Ma mère m’a prévenu contre les types du genre relax
comme moi. Les types aux penchants alanguis, l’œil vif,
qui n’aiment rien tant que passer leur soirée
à goûter le monde au coin d’une rue, une tranche
aigre après l’autre. Les types en barbe rêche et dreadlocks,
dont les mains se trouvent si bien calées au fond
d’une poche. Les types toujours prêts à faire la pause
pour badigeonner les jours fades d’émerveillement et de bleu,
qui rêvent en langues, et sentent les épices,
les types dont la langue passe tout doux sur les lèvres.
Ma mère m’a dit de me tenir à l’écart des types aux bons
mots faciles comme moi, endurcis de soleil, aux rires
profonds et tatoués, usurpant la vocation du Dieu
créateur, pour réécrire jusqu’à leur peau.
My mother warned me about laid-back men
like me. Men with lazy leans and sharp eyes,
who love nothing than an evening
on a street corner tasting the world, slice
by sour slice. Men with rough beards and dreadlocks,
whose hands are comfortable settling into
pockets. Men with a thousand ways to pause
and paint plain days in shade of awe and blue,
who dream in many dialects, smell of spices,
men whose tongues slide easily over lips.
My mother told me to steer clear of Wise-
cracking men like me, sun-hardened, with deep
laughs and tattos, usurping God’s calling
as creator, rewriting their own skins.
Nii Ayikwei Parkes, poète, romancier, critique littéraire et éditeur, est né en 1974 au Royaume-Uni. Il partage sa vie entre Londres et Accra, au Ghana.
Sika Fakambi est née au Bénin en 1976. Elle a grandi entre Ouidah et Cotonou — a vécu à Paris, Dublin, Sydney, Toronto, Montréal — et réside maintenant à Nantes.