Au début du XXe siècle, après des études en mathématiques et en sciences naturelles, Vélimir KHLEBNIKOV (1885-1922) part à Saint-Pétersbourg étudier les langues orientales et la philologie slave. Là-bas, il rejoint l’avant-garde du modernisme littéraire.
La Tentation du pêcheur, son premier texte publié en 1908, surprend par la profusion de ses néologismes. Il s’achève sur ses mots :
Avec La conjuration par le rire, paru dans Le Studio des Impressionnistes en 1910, Khlebnikov écrit un texte-manifeste qui fait de lui l’inspirateur du futurisme russe, qu’il nomme boudetlianstvo ou « futurianisme » :
Absorbé par les lois numériques et universelles, Khlebnikov élabore une théorie du temps circulaire qu’une langue devenue prophétique serait à même de traduire et d’annoncer. Ses recherches scientifiques et poétiques l’amènent à utiliser cette langue d’outre-entendement, le Zaoum - littéralement « surraison », langue stellaire censée pallier la langue du figurable qualifiée par lui de « pauvre aboiement signifiant ». S’il parvient à maîtriser la temporalité par la création d’une langue qui saisit l’instant et préfigure le futur, l’artiste peut alors construire la vie.
Sarah Cillaire
Sur Retors : cinq poèmes de Vélimir Khlébnikov.