appelle pour dire…

Irène : Ouais ?

Tom : Tu es en colère ?

Irène est simplement debout devant la porte.

Irène : C’est son lit.

Tom : Ne sois pas fâchée.

Irène : Je ne le suis pas.

Irène : Vous ne devriez pas vous allonger sur son lit.

Le Journaliste : Chérie, pas de conflit maintenant.

Irène : Pourquoi est-ce que tu es parti de la discothèque l’autre soir ?

Tom : Je l’ai simplement senti comme ça.

Irène : C’était ça la raison ?

Irène s’approche du lit.

Irène : Vous allez salir les draps.

Le Journaliste : Je peux enlever mes chaussures.

Irène : Vous devriez enlever votre corps tout entier.

Elle commence à le pousser hors du lit.

Irène : C’était ça la raison ?

Tom : Ça, et le fait que tu es la seule qui part tout le temps. Et à la fin, c’est moi qui partirai. Et je ne reviendrai pas.

Irène laisse le journaliste.

Irène : C’est le lit de Tom.

Le Journaliste : Ecoutez, mademoiselle, Tom n’en aura plus jamais besoin.

Tom : Et je ne reviendrai pas.

Irène s’assoit sur le bord du lit.

Irène : Vos jambes sont dans le vide.

Le Journaliste : Je ne l’avais pas remarqué.

Irène : Ce lit est trop petit.

Le Journaliste : Ça m’est égal.

Irène : Par pour Tom.

Silence. Le journaliste lui propose une bouteille de brandy.

Le Journaliste : Vous en voulez ?

Irène prend la bouteille et en boit.

Le Journaliste : C’était en promotion.

Irène : Alors vous en avez achetées deux ?

Le Journaliste : Qui ne le ferait pas? Ecoutez, habituellement, je ne bois pas. Enfin, pas avant midi.

Irène : Donnez m’en encore.

Le journaliste lui donne la bouteille et en sort une autre de son manteau.

Le Journaliste : Alors, vous êtes la fille de Tom ?

Irène : Sa fille ?

Tom : Irène, tu es toujours là ?

Irène : Ouais, je suis là.

Le Journaliste : Vous l’êtes ?

Irène : Non. Je ne suis pas sa fille.

Tom : J’aimerais te voir. Enfin, si tu n’as rien de mieux à faire.

Irène : Je n’ai rien de mieux.

Tom : Sûre ?

Irène : Affirmatif.

Irène : Je ne suis pas sa fille.

Silence. Elle boit le brandy. Puis, elle se lève et va vers la fenêtre.

Irène : Vous savez, on avait l’habitude de…comment pourrais-je l’expliquer…

Le journaliste s’assoit sur le lit.

Le Journaliste : Oui ?

Tom : Tu ne supposes plus du tout ?

Irène : Bien sûr que si.

Irène : Eh bien, nous avions une sorte relation qui était, eh bien, c’était un peu spécial.

Le Journaliste : En quoi ? Désolé, mais je suis journaliste.

Irène se tourne vers lui.

Irène : Je ne l’aurais jamais deviné.

Le Journaliste : Alors, vous et Tom, eh bien, continuez.

Irène : Je peux venir aujourd’hui.

Tom : Non.

Irène : Je peux encore le faire, tu sais.

Tom : Non. Demain, c’est parfait.

Irène : Va pour demain, alors.

Irène raccroche.

Irène est allongée sur le lit de Tom.

Irène : Tom venait à notre maison. A l’époque où je vivais avec ma mère et que je louais une chambre dans un grenier. Il y avait une très belle vue, vous savez, et, bon, Tom est venu.

Le Journaliste : Oui ?

Irène : C’est arrivé brusquement. Je veux dire qu’habituellement je n’aime pas les hommes âgés, vous savez ? Mais Tom, Tom était spécial. Et il m’a parlé de cette fille qu’il a aimée autrefois. Je la lui rappelais. Et elle a été tuée.

Le Journaliste : Vraiment ?

Irène : Il ne vous l’a pas dit ?

Le Journaliste : Peut-être que vous pouvez me le raconter ?

Irène : Ouais, je peux.

Irène s’assoit sur le lit.

Irène : Eh bien, par où commencer ?

Le Journaliste : Par le commencement.

FRAGMENTS D’IRÈNE COMMANDANT UN CAPPUCCINO ET N’EN FAISANT AUCUN :

Dans le bar. Sheila travaille. L’infirmière et le docteur sont assis à une table. Il n’a plus de pansement, mais il y a une cicatrice sur son front. A une autre table, le journaliste boit un café, écrit quelque-chose en souriant. A une troisième table, Maman et Irène sont assises. Il y a un tablier sur une des chaises.

Maman : Alors, dis-moi, comment c’était ?

Irène : Bien, je suppose.

Maman : Beaucoup de monde ?

Irène : Maman, c’étaient des funérailles, pas une fête.

Maman : Ben, la majorité des fêtes où j’ai été était pire que des enterrements.

Le docteur regarde le menu.

L’Infirmière : Cet homme, tu sais, celui dont je t’ai parlé.

Le Docteur : Non.

L’Infirmière : L’homme aux jonquilles, tu te souviens ?

Le Docteur : Il t’a encore appelée ?

L’Infirmière : Non. Mais j’ai fait ça.

Le Docteur : Fait quoi ?

L’Infirmière : La même chose. Et c’est bien.

Le Docteur : Qu’est-ce qui est bien ?

L’Infirmière : J’ai juste décroché le téléphone, composé un numéro et parlé. C’est bien quand quelqu’un t’écoute.

Irène met une boite à tabac sur la table.

Maman : C’est pour moi ?

Irène : Non. C’est Tom.

Maman : Tom ?

Irène : Il voulait être incinéré.

Maman : Incinéré ?

Irène : Arrête de répéter ce que je dis.

Maman : C’est Tom ?

Irène : Ouais.

Maman : Je peux le voir ?

Irène : Non.

Sheila s’approche de la table du docteur et de l’infirmière.

Le Docteur : Est-ce qu’on peut enfin commander ?

Maman fixe la boîte du regard.

Maman : Mais…tu étais à ses funérailles.

Irène : L’urne est vide. Il voulait que je le mette dans la boite à tabac et que je l’envoie en Russie.

Maman : En Russie ?

Irène : « Avec amour, pour la Russie. » C’est ce qu’il a dit. Il y a une église et il veut que j’envoie ses cendres là-bas.

Maman touche la boite.

Irène : J’ai dit non.

Maman : Juste un coup d’œil.

Irène : Non.

Sheila retourne à la table de l’infirmière et du docteur. Elle pose le cappuccino devant l’infirmière.

Sheila : Je pense qu’il est marié.

L’Infirmière : Je le sais.

Sheila : Et qu’il va rester marier.

Sheila pose l’expresso devant le docteur.

Sheila : Votre expresso.

Sheila retourne au bar.

Maman : C’est bien. C’est bien que tu retournes à l’Université.

Irène : Ouais.

Maman : Bien que tu sois un peu âgée pour ça maintenant.

Irène : Ouais, c’est vrai, maman.

Sheila crie du comptoir.

Sheila : Ta pause est terminée.

Maman se lève.

Maman : C’est bien que tu ne travailles plus ici.

Irène : Au moins, tu as un boulot maintenant.

Maman : Et c’est difficile d’en trouver un, crois-moi. Peut-être que tu n’aurais pas dû le quitter.

Irène : Mais je l’ai fait.

Maman : Je ne suis pas sûre que c’était une bonne décision. Pas sûre du tout.

Irène ne dit rien. Maman prend le tablier, le met autour de sa taille.

Maman : Tu veux un autre café ?

Irène : Non, ça va. Ça va juste bien.

Maman va vers le comptoir. Irène boit son café en regardant par la fenêtre. Elle regarde la vie, celle qui est devant elle.

FIN ET COMMENCEMENT

Traduit par Sara Perrin

FRAGMENTI ODLAŽENJA:

Noć. Ispred kluba. Auti prolaze. Tom stoji i pokušava uhvatiti taksi. Irene je upravo izašla iz kluba.

TOM: Taksi!

IRENE: Tom!

TOM: Taksi!

Irene dođe do Toma i stane ispred njega.

IRENE: Tom, čekaj!

Pete oblači jaknu. Pored kauča je kofer. I neke kutije.

IRENE: Moramo razgovarati o tome.

Irene dođe do Petea.

PETE: Ne, ne moramo.

IRENE: Moramo.

PETE: Ne. Ne želim razgovarat s tobom. Samo idi.

IRENE: Pete.

PETE: I ne zaboravi ponjet ove jebene kutije sa sobom.

IRENE: Pete…

Irene ga pokušava dodirnuti. On se odmakne od nje. Irene ide u…

… birtiju. Mama sjedi za stolom. Sheila je iza šanka.

MAMA: Kako je Pete?

IRENE: Ok, valjda.

MAMA: Dušo, jeste vas dvoje ok?

PETE: Jebi se, Irene!

IRENE: Ostavila sam ga.

MAMA: Postoji druga žena.

PETE: On je.

MAMA: Neka druga, jesam u pravu?

IRENE: Ništa takvo.

MAMA: E pa, dušo, događa se.

PETE: On je. Onaj tip. To je to. Znam da je.

IRENE: Ne, nije on.

Irene otrči do Toma.

IRENE: Tom!

PETE: Nemoj meni lagat, Irene.

Sheila izlazi iz kluba. Maše Irene. Jedva da može hodati.

IRENE: Tom!

SHEILA: Irene, uzet ćemo drugi.

TOM: Taksi!

Taksi je došao. Tom otvori vrata. Irene ga uhvati za ruku.

IRENE: Nemoj ići.

PETE: On je. Znam da je.

Sheila sjedi sa Mamom.

MAMA: Onda, znaš je?

SHEILA: Koga?

MAMA: Peteovu novu curu?

SHEILA: On ima novu curu?

MAMA: Nisi to znala?

Irene stoji ispred Petea.

PETE: Nemoj meni lagat, Irene.

IRENE: Ne lažem. Nema nikoga. Samo ja sam. Moram biti sama neko vrijeme.

IRENE (Tomu): Nemoj ići.

PETE: Sereš, Irene.

IRENE: Ne lažem.

PETE: Svejedno.

Irene sjedi s Mamom.

MAMA: Pa, još si mlada. Ne tako mlada kao što si bila prije pet godina, to je činjenica. Al ne brini, naći ćeš ti nekog poštenog.

IRENE: Aha.

MAMA: I on neće karat okolo. Vjeruj mi, dušo, neće.

IRENE: Ok, šta, oćeš da ti kažem da je Pete našao neku drugu?

MAMA: Jel je?

IRENE: Nije.

MAMA: Dušo, meni možeš reći istinu. Znaš da možeš.

IRENE: Ok, je.

MAMA: Znala sam!

Telefon zazvoni.

MAMA: Možda je Pete.

IRENE: Nemoj ići.

Irene drži Petea za ruku.

Irene drži Toma za ruku.

IRENE (Tomu): Nemoj ići.

TOM: Ne pripadam ovdje.

Sheila povraća.

IRENE: Doći ću sutra.

TOM: Nemoj.

Tom uđe u taksi. Irene ga ne pušta da zatvori vrata.

IRENE: Ok, možda ne sutra.

TOM: Nemoj uopće dolaziti.

IRENE: Zašto ne?

TOM: Jer sam ja tako rekao.

Sheila obriše usta svojim rukavom.

Telefon ponovno zvoni. Mama ga pogleda. Sheila kreće prema telefonu.

MAMA: Muškarci to rade. Karaju okolo.

Sheila se javi na telefon. Glas, to bi mogao biti glas Čovjeka Suncokreta.

ČOVJEK SUNCOKRET: Tražim svoju ženu.

MAMA: Jel to Pete?

SHEILA: Nije.

MAMA: Naravno, zašto bi se trudio?

ČOVJEK SUNCOKRET: Moja žena, tražim je.

 [1]
SHEILA: Nije tu.

ČOVJEK SUNCOKRET: Znam.

SHEILA: Pa zašto onda zovete tu? Samo zato da mi idete na živce?

MAMA: Svi su oni isti.

ČOVJEK SUNCOKRET: Bila je eksplozija plina. Neke cijevi su popucale. A plin, pa… Moja žena je bila tamo. Ja nisam. A rekla mi je više nego jednom, sto puta, rekla mi je, ajde, stari, popravi te cijevi, eksplodirat će jednog dana. I jesu. I ona je bila tamo.

Sheila spusti slušalicu.

MAMA: Jel to bio Pete na telefonu?

Pete kreće prema vratima

IRENE: Nemoj sad otići.

PETE: Ti si ta koja odlazi, Irene.

Pete je otišao.

Irene se okrene prema Tomu.

IRENE: Nemoj sad otići.

Tom nježno pokušava zatvoriti vrata.

IRENE: Čekaj…

TOM: Ponestaje mi vremena.

Tom zatvori vrata. Taksi se odveze. Irene pogleda Sheilu.

SHEILA: Šta?

IRENE: Ništa.

PETE: Ništa. Nema više ništa o čemu bi se razgovaralo.

FRAGMENTI TOMA:

Birtija. Telefon zvoni.

Tomova soba je prazna. Ne, nije. Novinar leži na Tomovom krevetu. Irene uđe. Plakala je.

NOVINAR: Želiš mi se pridružiti?

Telefon još uvijek zvoni.

NOVINAR: Ima dovoljno mjesta za oboje.

Irene odlazi u birtiju. Javi se.

IRENE: Da?

TOM: Irene, ti si?

IRENE: Tom?

TOM: Zovem da ti kažem…

IRENE: Aha?

TOM: Jesi ljuta?

Irene samo stoji na vratima.

IRENE: To je njegov krevet.

TOM: Nemoj biti ljuta.

IRENE: Nisam.

IRENE: Ne bi trebali ležati na njegovom krevetu.

NOVINAR: Dušo, nemojmo se sad svađati.

IRENE: Zašto si otišao iz kluba one večeri?

TOM: Samo mi je došlo tako.

IRENE: To je bio razlog?

Irene se približi krevetu.

IRENE: Zaprljat ćete plahte.

NOVINAR: Mogu ja skinuti cipele.

IRENE: Trebali bi Vi skinuti cijelo tijelo.

Irene ga počinje gurati s kreveta.

IRENE: To je bio razlog?

TOM: To, i činjenica da si ti ona koja cijelo vrijeme odlazi. A na kraju, mene neće biti. I neću se vraćati.

Irene pusti Novinara.

IRENE: To je Tomov krevet.

NOVINAR: Gledajte, gospođice, Tom ga više neće trebati.

TOM: I neću se vraćati.

Irene sjedne na rubu kreveta.

IRENE: Noge su Vam u zraku.

NOVINAR: Nisam primijetio.

IRENE: Ovaj krevet je prekratak.

NOVINAR: Meni ne smeta.

IRENE: Tomu je smetalo.

Tišina. Novinar joj ponudi bocu rakije.

NOVINAR: Hoćete malo?

Irene uzme bocu i otpije iz nje.

NOVINAR: Bila je na na popustu.

IRENE: Pa ste kupili dvije?

NOVINAR: Ko ne bi? Gledajte, obično ne pijem. To jest, ne prije podneva.

IRENE: Dajte mi još malo.

Novinar joj da bocu i izvadi drugu iz svog kaputa.

NOVINAR: Znači, Vi ste Tomova kćer?

IRENE: Kćer?

TOM: Irene, jesi još tamo?

IRENE: Aha, tu sam.

NOVINAR: Jeste li?

IRENE: Ne. Nisam njegova kćer.

TOM: Volio bih te vidjeti. Mislim, ako nemaš ništa pametnije u planu.

IRENE: Nemam.

TOM: Sigurna si?

IRENE: Apsolutno.

IRENE: Nisam njegova kćer.

Tišina. Ona pije rakiju. Zatim ustane i ode do prozora.

IRENE: Vidite, mi smo bili, kako bi to rekla….

Novinar sjedne na krevet.

NOVINAR: Da?

TOM: Više ne pretpostavljaš?

IRENE: Naravno da da.

IRENE: Pa, imali smo neku vrstu veze koja je bila, pa, bila je pomalo neobična.

NOVINAR: Na koji način? Sori, ali ja sam novinar.

Irene se okrene prema njemu.

IRENE: Ne bi nikad pogodila.

NOVINAR: Dakle, Vi i Tom, pa, nastavite.

IRENE: Mogu doć danas.

TOM: Ne.

IRENE: Još uvijek stignem, znaš.

TOM: Ne. Sutra je idealno.

IRENE: Onda ćemo tako, sutra.

Irene spusti slušalicu.

Irene legne na Tomov krevetu.

IRENE: Tom je došao u našu kuću. U to sam vrijeme živjela sa svojom majkom i mi smo iznajmljivale sobu u potkrovlju, imala je stvarno lijep pogled, znate, i, pa, Tom je došao.

NOVINAR: Da?

IRENE: Sve se to dogodilo iznenada, mislim, obično mi se ne sviđaju stariji muškarci, znate? Ali Tom, Tom je bio poseban. I pričao mi je o toj djevojci koju je volio. Ja sam ga podsjećala na nju. A ona je poginula.

NOVINAR: Jel?

IRENE: Nije Vam to rekao?

NOVINAR: Možda mi Vi možete reći.

IRENE: Aha, mogu Vam reći.

Irene sjedne na krevet.

IRENE: Pa, otkud da počnem?

NOVINAR: Od početka.

FRAGMENTI IRENE, NARUČUJE CAPPUCCINO I NE PRAVI NI JEDAN:

U birtiji. Sheila radi. Sestra i Doktor sjede za stolom. On više nema zavoj, ali je na njegovom čelu ožiljak. Za drugim stolom Novinar pije kavu, nešto zapisuje i osmjehuje se. Za trećim stolom sjede Mama i Irene. Na jednoj od stolica je pregača.

MAMA: Onda, reci mi, kako je bilo?

IRENE: Ok, pretpostavljam.

MAMA: Puno ljudi?

IRENE: Mama, to je bio sprovod, ne zabava.

MAMA: Pa, većina zabava na kojima sam ja bila, su bile gore od sprovoda.

Doktor gleda menu.

SESTRA: Onaj čovjek, znaš, onaj o kojem sam ti pričala?

DOKTOR: Ne.

SESTRA: Čovjek suncokret, sjećaš se?

DOKTOR: Opet te zvao?

SESTRA: Ne. Ali ja sam napravila to.

DOKTOR: Šta si napravila?

SESTRA: Istu stvar. I dobro je.

DOKTOR: Šta je dobro?

SESTRA: Samo sam podigla slušalicu, okrenula broj i pričala. Lijepo je kad te neko sluša.

Irene stavi na stol kutiju za duhan.

MAMA: Jel to za mene?

IRENE: Ne. To je Tom.

MAMA: Tom?

IRENE: Htio je da ga kremiraju.

MAMA: Kremiraju?

IRENE: Prestani ponavljati za mnom.

MAMA: To je Tom?

IRENE: Aha.

MAMA: Mogu ga vidjeti?

IRENE: Ne.

Sheila priđe stolu za kojim sjede Doktor i Sestra.

DOKTOR: Možemo mi napokon naručit?

Mama očima fiksira kutiju.

MAMA: Ali… Bila si na njegovom sprovodu.

IRENE: Urna je prazna. Želio je da ga stavim u ovu kutiju za duhan i pošaljem u Rusiju.

MAMA: Rusiju?

IRENE: Rusiji s ljubavlju. Tako je rekao. Tamo je crkva i on želi da njegov pepeo pošaljem tamo.

Mama dodirne kutiju.

IRENE: Rekla sam ne.

MAMA: Samo ću zaviriti.

IRENE: Ne.

Sheila se vraća za stol Doktora i Sestre. Stavlja cappuccino ispred Sestre.

SHEILA: Mislim da je oženjen.

SESTRA: Znam to.

SHEILA: I ostat će oženjen.

Sheila ispred Doktora stavlja espresso.

SHEILA: Vaš espresso.

Sheila se vraća za šank.

MAMA: Lijepo. Lijepo da se vraćaš na fakultet.

IRENE: Aha.

MAMA: Iako si sad malo prestara za to.

IRENE: Aha, tako je, mama.

Sheila viče sa šanka.

SHEILA: Gotova ti je pauza!

Mama ustane.

MAMA: Dobro je da više ne radiš ovdje.

IRENE: Barem ti sad imaš posao.

MAMA: I teško ga je naći, vjeruj mi. Možda nisi trebala dat otkaz.

IRENE: Ali jesam.

MAMA: Nisam sigurna da je to bila pametna odluka. Nisam sigurna.

Irene ništa ne kaže. Mama uzme pregaču, stavlja je oko struka.

MAMA: Želiš još jednu kavu?

IRENE: Ne, dobro sam. Baš dobro.

Mama ode do šanka. Irene pije svoju kavu, gleda kroz prozor. Gleda život, onaj koji je pred njom.

Kraj i početak

Par Nina Mitrović

Nina Mitrović est née en 1978 à Slavonski Brod en Croatie.

Diplômée en dramaturgie par l’Académie des Arts de Zagreb, elle a également étudié à l’école du film de Londres. Elle est aujourd’hui auteur dramatique et scénariste pour la radio.

À ce jour, Nina Mitrović a écrit quatre drames :

Komsiluk Naglavacke (2002)

Kad se mrtvi pokoljemo (2003)

Ovaj krevet je prekratak ili samo fragmenti (2004)

Kolbaba i Brzojavko (2006)

Certains de ses textes ont déjà été publiés en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et en Autriche. Ils ont été montés à Berlin, à New York et à Londres.

Le texte « Ce lit est trop petit… » fait partie de la sélection des sept nouvelles œuvres dramatiques européennes de l’année 2005 par le Theatertreffen Festival de Berlin 2005.

Nina Mitrović est aussi l’auteur de quelques feuilletons radiophoniques dont certains ont été récompensés par des festivals européens (Prix Europa à Berlin, Prix Italia à Milan).

Jusqu’à présent, ses drames ont été traduits en anglais, slovène et allemand.

[1Ne figure pas dans la traduction :

MAMA: Muškarci to rade. Karaju okolo.