La morsure

La première caresse arriva sous l’eau

— éprouver sa fermeté

dans la fraîcheur incolore et fluide.

La deuxième fut un rien plus hardie

— une étreinte lutine

avant que ne s’avancent mes lèvres.

La morsure fut un délice.

En un instant

il y eut du sable entre

mes orteils et les rayons du soleil jouant

déjà à me titiller l’œil…

« ouvre-toi, ouvre-toi… »

Impossible

car alors le jus

emplissant mes joues

n’aurait plus été

cette brise tropicale

et la peau frottant à mes lèvres avides

aurait perdu

son mystère obscur.

Le délice d’une mangue

ne se peut goûter

que les yeux fermés.

Traduit par Sika Fakambi

The first caress was under water

— a testing of firmness

beneath a cool colourless flow.

The second was a touch much bolder

— a teasing squeeze

before I used my lips

The bite was heaven.

In an instant

there was sand between

my toes and sun rays were playing

a game of dare with my eyes...

“open up, open up...”

I couldn’t

for the juice

shaping my cheeks

would no longer be

a tropical breeze

and the skin rubbing my hungry lips

would lose

the mystery of the dark.

The paradise of a mango

can only be experienced

with the eyes closed.

Par Nii A. Parkes

Nii Ayikwei Parkes, poète, romancier, critique littéraire et éditeur, est né en 1974 au Royaume-Uni. Il partage sa vie entre Londres et Accra, au Ghana.

Sika Fakambi est née au Bénin en 1976. Elle a grandi entre Ouidah et Cotonou — a vécu à Paris, Dublin, Sydney, Toronto, Montréal — et réside maintenant à Nantes.