RUSSELL G.W. dit AE

George William Russell (1867-1935) est un poète irlandais, ami et contemporain de William Butler Yeats. Le génie de ce dernier a complètement effacé la figure d’un homme longtemps pris pour un doux rêveur, en dépit de sa constante implication dans la vie politique irlandaise. George William Russell signe ses écrits du nom de A.E., abréviation de Aeon, qui désigne chez les gnostiques les premiers êtres émanés de l’intelligence divine, avant l’homme.

Ce pseudonyme met en évidence le caractère ésotérique de l’inspiration de A.E., ainsi que son ancrage dans l’Irlande mythique. A.E. est un personnage atypique, comme beaucoup de chantres qui font partie de la Renaissance Celtique (Celtic Revival), mouvement né à la fin du XIXe siècle qui met en avant la cause celte, face à une Angleterre soucieuse d’assurer sa prééminence littéraire, et d’annexer les territoires mais aussi l’imaginaire des Celtes.

Le monde des fées et des dieux, manifeste dans toute sa poésie est pris dans un système théologique ésotérique, dont la cohérence s’affirme au fil de l’œuvre poétique. Il n’y a nulle affectation dans le ton prophétique de cette poésie mais plutôt la sincérité d’un homme qui se sent doué du don de seconde vue, propre aux anciens bardes celtiques, et que l’on peut sans hésitation rattacher à une lignée de poètes visionnaires, tels William Blake ou John Milton.

Charlotte Michaux

Sur Retors, trois poèmes de G.W. Russell.