HERBERT Zbigniew

Zbigniew HERBERT est une figure majeure dans le paysage de la poésie polonaise du XXe siècle. Né en 1924 à Lviv (aujourd’hui Ukraine), il débute tardivement en 1956 au sein d’une génération de poètes plus jeunes. Ce décalage temporaire est dû à la résonance politique de ses poèmes : l’année de la publication de son premier recueil est aussi celle de l’adoucissement relatif du système totalitaire en Pologne, et avec lui du dégrèvement de la censure. Il écrit tout au long de sa vie : le dernier volume de ses poèmes paraît en 1998, quelques mois avant sa mort.

Observateur vigilant de la réalité polonaise d’après-guerre, explorateur barbare du jardin interdit de la culture européenne, il construit son œuvre autour de très nombreux thèmes réunis par un regard ironique. En effet, l’ironie, omniprésente dans la poésie de Herbert, est devenue un trait caractéristique de son écriture. Le détournement perfide du domaine de l’idéal et sa transformation en régime totalitaire compromettent le sens initial de la notion d’utopie : le poète fuit la tentation utopique par la voie de l’ironie. Et si, lorsqu’il se sent héritier de la culture européenne, l’utopie attire le poète, la distance ironique l’empêche d’affirmer librement cette attirance.

Sur Retors, cinq poèmes inédits en français, où ce principe ironique est magistralement appliqué. Les trois premiers marient d’une façon inattendue l’univers biblique à celui de la réalité socialiste en Pologne. Les deux suivants sont de rares exemples de poèmes érotiques dans l’œuvre de Zbigniew Herbert.
Monika Prochniewicz