Panorama d’un mélancolique

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Lundi 9 juillet 2012. Athènes.

La ville se prépare àsubir cet été le premier et sauvage assaut du vent qui vient de la Libye. L’air brûlant fait fumer le béton ; les balcons restent ouverts le jour et toute la nuit. L’une de mes joies presque quotidiennes, dans cette chaleur, c’est d’arroser les fleurs que j’ai plantées de mes mains sur la véranda, dans des pots en terre choisis un par un. Un plaisir enfantin me prend àvoir l’air s’échapper de la terre desséchée au fur et àmesure qu’elle déborde de l’eau claire acheminée par le tuyau d’arrosage vert de la véranda dans le petit écosystème qui accueille l’olivier, le camélia et l’hibiscus. J’arrose d’eau fraîche les cactus et les plantes grasses, en ces jours où la chaleur crée des mirages en plein centre d’Athènes. Mais je ne suis pas sûr que les cactus et les plantes grasses aient vraiment besoin des quantités d’eau que je leur déverse par mon cher tuyau d’arrosage en plastique. Peut-être répugnent-ils àtout ce qui contredit la mémoire, stockée dans leurs cellules, d’une antique indolence propre au désert, leur probable origine. Moi, par bonheur, je n’ai pas d’aussi vieux souvenirs. Je me développe àl’aise dans le biotope que m’offre la climatisation artificielle. À la fin elle arrive àtransformer cette heure de midi, instant où culminent les émanations des voitures et des trottoirs, en un agréable refuge pour mes habitudes. Mieux vaudrait pourtant, peut-être, que je sois moi aussi une plante grasse, un cactus aux piquants acérés, sans écrire, et n’aspirant qu’àla brûlure des déserts. Fée Morgane de l’été. Mon esprit s’échappe vers des climats plus frais.

Londres. Je visite la Tate Modern. C’est par un jour ensoleillé d’automne, le 25 octobre 2011. Je parcours les salles de l’exposition Panorama, une rétrospective en l’honneur du peintre Gerhard Richter. Je vois Tigre accroché dans la même salle que Ferrari, juste àcôté. Les deux tableaux dialoguent : le tigre se dirige vers la droite, les yeux braqués sur la malheureuse proie qui, sans méfiance, quelque part hors du cadre, se penche pour boire l’eau du petit lac voisin, lieu de ralliement de tous les fauves qui, assoiffés, se retrouvent au cœur du midi étouffant de la savane africaine. Sur l’autre tableau, Ferrari, la voiture roule àgrande vitesse vers la gauche : ses contours exacts se brouillent grâce àla célèbre technique de Richter, donnant l’impression que le véhicule est en mouvement. Le tigre et la Ferrari vont entrer en collision. Embuscade dans les tropiques. Les vapeurs brûlantes de l’été et la vitesse avec laquelle les tableaux reviennent àla mémoire engendrent un mirage de midi : fourrure et tôle, muscles en éveil maximal et moteur lancé àfond, légèreté d’allure et grondement, herbes sèches et hauts bouleaux tachetés, tigre et Ferrari, des taches noires et blanches de peinture sur la toile, trajectoires de découverte mutuelle par la violence. Et moi, dans Athènes, je m’échine àchercher quelle peut bien être la victime, le tigre, la Ferrari ou bien peut-être moi et mes plantes grasses. Je dessèche le lac parce que j’ai peur de la réponse. Mort, le tigre. Le moteur de la Ferrari fume.

I
iòta

Certains fanatiques affirment que la photographie est une activité impie parce qu’elle ose vouloir représenter Dieu lui-même. Le 7 avril 2013, àAmsterdam, au petit jour, émergeant d’une mer de noirceur, j’inspire profondément. Je n’ai jamais été iconoclaste : avec précaution, je replonge dans la photographie de celui qui a tout pouvoir sur moi. Je m’agenouille devant cette présence divine. Mais comment se fait-il que je sois consumé d’un tel amour sacré ? Décidément, je suis croyant, rien n’a changé depuis ma petite enfance, un abandon pareil àla passion religieuse, àla fin, dépasse les bornes. Je suis paralysé. Inapte àtoute concentration, je ne travaille plus, je ne me fie plus àma langue, je penche àl’envers, maladroit je reviens au début de mon adolescence. Voyage de retour àl’ancienne jeunesse, phénomène mystique de catalepsie. Je suis dans une situation d’attente continuelle et ne peux dire àcoup sûr si j’ai le cœur àrire ou àpleurer, ou, plus précisément, je ne trouve pas moyen de pleurer. Quel supplice ! Je brûle de me concentrer tout entier dans les deux mots tout-puissants.

Plus tôt, ce matin, j’ai fait tout mon possible pour arriver àvoir Filippo, mais il n’a pas voulu. Ma déception était si forte que, deux heures durant, le désir amoureux a paru s’être volatilisé, telle une brume matinale aux premiers feux du soleil Vérité. Mais àce qu’il paraît, le printemps est partout en moi et avec lui, ses variations climatiques. La nuée noire de mon désir a précipité dans ma bile un nouvel orage. Le vent se déchaîne encore. Mes fenêtres sont mouillées du dehors par une eau sombre tombant d’un ciel créé au temps mythologique qui donna naissance àl’Italien. Je le regarde sur l’une de ses nombreuses photographies, visage tendrement pensif qui souvent glisse dans des expressions de félicité parfaite. Pourquoi, mon Dieu, pareille envie ? Je meurs chaque jour, parce que chaque jour je le perds. Le mal le plus mortel, c’est le désir d’amour inaccompli, non payé de retour. Que la Baleine blanche m’avale, m’engloutisse ! Que je sois là, au fond de ses entrailles, àmesurer le temps, en suivant l’allure mélancolique des jaillissements de son jet. À ce qu’il paraît, je mesure bien, ce qui veut dire que je n’ai plus aucun espoir. Ce talent pourvoyeur de désespoir me vaut l’injonction sans appel àrester éveillé, mesurant le passage sisyphéen du temps.

X
khi

7 mars 2015. Début de soirée.

Je sors du Stedelijk Museum, laissant derrière moi la section consacrée àEd Atkins. Je me mets àmarcher dans les rues bruyantes d’Amsterdam. Mes yeux sont encore humides. Quelque chose de spécial s’est passé là-bas, dans la salle aux trois écrans. Je l’éprouve sans pouvoir le nommer. Je ne suis pas pressé. Je respire l’air du soir. Peu àpeu mon cœur se détache de la fièvre. Pas après pas grandit en moi la sensation que je commence tout juste àm’éveiller du plus terrible des cauchemars.

Ψ
psi

Tout au bout de la nuit précédant la première de mon texte Nature morte. À la gloire de la ville au Festival d’Avignon, le 9 juillet 2014, alors que je me trouvais déjàdepuis quelques jours dans cette ville du Sud de la France, logé dans un appartement proche des remparts Nord, j’ai fait un rêve étrange. Je me souviens de cette image : un homme âgé est assis près de la mer. Du temps se passe sans qu’il n’arrive rien de remarquable. À un moment l’homme se retourne vers moi et, me regardant calmement, me dit : « Aucun feu ne saurait le vaincre. Tu vois, l’océan ne s’évapore pas. » Je m’éveille. J’émerge des profondeurs des plaques tectoniques. À côté de moi, le corps tiède de Jason, mon ami australien. Ses jambes mêlées aux miennes, il me tient tendrement embrassé dans son sommeil, me rappelant comme il est beau de ne pas dormir seul.

Traduit par Myrto Gondicas

Δέλτα

Î”ÎµÏ…Ï„Î­Ï Î± 9 Ιουλίου 2012. Αθήνα.

Η πόλη ανασκουμπώνεται για την επικείμενη Ï€Ï ÏŽÏ„Î· Î¬Î³Ï Î¹Î± επέλαση του λίβα αυτό το ÎºÎ±Î»Î¿ÎºÎ±Î¯Ï Î¹.Τα τσιμέντα αχνίζουν απ’ τον ÎºÎ±Ï ÏƒÏ‰Î½Î± και τα μπαλκόνια Ï€Î±Ï Î±Î¼Î­Î½Î¿Ï…Î½ ανοιχτά καθ’ όλη τη Î½Ï Ï‡Ï„Î± και τη Î¼Î­Ï Î±. Μια από τις σχεδόν ÎºÎ±Î¸Î·Î¼ÎµÏ Î¹Î½Î­Ï‚ Ï‡Î±Ï Î­Ï‚ μου μέσα σε τέτοια ζέστη είναι το πότισμα των λουλουδιών που με τα Ï‡Î­Ï Î¹Î± μου έχω φυτέψει σε πήλινες Î³Î»Î¬ÏƒÏ„Ï ÎµÏ‚ διαλεγμένες μία Ï€Ï Î¿Ï‚ μία στη Î²ÎµÏ Î¬Î½Ï„Î±. Με πιάνει παιδική ÎµÏ…Ï‡Î±Ï Î¯ÏƒÏ„Î·ÏƒÎ· να βλέπω το πώς ο Î±Î­Ï Î±Ï‚ Î´Ï Î±Ï€ÎµÏ„ÎµÏ ÎµÎ¹ από το Î¾ÎµÏ Î±Î¼Î­Î½Î¿ χώμα καθώς αυτό ξεχιλίζει με Î³Î¬Ï Î³Î±Ï Î¿ Î½ÎµÏ ÏŒ Ï†ÎµÏ Î¼Î­Î½Î¿ με το Ï€Ï Î¬ÏƒÎ¹Î½Î¿ λάστιχο της Î²ÎµÏ Î¬Î½Ï„Î±Ï‚ στο Î¼Î¹ÎºÏ ÏŒ της Î¿Î¹ÎºÎ¿ÏƒÏ ÏƒÏ„Î·Î¼Î± που φιλοξενεί την ελιά, την καμέλια και τον ιβίσκο. Ποτίζω Î´Ï Î¿ÏƒÎµÏ ÏŒ Î½ÎµÏ ÏŒ τους κάκτους και τα Ï€Î±Ï‡Ï Ï†Ï…Ï„Î±, αυτές τις Î¼Î­Ï ÎµÏ‚ που η ζέστη Î´Î·Î¼Î¹Î¿Ï…Ï Î³ÎµÎ¯ Î±Î½Ï„Î¹ÎºÎ±Ï„Î¿Ï€Ï„Ï Î¹ÏƒÎ¼Î¿Ï Ï‚ στο ÎºÎ­Î½Ï„Ï Î¿ της Αθήνας. Όμως δεν είμαι ÏƒÎ¯Î³Î¿Ï…Ï Î¿Ï‚ αν οι κάκτοι και τα Ï€Î±Ï‡Ï Ï†Ï…Ï„Î± Î¶Î·Ï„Î¿Ï Î½ Ï€Ï Î±Î³Î¼Î±Ï„Î¹ÎºÎ¬ την αφθονία του Î½ÎµÏ Î¿Ï Ï€Î¿Ï… τους Ï€Î±Ï Î­Ï‡Ï‰ με το αγαπημένο μου πλαστικό λάστιχο. ÎœÏ€Î¿Ï ÎµÎ¯ να Î±Î½Ï„Î¹Ï€Î±Î¸Î¿Ï Î½ οτιδήποτε αντιβαίνει στην ÎºÏ…Ï„Ï„Î±Ï Î¹ÎºÎ® μνήμη μιας παλαιάς ÎµÏ Î·Î¼Î¹ÎºÎ®Ï‚ Ï Î±ÏƒÏ„ÏŽÎ½Î·Ï‚, απ’ όπου ίσως Ï€Ï Î¿Î­Ï Ï‡Î¿Î½Ï„Î±Î¹. Εγώ, ευτυχώς, δεν έχω τέτοια Î±Ï Ï‡Î±Î¯Î± ανάμνηση. Î•Ï ÎºÎ¿Î»Î± Î±Î½Î±Ï€Ï„Ï ÏƒÏƒÎ¿Î¼Î±Î¹ μέσα στο Î´Ï Î¿ÏƒÎµÏ ÏŒ ενδιαίτημα που μου Ï€Î±Ï Î­Ï‡ÎµÎ¹ ο τεχνητός κλιματισμός. ÎšÎ±Ï„Î¿Ï Î¸ÏŽÎ½ÎµÎ¹ τελικά να Î¼ÎµÏ„Î±Ï„Ï Î­ÏˆÎµÎ¹ αυτό το Î¼ÎµÏƒÎ·Î¼Î­Ï Î¹, τη στιγμή που οι αναθυμιάσεις των Ï€ÎµÎ¶Î¿Î´Ï Î¿Î¼Î¯Ï‰Î½ και των αυτοκινήτων ÎºÎ¿Ï Ï…Ï†ÏŽÎ½Î¿Î½Ï„Î±Î¹, σε φιλικό ÎºÎ±Ï„Î±Ï†Ï Î³Î¹Î¿ γιά τις έξεις μου. Ίσως ωστόσο να ήτανε ÎºÎ±Î»Ï Ï„ÎµÏ Î± να ήμουν κι εγώ ένα Ï€Î±Ï‡Ï Ï†Ï…Ï„Î¿, κάκτος με Î¼Ï…Ï„ÎµÏ Î¬ αγκάθια, να μην Î­Î³Ï Î±Ï†Î±, να αποζητώ μονάχα την κάψα των ÎµÏ Î®Î¼Ï‰Î½. Φάτα ÎœÎ¿Ï Î³ÎºÎ¬Î½Î± του ÎºÎ±Î»Î¿ÎºÎ±Î¹Ï Î¹Î¿Ï . Ο νους μου Î´Î¹Î±Ï†ÎµÏ Î³ÎµÎ¹ σε πιο Î´Ï Î¿ÏƒÎµÏ Î¬ κλίματα.

Λονδίνο. Επισκέπτομαι την Τέιτ ÎœÏŒÎ½Ï„ÎµÏ Î½. Είναι μια Ï†Î¸Î¹Î½Î¿Ï€Ï‰Ï Î¹Î½Î® ηιόλουστη Î¼Î­Ï Î± η 25η ÎŸÎºÏ„Ï‰Î²Ï Î¯Î¿Ï… του 2011. Î ÎµÏ Î¹Ï†Î­Ï Î¿Î¼Î±Î¹ στις αίθουσες της έκθεσης Î Î±Î½ÏŒÏ Î±Î¼Î±, Ï ÎµÏ„Ï Î¿ÏƒÏ€ÎµÎºÏ„Î¯Î²Î± Ï€Ï Î¿Ï‚ τιμή του Î¶Ï‰Î³Ï Î¬Ï†Î¿Ï… Î“ÎºÎ­Ï Ï‡Î±Ï Î½Ï„ Î¡Î¯Ï‡Ï„ÎµÏ . Βλέπω τον πίνακα Î¤Î¯Î³Ï Î· ÎºÏ ÎµÎ¼Î±ÏƒÎ¼Î­Î½Î¿ στην ίδια αίθουσα δίπλα απο τον πίνακα Ferrari. Οι δυό πίνακες ÏƒÏ…Î½Î¿Î¼Î¹Î»Î¿Ï Î½ : η Ï„Î¯Î³Ï Î· ÎºÎ±Ï„ÎµÏ…Î¸Ï Î½ÎµÏ„Î±Î¹ Ï€Ï Î¿Ï‚ τα δεξιά, με το βλέμμα της σφιχτά δεμένο στο κακότυχο Î¸Î®Ï Î±Î¼Î¬ της. Ανυποψίαστο, κάπου έξω από τον πίνακα, ÏƒÎºÏ Î²ÎµÎ¹ να πιεί Î½ÎµÏ ÏŒ από την κοντινή Î»Î¹Î¼Î½Î¿Ï Î»Î±, σημείο αναγκαστικής συνάντησης όλων των Î¸Î·Ï Î¯Ï‰Î½ που διψασμένα καταφθάνουν στην ÎºÎ±Ï Î´Î¹Î¬ του φλεγόμενου Î¼ÎµÏƒÎ·Î¼ÎµÏ Î¹Î¿Ï Ï„Î·Ï‚ Î±Ï†Ï Î¹ÎºÎ±Î½Î¹ÎºÎ®Ï‚ σαβάνας. Στον άλλο πίνακα με την Ferrari, το αυτοκίνητο Ï„Ï Î­Ï‡ÎµÎ¹ με υψηλή Ï„Î±Ï‡Ï Ï„Î·Ï„Î± Ï€Ï Î¿Ï‚ τα Î±Ï Î¹ÏƒÏ„ÎµÏ Î¬ : το Î±ÎºÏ Î¹Î²Î­Ï‚ Ï€ÎµÏ Î¯Î³Ï Î±Î¼Î¼Î¬ του χάνεται Ï‡Î¬Ï Î· στη φημισμένη τεχνική του Î¡Î¯Ï‡Ï„ÎµÏ ÎºÎ±Î¹ δίνει έτσι την ÎµÎ½Ï„Ï Ï€Ï‰ÏƒÎ· πως το όχημα Î²Ï Î¯ÏƒÎºÎµÏ„Î±Î¹ εν κινήσει. Î¤Î¯Î³Ï Î· και Ferrari Ï€Ï ÏŒÎºÎµÎ¹Ï„Î±Î¹ να ÏƒÏ…Î³ÎºÏ Î¿Ï…ÏƒÏ„Î¿Ï Î½. Î•Î½Î­Î´Ï Î± στους Î¤Ï Î¿Ï€Î¹ÎºÎ¿Ï Ï‚. Οι καυτοί ατμοί του ÎºÎ±Î»Î¿ÎºÎ±Î¹Ï Î¹Î¿Ï ÎºÎ±Î¹ η υψηλή Ï„Î±Ï‡Ï Ï„Î·Ï„Î± με την οποία ÎµÏ€Î¹ÏƒÏ„Ï Î­Ï†Î¿Ï…Î½ οι πίνακες στη μνήμη Î³ÎµÎ½Î½Î¿Ï Î½ Î¼ÎµÏƒÎ·Î¼ÎµÏ Î¹Î±Î½Î® οφθαλμαπάτη : Î³Î¿Ï Î½Î± και Î»Î±Î¼Î±Ï Î¯Î½Î±, Î¼Ï ÎµÏ‚ σε Î¬ÎºÏ Î± ÎµÎ³Ï Î®Î³Î¿Ï ÏƒÎ· και μηχανή σε Ï€Î»Î®Ï Î· Î­Î¾Î±Ï ÏƒÎ·, ÎµÎ»Î±Ï†Ï Î¿Ï€Î¬Ï„Î·Î¼Î± και Î¼Î¿Ï…Î³ÎºÏ Î·Ï„ÏŒ, Î¾ÎµÏ Î¬ Ï‡ÏŒÏ Ï„Î± και ψηλές πιτσιλωτές ÏƒÎ·Î¼Ï Î´ÎµÏ‚, Î¤Î¯Î³Ï Î· και Ferrari, Î±ÏƒÏ€Ï ÏŒÎ¼Î±Ï…Ï ÎµÏ‚ ÎºÎ¹Î½Î¿Ï Î¼ÎµÎ½ÎµÏ‚ λαδομπογιές πάνω σε καμβάδες σε Ï„Ï Î¿Ï‡Î¹Î¬ βίαιης αμοιβαίας ανακάλυψης. Κι εγώ στην Αθήνα αγωνιώ ποιο να’ναι Î¬Ï Î±Î³Îµ το Î¸Î®Ï Î±Î¼Î±, η Ï„Î¯Î³Ï Î·, η Ferrari η μήπως εγώ και τα Ï€Î±Ï‡Ï Ï†Ï…Ï„Î¬ μου. ÎžÎµÏ Î±Î¯Î½Ï‰ τη λίμνη γιατί φοβάμαι την απάντηση. Î ÎµÎºÏ Î® η Ï„Î¯Î³Ï Î·. Ατμοί στη μηχανή της Ferrari.

Ιώτα

ÎŸÏ Î¹ÏƒÎ¼Î­Î½Î¿Î¹ φανατικοί Ï…Ï€Î¿ÏƒÏ„Î·Ï Î¯Î¶Î¿Ï…Î½ ότι η Ï†Ï‰Ï„Î¿Î³Ï Î±Ï†Î¯Î± είναι ασχολία Î¹ÎµÏ ÏŒÏƒÏ…Î»Î· επειδή τολμά να διεκδικεί το απείκασμα του ίδιου του Î˜ÎµÎ¿Ï . Î§Î±Ï Î¬Î¼Î±Ï„Î± της 7ης Î‘Ï€Ï Î¹Î»Î¯Î¿Ï… 2013, στο Î†Î¼ÏƒÏ„ÎµÏ Î½Ï„Î±Î¼, Î±Î½Î±Î´Ï Î¿Î¼Î±Î¹ στην επιφάνεια Î¼Î±Ï Ï Î·Ï‚ θάλασσας και Ï€Î±Î¯Ï Î½Ï‰ βαθειά εισπνοή. Ουδέποτε Ï…Ï€Î®Ï Î¾Î± εικονοκλάστης, οπότε με ευλάβεια ξαναβυθίζομαι στη Ï†Ï‰Ï„Î¿Î³Ï Î±Ï†Î¯Î± εκείνου που με εξουσιάζει. Î Ï Î¿ÏƒÎºÏ…Î½ÏŽ τον δαίμονα. Μα πώς είναι δυνατό να είμαι κεκαυμένος από τέτοιον θείο Î­Ï Ï‰Ï„Î± ; Είμαι Î¬Î½Î¸Ï Ï‰Ï€Î¿Ï‚ Î¸Ï Î·ÏƒÎºÎµÏ…Ï„Î¹ÎºÏŒÏ‚ λοιπόν, τίποτε δεν έχει αλλάξει από Î¼Î¹ÎºÏ ÏŒ παιδί, τέτοια αφοσίωση στο Î¹ÎµÏ ÏŒ πάθος εντέλει Î¾ÎµÏ€ÎµÏ Î½Î¬ το Î¼Î­Ï„Ï Î¿. Έχω Ï€Î±Ï Î±Î»Ï ÏƒÎµÎ¹. Αδυνατώ να ÏƒÏ…Î³ÎºÎµÎ½Ï„Ï Ï‰Î¸ÏŽ, έχω σταματήσει να ÎµÏ Î³Î¬Î¶Î¿Î¼Î±Î¹, δεν ÎµÎ¼Ï€Î¹ÏƒÏ„ÎµÏ Î¿Î¼Î±Î¹ τη γλώσσα μου, Î³ÎµÏ Î½ÏŽ Î±Î½Ï„Î¯ÏƒÏ„Ï Î¿Ï†Î±, ÎµÏ€Î¹ÏƒÏ„Ï Î­Ï†Ï‰ άτσαλα στην Ï€Ï ÏŽÏ„Î· μου εφηβεία. Ταξίδι ÎµÏ€Î¹ÏƒÏ„Ï Î¿Ï†Î®Ï‚ στην παλαιά νεότητα, μυστικό φαινόμενο καταληψίας. Î’Ï Î¯ÏƒÎºÎ¿Î¼Î±Î¹ σε Î´Î¹Î±Ï ÎºÎ® κατάσταση αναμονής, δεν Î¼Ï€Î¿Ï ÏŽ να πώ με ÏƒÎ¹Î³Î¿Ï…Ï Î¹Î¬ αν θέλω να κλάψω ή να γελάσω ή, πιό σωστά, δεν Î¼Ï€Î¿Ï ÏŽ να Î²Ï ÏŽ Ï„Ï ÏŒÏ€Î¿ να κλάψω. Τι Î¼Î±Ï Ï„Ï Ï Î¹Î¿ Ï€ÎµÏ Î½ÏŽ ! Φλέγομαι να συμπυκνωθώ στις Î´Ï Î¿ Ï€Î±Î½Ï„Î¿Î´Ï Î½Î±Î¼ÎµÏ‚ λέξεις.

Î Ï‰Ï Î¯Ï„ÎµÏ Î± ÏƒÎ®Î¼ÎµÏ Î± έκανα ÏŒ, τι Î¼Ï€Î¿Ï Î¿Ï ÏƒÎ± Ï€Ï Î¿ÎºÎµÎ¹Î¼Î­Î½Î¿Ï… να δώ τον Φίλιπο, μα εκείνος Î±Ï Î½Î®Î¸Î·ÎºÎµ. Η απογοήτευση μου ήταν τόσο μεγάλη που για δυό ÏŽÏ ÎµÏ‚ έμοιασε ο Î­Ï Ï‰Ï„Î±Ï‚ να έχει εξατμιστεί, Ï€Ï Ï‰Î¹Î½Î® ομίχλη στο Ï€Ï ÏŽÏ„Î¿ φως του ήλιου της αλήθειας. Όμως, απ’ ÏŒ, τι φαίνεται, η άνοιξη είναι Ï€Î±Î½Ï„Î¿Ï Î¼Î­ÏƒÎ± μου και μαζί μ’ αυτήν κι ο άστατος ÎºÎ±Î¹Ï ÏŒÏ‚ της. Î£Ï Î½Ï„Î¿Î¼Î± η Î±Î½Ï„Î¬Ï Î± του Î­Ï Ï‰Ï„Î¬ μου ξέσπασε στη χολή μου νέα καταιγίδα. Ακόμη ο άνεμος λυσσομανά. Τα Ï€Î±Ï Î¬Î¸Ï…Ï Î¬ μου Î²Ï Î­Ï‡Î¿Î½Ï„Î±Î¹ ÎµÎ¾Ï‰Ï„ÎµÏ Î¹ÎºÎ¬ από το Î¼Î±Ï Ï Î¿ Î½ÎµÏ ÏŒ που κατεβαίνει από τον Î¿Ï…Ï Î±Î½ÏŒ που Î´Î·Î¼Î¹Î¿Ï…Ï Î³Î®Î¸Î·ÎºÎµ κατά την εποχή της μυθολογίας που γέννησε τον Ιταλό. Τον κοιτάζω σε μία από τις πολλές Ï†Ï‰Ï„Î¿Î³Ï Î±Ï†Î¯ÎµÏ‚ του μ’ εκείνο το γλυκά στοχαστικό του Ï€Ï ÏŒÏƒÏ‰Ï€Î¿ που Î³Î»Î¹ÏƒÏ„Ï Î¬ συχνά σε ÎµÎºÏ†Ï Î¬ÏƒÎµÎ¹Ï‚ τέλειας ευδαιμονίας. Γιατί, Θεέ μου, τέτοιος πόθος ; Πεθαίνω ÎºÎ±Î¸Î·Î¼ÎµÏ Î¹Î½Î¬ γιατί ÎºÎ±Î¸Î·Î¼ÎµÏ Î¹Î½Î¬ τον χάνω. Το μέγιστο θανατικό είναι ο μη ÎµÎºÏ€Î»Î·Ï Ï‰Î¼Î­Î½Î¿Ï‚, μη ανταποδωμένος Î­Ï Ï‰Ï„Î±Ï‚. Ας με καταπιεί η Î„Î‘ÏƒÏ€Ï Î· Φάλαινα, ας με καταπιεί. Ας είμαι εκεί, στα βαθιά της σπλάχνα, να Î¼ÎµÏ„Ï ÏŽ τον Ï‡Ï ÏŒÎ½Î¿, στο τέμπο των μελαγχολικών ÎµÎºÏ„Î¿Î¾ÎµÏ ÏƒÎµÏ‰Î½ του πίδακά της. Φαίνεται είμαι καλός στο Î¼Î­Ï„Ï Î·Î¼Î±, Ï€Ï Î¬Î³Î¼Î± που σημαίνει πως δεν έχω πια καμιά ελπίδα. Γι’ αυτό το τάλαντο που Ï†Î­Ï Î½ÎµÎ¹ απελπισία είναι που ÎºÎ±Î»Î¿Ï Î¼Î±Î¹ τόσο απόλυτα να Î¼ÎµÏ„Ï ÏŽ Î¬Î³Ï Ï…Ï€Î½Î¿Ï‚ το ÏƒÎ¹ÏƒÏ Ï†ÎµÎ¹Î¿ Ï€Î­Ï Î±ÏƒÎ¼Î± του Ï‡Ï ÏŒÎ½Î¿Ï….

Χί

7 ÎœÎ±Ï Ï„Î¯Î¿Ï… 2015. Î Ï‰Ï Î¯Ï‚ το Î²Ï Î¬Î´Ï….

Βγαίνω απ’ το Μουσείο Στέιντελικ, αφήνω πίσω μου το ÏƒÏ Î¼Ï€Î±Î½ του Εντ Άτκινς. Ξεκινώ να Ï€ÎµÏ Ï€Î±Ï„ÏŽ στους Ï€Î¿Î»Ï Î²Î¿Ï…Î¿Ï…Ï‚ Î´Ï ÏŒÎ¼Î¿Ï…Ï‚ του Î†Î¼ÏƒÏ„ÎµÏ Î½Ï„Î±Î¼. Τα μάτια μου είναι ακόμα Ï…Î³Ï Î¬. Κάτι Î¹Î´Î¹Î±Î¯Ï„ÎµÏ Î¿ συνέβη εκεί μέσα στην αίθουσα με τις Ï„Ï ÎµÎ¯Ï‚ οθόνες. Το νιώθω, μα δεν Î¼Ï€Î¿Ï ÏŽ να το ονομάσω. Δεν βιάζομαι. Αναπνέω τον Î²Ï Î±Î´Î¹Î½ÏŒ Î±Î­Ï Î±. Σιγά σιγά η ÎºÎ±Ï Î´Î¹Î¬ μου Î±Ï€Î¿Î¼Î±ÎºÏ Ï Î½ÎµÏ„Î±Î¹ από τον Ï€Ï…Ï ÎµÏ„ÏŒ. Βήμα το βήμα δυναμώνει μέσα μου η αίσθηση ότι μόλις Î±Ï Ï‡Î®Î¶Ï‰ να ξυπνώ από τον πιο Ï„Ï Î¿Î¼Î±Ï‡Ï„Î¹ÎºÏŒ εφιάλτη.

Ψί

Τα Î¾Î·Î¼ÎµÏ ÏŽÎ¼Î±Ï„Î± της Î½Ï Ï‡Ï„Î±Ï‚ Ï€Ï Î¹Î½ από την Ï€Ï ÎµÎ¼Î¹Î­Ï Î± του κειμένου μου Î ÎµÎºÏ Î® Ï†Ï ÏƒÎ·. Î Ï Î¿Ï‚ δόξα της πόλης στο Φεστιβάλ της Αβινιόν, στις 9 Ιουλίου 2014, όντας ήδη Ï€Ï Î¹Î½ από Î¼ÎµÏ Î¹ÎºÎ­Ï‚ Î¼Î­Ï ÎµÏ‚ στην ομώνυμη πόλη του Î“Î±Î»Î»Î¹ÎºÎ¿Ï Î ÏŒÏ„Î¿Ï… και διαμένοντας σ’ένα Î´Î¹Î±Î¼Î­Ï Î¹ÏƒÎ¼Î± κοντά στα Î²Î¿Ï Î¹Î½Î¬ της τείχη, Î¿Î½ÎµÎ¹Ï ÎµÏ Ï„Î·ÎºÎ± κάτι Ï€Î±Ï Î¬Î¾ÎµÎ½Î¿. Θυμάμαι αυτή την εικόνα : Ένας Î¬Î½Ï„Ï Î±Ï‚ μεγάλης ηλικίας κάθεται δίπλα στην θάλασσα. Î ÎµÏ Î½Î¬ ÏŽÏ Î± δίχως τίποτε σημαντικό να συμβεί. Κάποια στιγμή ο Î¬Î½Ï„Ï Î±Ï‚ Î³Ï…Ï Î¯Î¶ÎµÎ¹ Ï€Ï Î¿Ï‚ το Î¼Î­Ï Î¿Ï‚ μου και με κοιτάζει Î®Ï ÎµÎ¼Î¿Ï‚. Μου λέει : « Καμία φωτιά δεν τον νικά. Βλέπεις, ο ωκεανός δεν εξατμίζεται. » Ξυπνώ. Î‘Î½Î­Ï Ï‡Î¿Î¼Î±Î¹ απο βαθιά μέσα στις τεκτονικές πλάκες. Δίπλα μου, το ζεστό σώμα του Τζέισον, του Î‘Ï…ÏƒÏ„Ï Î±Î»Î¿Ï Ï†Î¯Î»Î¿Ï… μου. Τα πόδια του μπλεγμένα στα δικά μου, με αγκαλιάζει Ï„Ï Ï…Ï†ÎµÏ Î¬ στον Ï Ï€Î½Î¿ του και μου θυμίζει την Î¿Î¼Î¿Ï Ï†Î¹Î¬ Ï„Î¿Ï Î½Î± μην κοιμάσαι μόνος.

Par Manòlis Tsìpos

Manòlis Tsìpos est né en 1979 àAthènes. Il écrit de la poésie et des textes dramatiques, dans un dialogue ouvert avec les formes contemporaines de la représentation, théâtrales et autres. Le Panorama d’un mélancolique est sa première fiction d’une certaine étendue ; il a publié d’autres textes chez des éditeurs grecs ainsi qu’en revues (en Grèce, en France, aux Etats-Unis). Il a reçu en Grèce plusieurs prix (premier prix du scénario de court et long métrage, décerné par le Centre national du livre en 2005 et en 2006 ; Premier prix du concours des jeunes écrivains de théâtre organisé par le Théâtre national). En France, sa pièce Nature morte. À la gloire de la ville a été créée en 2014 àCaen (au Panta théâtre) puis au Festival d’Avignon (mise en scène Michel Raskine) ; on peut en lire un extrait dans le recueil Auteurs dramatiques grecs d’aujourd’hui. Miroirs tragiques, fables modernes (2014, co-édition Théâtrales / Maison Antoine Vitez).
C’est un artiste de la performance, et aussi un pédagogue confirmé, qui a enseigné son art dans de nombreux pays d’Europe.

Nous vous proposons de découvrir ici les extraits de Panorama d’un mélancolique, (éditions Gavriïlìdis, Athènes, 2018).

Myrto Gondicas est traductrice du grec (ancien et moderne) et travaille essentiellement pour le théâtre. Ses traductions, théâtre, prose ou poésie, sont souvent accueillies en revue (Phoenix, Fario, La Revue des Belles Lettres, Sarrazine…). Membre du Comité grec de la Maison Antoine Vitez (Centre international de traduction théâtrale), elle a récemment coordonné deux anthologies du théâtre grec moderne et contemporain. Dernière traduction parue : Le Renard dans l’escalier (recueil de nouvelles) d’Ilìas Papamòskhos, avec Michel Volkovitch (éd. Le Miel des anges).