IV. Fragments de Pete hors de lui, de sexe, de vérité

FRAGMENTS DE PETE HORS DE LUI :

Le salon. Pete et Irène sont au milieu.

Irène : Il a soixante ans.

Pete : Soixante ans mon cul ! Ne me raconte pas de conneries !

Irène : Je te dis la vérité.

Pete : Ouais, et moi je suis un crétin. Est-ce que j’ai l’air d’un crétin ?

Irène : Maintenant, oui.

Pete marche vers Irène.

Pete : Qu’est-ce que tu viens de dire ?

Irène : Rien.

Irène se recule.

Pete : C’est ça, rien. Donc, il a quel âge ?

Irène : Vingt ans.

Pete : Je le savais !

Pete frappe du poing le placard, puis gémit.

Pete : Putain !

Pete tient son poing. C’est vraiment douloureux.

Irène : Ça va ?

Pete : Est-ce que j’en ai l’air ?

Irène : Tu veux de la glace ?

Pete : Vingt ans, hein ?

Irène : Il n’a pas vingt ans.

Pete : Tu viens de dire que si.

Irène : J’ai menti.

Pete : Irène, tu me fous en rogne.

Irène : Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?

Pete : La putain de vérité !

Irène : Il a soixante ans. Je te l’ai dit.

Pete : Ouais, et toi tu en as dix-huit.

Irène : Non, j’ai vingt-sept ans.

Pete : Ça je le sais. Et je sais aussi qu’il n’a pas soixante ans. Il t’a baisée?

Irène rigole. Pete est totalement hors de lui.

Pete : Ce n’est pas drôle. Pas drôle du tout, Irène.

Irène : Il ne m’a pas baisée.

Pete : Pas encore ?

Irène : Non, pas encore.

Pete : Je devrais simplement te tuer tout de suite, tu le sais ça ?

Irène : Pourquoi ?

Pete : Pourquoi ? Tu me demandes pourquoi ?

Irène : Ouais, je te demande pourquoi.

Pete : Parce que tu baises avec lui !

Irène : Non.

Pete : Je ne suis pas stupide, Irène.

Irène : Tu l’as déjà dit.

Pete s’avance très près d’Irène.

Pete : Qu’est-ce que j’ai fait ?

Irène regarde Pete droit dans les yeux.

Irène : Dit. Déclaré.

Pete saisit le menton d’Irène avec sa main blessée.

Pete : Je sais ce que ça veut dire.

Pete relâche immédiatement le menton d’Irène parce que c’est encore plus douloureux pour lui que pour elle.

Pete : Ah, putain de main !

Pete gémit et secoue son poing blessé en l’air.

Irène : Tu devrais mettre un peu de glace dessus.

Irène se dirige vers la cuisine.

Pete : Où est-ce que tu vas ? Assied-toi.

Irène : Je vais chercher de la glace.

Pete : Assied-toi.

Irène s’assoit sur le canapé.

Pete : Tu lui parles aussi comme ça ?

Irène : Comme quoi ?

Pete l’imite.

Pete : Dit. Déclaré.

Irène : Tu es un idiot.

Pete : Un idiot ? Un idiot ? Un idiot ?

Irène : Ouais, un idiot.

Pete : Tu viens de me traiter d’idiot ?

Irène : Oui.

Pete : Bien. Je suis un idiot. Bien. Et toi, t’es une salope.

Irène : Bien.

Pete : Et, est-ce qu’il est bien?

Irène : C’est un homme bien.

Pete : Irène, dans la baise.

Irène saisit une statuette sur la table et la jette sur Pete. Pete l’évite juste à temps et la statuette s’écrase sur le mur.

Irène : J’en ai assez et je suis fatiguée de toi.

Pete ramasse la statuette, morceau par morceau.

Pete : C’est cassé.

Irène : Rien à foutre.

Pete : Moi j’en ai quelque-chose à foutre, parce que c’est moi qui l’ai payée.

Irène : Je te rembourserai.

Pete : Quoi ? Il te donne aussi de l’argent ?

Irène : Pourquoi est-ce que tu es comme ça ?

Pete : Parce que je suis un idiot.

Irène : Tu veux le rencontrer ?

Pete : Sur un ring, peut-être.

Irène se lève.

Irène : Pete…

Irène s’approche de lui. Il tient toujours la statue, ou quelque-chose qui fut une statue.

Pete : C’est cassé.

Irène : Pas grave.

Pete : Je te l’ai achetée pour ton anniversaire.

Irène : Je sais.

Pete : Tu étais contente alors, quand je te l’ai offerte.

Irène : Est-ce que tu veux de la glace ?

Pause.

Irène : Je vais en apporter un peu.

Irène va à la cuisine. Pete essaie de recomposer la statue. Il n’y a aucun moyen pour qu’il y arrive. Finalement, il la laisse juste sur la table. Irène apporte un peu de glace dans un torchon et la met sur la main de Pete. Ils se regardent tous les deux. Elle sourit. Il lui sourit en retour. Elle l’embrasse. Il pose la glace sur la table. Ils s’embrassent.

FRAGMENTS DE SEXE :

Pete et Irène viennent de faire l’amour.

La chambre de Tom. L’autre lit est vide.

Tom : Tu as baisé hier ?

Irène remet ses sous-vêtements.

Irène : Quoi ?

Tom : Baiser. Tu sais ce que c’est. Ne me dis pas que tu es encore vierge.

Irène remet ses vêtements. Pete fume.

Irène : Non.

Tom : Alors ? Tu l’as fait ?

Irène est debout. Elle complètement habillée maintenant.

Irène : Quoi ?

Tom : Putain.

Irène se retourne vers Tom, puis vient et s’assoit à côté de lui.

Irène : En fait, oui.

Tom : Moi aussi.

Une putain est debout devant le miroir. En sous-vêtements.

Irène : Vraiment ?

Tom : Il y a dix ans. Et je ne me souviens même plus comment c’était.

Irène : C’est toujours pareil.

Tom : Toujours, hein ?

Irène : A l’Est, rien de nouveau.

Tom : Même trop identique, je dirais.

Il regarde derrière Irène. Irène se retourne et regarde le lit vide.

Tom : Il m’a quitté.

Silence.

Irène : Est-ce qu’il est… ?

Tom : Ouais…

Silence.

Irène : Quand ?

Tom : Pendant la nuit. Plutôt, à l’aube. Il a simplement arrêté de jurer et j’ai su, j’ai juste compris que quelque-chose n’allait pas. Sa dernière parole était salope.

Irène : salope?

La Putain se maquille.

Tom : Oui, salope. Mais je ne l’ai pas dit à sa femme.

Irène : Qu’est-ce que tu lui as dit ?

Tom : Je lui raconté qu’il avait dit « bouton de rose ».

Irène : Bouton de rose ?

Tom : Et elle était heureuse. Enfin, pas vraiment heureuse, ce n’est pas le bon mot.

Irène : C’est peut-être mieux comme ça. Je veux dire, il a perdu ses jambes et … je ne sais pas.

Tom : Son corps est resté ici pendant des heures. Une stupide procédure. La morgue n’ouvre pas avant sept heures. Donc, il était présent et absent en même temps. Simplement étendu ici. J’ai fermé ses yeux. Et cette putain d’infirmière m’a gueulé dessus parce que je l’ai fait.

Irène : Elle a gueulé ?

Tom : Mais j’ai gueulé encore plus fort. Alors elle couru appeler le docteur. Et le docteur est venu, alors ils l’ont simplement déplacé au sous-sol. C’est là que se trouve la morgue. Ça a un certain sens, pas vrai ?

Irène : Donc, maintenant, il est à quelque-chose comme quatre étages de sa femme ?

Tom : Cinq. Et, tu sais, quand quelqu’un meurt près de toi, dans ta chambre, c’est la pire chose qui puisse t’arriver quand tu es ici. Ça te fait sentir que c’est toi le prochain.

Irène : Tu veux qu’on sorte fumer une cigarette?

Tom : Pas aujourd’hui.

Irène : Qu’est-ce que tu veux ?

La Putain s’approche du lit de Tom. Elle enfile des bas de soie.

Tom : De l’argent.

La Putain : J’aime l’argent.

Irène : De l’argent ?

Tom : Oui, tu pourrais me prêter un peu d’argent. Je ne peux pas te promettre que je te le rendrai, mais on ne peut jamais vraiment savoir.

Irène sort son portefeuille.

Irène : T’as besoin de combien ?

Irène sort de l’argent de son portefeuille.

La Putain : Ça fera l’affaire.

Irène donne un peu d’argent à Tom.

Irène : Voilà.

Tom prend l’argent….

….regarde la Putain et puis, met l’argent sur la table de nuit.

Tom : Tu ne veux pas savoir pourquoi j’en ai besoin ?

Irène : Si. Mais je ne te le demanderai pas. Si tu veux, tu me le diras.

La Putain s’assoit sur le lit de Tom.

La Putain : Tu veux que je te fasse une pipe ?

Tom : Quoi ?

Irène part.

Irène : Si tu veux, tu me le diras.

Tom : Je ne te le dirai pas.

Irène : Ok.

Irène est partie.

Tom : Quoi ?

La Putain : Est-ce que tu veux que je te suce la bite ?

Tom : Oui, s’il te plaît.

La Putain commence à déboutonner le pyjama de Tom tout en le touchant.

La Putain : Tu aimes ça ?

Tom met la main sur la poitrine de la Putain.

Tom : Et toi ?

La Putain : J’aime l’argent.

Tom : Au moins, t’es honnête.

Irène entre. Et reste à la porte.

Irène: Je…

La Putain n’enlève pas la main du pyjama de Tom.

Tom : Je suis un petit peu occupé pour le moment.

La Putain : A trois, je ne suis pas d’accord. C’était pas le deal.

Irène : Espèce de salaud !

Tom : Irène…

Irène claque la porte et part.

La Putain : Est-ce qu’on continue ?

Tom réfléchit un instant.

Tom : Pourquoi pas ? Nous avons encore une demi-heure.

La Putain regarde la montre.

La Putain : Plutôt vingt minutes.

Tom : Eh bien, le temps passe vite quand on est en bonne compagnie.

La Putain : Ouais, ouais, on peut continuer ?

Tom : Je suis à toi.

La Putain : Tu jouis ?

Tom : Je pleure.

La Putain : Certains hommes font ça. Quelques-uns restent silencieux et d’autres hurlent à la mort.

Tom : Non, je pleure. Vraiment.

Tom la repousse doucement.

La Putain : Qu’est-ce qui ne va pas ?

Tom : Les enfants.

La Putain : Tes enfants ?

Tom : Pas les miens. J’en ai pas. Pas mes enfants.

La Putain : Tu sais, il faudra me payer quand même.

Tom : On peut les entendre la nuit. Ils pleurent. Quelques fois même, ils crient. Juste quelques fois. Habituellement, ils pleurent seulement. Pas très fort, mais on peut les entendre.

La Putain : J’entends.

La Putain regarde l’argent sur la table de nuit.

Tom : Et parfois, tu entends un enfant pleurer pendant une heure, ou même pendant des heures, et après, en une seconde seulement…

La Putain : Ouais ?

Tom : Il arrête.

La Putain : C’est bien.

Tom : Non, ça ne l’est pas.

La Putain : Ça dérange si je fume ?

La Putain allume une cigarette.

Tom : Quand un enfant se calme, ça veut dire qu’il ou elle est parti.

La Putain : Parti ?

Tom : Parti, mort, plus vivant du tout, plus jamais.

La Putain : C’est affreux.

Tom regarde par la fenêtre.

Tom : Je ne veux pas mourir.

La Putain prend l’argent sur la table de nuit.

FRAGMENTS DE VERITE :

La chambre de Tom. Il est assis, adossé sur les oreillers. Dans le vase, il y a quelques fleurs jaunes. L’Employé des Pompes Funèbres est assis sur une chaise. C’est un petit homme, qui porte peut-être des lunettes, mais qui est franchement petit.

L’Employé des Pompes Funèbres : J’ai lu votre annonce.

Tom : Alors, vous savez lire. C’est bien.

L’Employé des Pompes Funèbres: Bon, vous savez, je pense que je peux vous aider.

Tom : Vous pouvez me guérir ?

L’Employé des Pompes Funèbres : Non. Je ne fais pas ça.

Tom : Vous avez des drogues pour moi ?

L’Employé des Pompes Funèbres : Non. Non. Ce n’est rien de ce genre.

Tom : Alors quoi ?

L’Employé des Pompes Funèbres : Eh bien, laissez-moi vous dire… Je dirige cette entreprise…les pompes funèbres. Ça s’appelle « Le Dernier Recours ».

Tom : Approprié.

L’Employé des Pompes Funèbres : Je sais.

L’Employé des Pompes Funèbres regarde les fleurs.

L’Employé des Pompes Funèbres : Je dois relever quelque-chose.

Tom : Vous faites ça.

L’Employé des Pompes Funèbres: Ces fleurs…

Tom : Irène me les a achetées.

L’Employé des Pompes Funèbres : Elles sont pour les enterrements.

Tom : Ce ne sont que des fleurs.

L’Employé des Pompes Funèbres : Mais elles sont pour les enterrements.

Tom : Ne vous inquiétez pas, elles seront bientôt utiles. C’est pour ça que vous êtes là maintenant. Pas vrai ?

On frappe à la porte.

Tom : Oui ?

La porte s’ouvre. Irène fait un pas pour entrer.

Irène : Il faut qu’on parle.

Tom : Je t’attendais.

Irène voit l’Employé des Pompes Funèbres.

Irène : Je peux revenir plus tard.

Tom : Non, s’il-te-plait, entre. Voici ma fille, Irène.

L’Employé des Pompes Funèbres propose la chaise à Irène. Elle s’assoit. L’Employé des Pompes Funèbres doit rester debout.

Tom : Cet homme a lu mon annonce. Et tu viens juste à temps. Nous choisissons un cercueil.

Irène : Un cercueil ?

L’Employé des Pompes Funèbres : Une bière.

Irène : Je sais ce que ça signifie.

L’Employé des Pompes Funèbres: C’est pour votre père.

Tom : Ouais, ce n’est pas pour vous.

Irène : Alors, d’accord.

L’Employé des Pompes Funèbres sort rapidement de son sac le catalogue de cercueils. Il l’ouvre et le donne à Tom. Tom fait semblant de s’y intéresser puis montre le catalogue à Irène.

Tom : Alors, lequel préfères-tu ?

L’Employé des Pompes Funèbres : Je me permets de vous suggérer celui en acajou. Celui de la page seize.

L’Employé des Pompes Funèbres n’attend pas et ouvre rapidement le catalogue à la page seize. Irène ne prend pas la peine de le regarder.

Irène : Je serais plutôt pour le moins cher.

Tom : Oh, Irène, on ne meurt qu’une fois dans sa vie. Alors, on ne va pas faire des économies maintenant.

Irène : Mais c’est moi qui le paye.

Tom : C’est vrai. C’est elle.

Irène : Alors, je préfèrerais si tu étais incinéré.

Tom : Tiens, c’est une idée. Je l’adore ! (A l’Employé des Pompes Funèbres) Qu’en pensez-vous ?

L’Employé des Pompes Funèbres : Moi ?

Irène : Et peut-être qu’on pourrait mettre tes cendres dans la vieille boite d’étain dans laquelle tu gardes le tabac.

Tom : J’adore ça !

L’Employé des Pompes Funèbres : Moi non.

Tom : Eh bien, il semble que nous n’avons plus besoin de vous finalement.

L’Employé des Pompes Funèbres : Effectivement. Mais, si vous y réfléchissez, vous savez, à la page neuf, il y a …

Irène : Définitivement la boite à tabac.

L’Employé des Pompes Funèbres: Bien.

L’Employé des Pompes Funèbres prend le catalogue des mains de Tom, le met dans son sac, embrasse à nouveau la main d’Irène et se dirige vers la porte.

L’Employé des Pompes Funèbres : Au revoir.

L’Employé des Pompes Funèbres sort. Tom et Irène sont silencieux. Irène est un peu nerveuse.

Irène : Alors, tu as eu de la visite hier ?

Tom : Oui.

Irène : Ne me dis pas qu’elle a lu ton annonce.

Tom : Non, j’ai lu la sienne.

Irène : Ce n’est pas drôle. Pas drôle du tout.

Tom : Mais c’est la vérité.

Irène : Alors l’argent que je t’ai donné…

Tom : Je te le rendrai. Fin de l’histoire.

Tom essaie de s’asseoir un peu plus droit, mais ça lui fait mal.

Tom : Je n’ai pas besoin d’aide.

Irène : Je ne t’en ai proposé aucune.

Tom : C’est ce que je remarque.

Tom parvient finalement à trouver la position qu’il désirait mais ça ne l’empêche pas de soupirer.

Irène : Tu n’as pas besoin de me rendre cet argent.

Tom : Ça me va.

Irène : Comment as-tu pu faire ça?

Tom : Je n’ai rien fait. Elle s’est débrouillée toute seule.

Silence. Tom soupire.

Irène : Tu as besoin d’une piqure ?

Tom : Tu veux me faire mal ?

Irène ouvre le tiroir, trouve la seringue et la sort.

Irène : Donne-moi ton bras.

Tom : L’infirmière peut le faire.

Irène : Elle s’y prend mal.

Tom : Toi aussi.

Irène recule la seringue. Tom enroule la manche de son pyjama.

Irène : Tu veux que j’appelle l’infirmière ?

Tom : Non. Fais-le, toi.

Irène prend la seringue. Elle saisit le bras de Tom.

Irène : Je vois bien tes veines.

Tom : Et ça te plait ?

Irène pointe la seringue.

Irène : Quoi, ça ?

Tom : Ecoute, petite, fais-la piqure.

Irène lui fait la piqure. Elle fait ça comme une professionnelle. Tom baisse sa manche.

Irène : Alors, tu as aimé ?

Tom : Tu l’as juste bien fait.

Irène : Non, avec cette femme hier, comment c’était ?

Tom : Comme si c’était ma toute première fois.

Irène : Si mauvais ?

Tom : Même pire.

Ils sourient tous les deux.

Tom : Alors, pourquoi est-ce tu es venue hier ?

Irène : Je voulais te faire sortir.

Une discothèque. Musique très forte. Sheila est assise à une table dans un coin. Elle est déjà complètement ivre. Il y a trois verres sur la table. Deux d’entre eux sont presque vides, le troisième est plein.

Tom : Tu n’as pas à faire ça.

Irène : Je sais.

Tom enfile son costume.

Tom : Oh, ça y est, tu sais. Alors, maintenant tu ne supposes plus?

Irène: Ça m’en a tout l’air.

Sheila rit et boit.

Tom: Alors, est-ce que tu m’emmènes sortir ?

Irène : J’y réfléchirai.

Irène vient à la table, prend son verre et boit. Sheila rit. Elle commence à prendre Irène dans les bras.

Sheila : Irène, tu es si heureuse.

Irène : Sheila, tu es si saoule.

Tout d’un coup, Sheila commence à pleurer.

Sheila : Oui, je suis saoule, et toi, tu as Pete. Et moi, qui est-ce que j’ai ?

Irène : Tu vas trouver quelqu’un.

Sheila : J’ai trente-six ans.

Tom vient à la table.

Tom : Pour moi, tu fais plus jeune.

Sheila : Vraiment ?

Tom : Ouais, quelque-chose comme trente-cinq ans.

Tom s’assoit. Il ne va pas toucher à son verre pendant toute la soirée.

Irène : Trente-cinq ans et demi.

Sheila rit. Tom et Irène sourient.

Sheila : Est-ce que Pete vient ?

Irène : Je sais pas.

Sheila : Tu devrais l’appeler, ouais, tu devrais. Tom, dis-lui d’appeler Pete.

Irène : Il sait où on est.

Sheila : Dis-lui, Tom.

Tom : Tu lui as déjà dit, Sheila.

Sheila : Oh, allez vous faire foutre, je vais l’appeler.

Sheila tente de se lever.

Irène : Tu n’as pas touché à ton whisky.

Tom : Il n’est pas bon. Ils mettent de l’eau dedans.

Sheila : Il est assez fort pour moi.

Tom : Ça j’en suis certain.

Sheila quitte la table.

Irène : Tu veux autre chose ?

Tom : Non. Ça va.

Irène : T’es sûr ?

Tom : Ne t’inquiète pas pour moi.

Pause.

Tom : Tu lui as dit ?

Irène : Je n’en ai pas l’intention.

Tom : Tu devrais, tu sais.

Irène : Je n’aurai pas cet enfant, Tom.

Silence. Un long silence.

Irène : Je ne peux pas. Je ne peux simplement pas le faire. Je ne le peux plus, pas avec Pete.

Tom : C’est ce qui me manque. Avoir un enfant.

Irène : Peut-être que je le regretterai. Je sais pas.

Tom : Je sais que je le regrette.

Irène : La troisième erreur, hein ?

Sheila revient.

Tom : Tu l’as eu ?

Sheila : Je connais pas son numéro. Mais, il y a ce gars au bar…

Sheila s’assoit entre eux. Sheila, inconsciemment, pose la main sur le genou de Tom… ce qui met Tom un peu mal à l’aise.

Sheila : On va danser ?

Irène : Sheila, laisse-le seul.

Tom enlève doucement la main de Sheila de son genou. Elle ne le remarque même pas.

Sheila : Ouais, on peut danser ici. C’est même mieux. Bien mieux. On va faire ça. (à Tom) Pas vrai, papounet ?

Sheila commence à bouger dans le rythme de la musique. Elle est encore assise. Tom joue le jeu. Brusquement, elle arrête de danser et pointe le doigt vers quelqu’un.

Sheila : Tu vois ce type ?

Tom : Lequel ? Je ne vois rien, ta main me cache la vue.

Sheila bouge la main qui cachait la vue à Tom. Maintenant, il peut voir où elle pointait le doigt.

Sheila : Celui-là. Il vient de sourire à Irène.

Irène : Et alors ?

Sheila : Tom, t’as vu ça? Tu dois l’avoir vu.

Tom : Non, Sheila, je n’ai rien vu.

Sheila : Ben, il l’a fait. Et si j’étais toi, j’irais voir.

Irène : Eh bien, je n’irai pas.

Sheila : Tom, qu’est-ce que tu en penses ?

Tom : Je pense que je suis vieux.

Sheila : Non, est-ce qu’Irène doit y aller et parler avec lui ?

Irène : Ok, j’y vais.

Irène se lève et y va. Sheila se tourne vers Tom.

Sheila : Alors, Tom, tu as combien… dans les soixante-dix ans.

Tom : Non, soixante.

Sheila : Je ne peux rien y faire, pour moi, tu as toujours l’air d’avoir soixante-dix ans.

Tom : J’aimerais bien les avoir. Crois-moi, Sheila, j’aimerais.

Sheila rit, puis renverse son verre sur Tom.

Sheila : Oh putain, mon whisky!

Tom sort un mouchoir de sa poche et s’essuie avec.

Sheila : Désolée.

Tom : Ça va.

Sheila : Irène va me tuer. Elle t’as amené ici pour que tu passes un bon moment parce qu’il n’y a plus longtemps avant que ce soit fini pour toi. Ouais, je sais, Irène m’a dit. Et maintenant, ici c’est encore pire pour toi que si tu étais à l’hôpital.

Tom : Ça va.

Sheila : Mais non, ça va pas. C’est pire. Et ça veut dire que c’est vraiment horrible parce que je sais, ouais, je peux juste imaginer combien ce putain d’hôpital peut être affreux.

Tom remet le mouchoir dans sa poche.

Sheila : Oh, putain, je vais dégueuler.

Sheila se lève, puis retombe. Tom s’éloigne un petit peu d’elle. Irène revient.

Irène : Il est homo.

Sheila et Irène rient. Elles se prennent dans les bras. Tom se lève.

Irène : Où est-ce que tu vas ?

Sheila : Peut-être qu’il est homo.

Tom part.

Irène : Tom !

Sheila : Oh, laisse-le, il a dépassé l’heure du coucher.

Irène : Sheila !

Tom est parti. Irène se dégage des bras de Sheila.

Irène : Tom !

Irène lui court après.

Traduit par Sara Perrin

FRAGMENTI RASPIŽĐENOG PETEA:

Dnevna soba. Irene i Pete su usred…

IRENE: Ima šezdeset.

PETE: Šezdeset moj kurac! Nemoj mi prodavat ta sranja.

IRENE: Govorim ti istinu.

PETE: Aha, a ja sam glup. Ti izgledam glup?

IRENE: Sad da.

Pete počne prilaziti Irene.

PETE: Šta si to rekla?

IRENE: Ništa.

Irene se povlači.

PETE: Tako je, ništa. Prema tome, koliko ima godina?

IRENE: Dvadeset.

PETE: Znao sam!

Pete udari šakom o ormar. Zatim jaukne.

PETE: Jebem ti!

Pete se drži za šaku. Zaista ga boli.

IRENE: Jesi ok?

PETE: Ti izgledam ok?

IRENE: Oćeš malo leda?

PETE: Dvadeset, ha?

IRENE: Nema dvadeset.

PETE: Sad si rekla da ima.

IRENE: Lagala sam.

PETE: Irene, nemoj da popizdim.

IRENE: Šta želiš da ti kažem?

PETE: Jebenu istinu!

IRENE: Ima šezdeset godina. Rekla sam ti.

PETE: Aha, a ti imaš osamdeset.

IRENE: Ne, ja imam dvadeset sedam.

PETE: To znam. A isto tako znam da on nema šezdeset. Jel te jebo?

Irene se nasmije. Pete je totalno raspižđen.

PETE: Nije smiješno. Nije nimalo smiješno, Irene.

IRENE: Nije me jebao

PETE: Još ne?

IRENE: Ne, još ne.

PETE: Sad bi te trebao ubit, znaš to?

IRENE: Zašto?

PETE: Zašto? Pitaš me zašto?

IRENE: Aha, pitam te zašto.

PETE: Jer se jebeš s njim!

IRENE: Ne radim to.

PETE: Nisam glup, Irene.

IRENE: To si već ustvrdio.

Pete se približi Irene

PETE: Šta sam?

Irene ga gleda ravno u oči.

IRENE: Ustvrdio. Zaključio.

Pete povrijeđenom rukom zgrabi njezinu bradu.

PETE: Znam šta to znači.

Pete odmah pusti Ireneinu bradu jer ga ruka boli još više.

PETE: Ah, da ti jebem ruku!

Pete jaukne i počne mahati povrijeđenom rukom kroz zrak.

IRENE: Trebao bi stavit malo leda na nju.

Irene se uputi u kuhinju.

PETE: Di ćeš ti? Sjedi dolje.

IRENE: Po led...

PETE: Sjedi dolje.

Irene sjedne na kauč.

PETE: Tako s njim razgovaraš?

IRENE: Kako?

Pete je imitira.

PETE: Ustvrdio.

IRENE: Ti si idiot.

PETE: Idiot? Idiot? Idiot?

IRENE: Aha, idiot.

PETE: Jesi me ti to upravo nazvala idiotom?

IRENE: Jesam.

PETE: U redu. Ja sam idiot. U redu. A ti si drolja.

IRENE: U redu.

PETE: I, jel dobar?

IRENE: Dobar je čovjek.

PETE: Irene, u jebanju.

Irene zgrabi mali kipić sa stola i baci ga prema Peteu. Pete se na vrijeme izmakne i kipić se razbije o zid.

IRENE: Dosta mi te je.

Pete s poda podigne kipić, odnosno dijelove istoga.

PETE: Strgan je.

IRENE: Jebe mi se.

PETE: Meni ne. Jer sam ga ja platio.

IRENE: Vratit ću ti.

PETE: Šta, i lovu ti daje?

IRENE: Zašto si takav?

PETE: Jer sam idiot.

IRENE: Želiš ga upoznati?

PETE: U boksačkom ringu, možda.

Irene ustane.

IRENE: Pete…

Irene mu se približi. On još uvijek drži kipić, ili nešto što je nekad bilo kipić.

PETE: Strgan je.

IRENE: Nema veze.

PETE: Kupio sam ti ga za rođendan.

IRENE: Znam.

PETE: Bila si sretna tad, kad sam ti ga dao.

IRENE: Želiš malo leda…

Pauza.

IRENE: Donijet ću malo.

Irene ode u kuhinju. On pokušava popraviti kipić, ali nema šanse da to može napraviti. Onda ga samo ostavi na stolu. Ona donosi led u krpi za suđe. Stavlja mu ga na ruku. Pogledaju se. Ona se nasmiješi. On se njoj nasmiješi. Ona ga poljubi. On stavlja led na stol. Ljube se.

FRAGMENTI SEKSA:

Irene i Pete su se upravo poseksali.

Tomova soba. Drugi krevet je prazan.

TOM: Jel pao kakav seks jučer?

Irene oblači donje rublje.

IRENE: Šta?

TOM: Seks. Znaš šta je to. Nemoj mi reći da si još uvijek djevica.

Irene oblači odjeću. Pete puši.

IRENE: Nisam.

TOM: Onda, jesi se?

Irene ustane. Sasvim je odjevena.

IRENE: Šta?

TOM: Jebala.

Irene se okrene prema Tomu pa mu priđe i sjedne pored njega.

IRENE: Zapravo, jesam.

TOM: I ja sam.

Kurva stoji ispred ogledala. U donjem rublju.

IRENE: Jesi?

TOM: Prije deset godina. Ni ne sjećam se kako je bilo.

IRENE: Isto je.

TOM: Još uvijek, ha?

IRENE: Na zapadu ništa novo.

TOM: Nešto ipak je, ja bi rekao.

On pogleda u smjeru iza Irene. Irene se okrene i ugleda prazan krevet.

TOM: Ostavio me.

Tišina.

IRENE: Jel on…?

TOM: Aha.

Tišina.

IRENE: Kad?

TOM: Tijekom noći. Zapravo, više pred zoru. Samo je prestao psovati i znao sam, jednostavno sam znao da nešto nije u redu. Njegova zadnja riječ bila je kučka.

IRENE: Kučka?

Kurva se šminka.

TOM: Da, kučka. Ali to nisam rekao njegovoj ženi.

IRENE: Šta si joj rekao?

TOM. Rekao sam joj da je rekao pupoljak.

IRENE: Pupoljak?

TOM: I bila je sretna. Pa, ne baš sretna, to nije prava riječ.

IRENE: Možda je i bolje tako. Mislim, izgubio je noge i… Ne znam.

TOM: Njegovo tijelo je bilo ovdje satima. Neka glupa procedura, mrtvačnica se ne otvara prije sedam. Tako da je on istovremeno i bio i nije bio tu. Samo je ležao tamo. Ja sam mu sklopio oči. A ona jebena sestra se derala na mene jer sam to napravio.

IRENE: Derala se?

TOM: Ali ja sam se derao još više tako da je izjurila van i zvala doktora. I doktor je došao i onda su ga samo odnijeli, u podrum. Mrtvačnica je tamo. Ima nekog smisla, zar ne?

IRENE: Znači, on je sad kao koliko, četri kata udaljen od svoje žene?

TOM: Pet. I, znaš, kad netko umre pored tebe, u tvojoj sobi, to je najgora stvar koja ti se može dogoditi dok si tu. Imaš osjećaj kao da si ti sljedeći.

IRENE: Želiš da odemo na pljugu?

TOM: Ne danas.

IRENE: Šta želiš?

Kurva priđe blizu Tomovog kreveta. Oblači svilene čarape.

TOM: Novac.

KURVA: Ja volim novac.

IRENE: Novac?

TOM. Da, mogla bi mi posuditi nešto novaca. Ne mogu obećati da ću ti vratiti, ali zapravo nikad ne znaš.

Irene izvadi novčanik.

IRENE: Koliko trebaš?

Irene izvadi nešto novaca iz novčanika.

KURVA: To će biti dovoljno.

Irene mu da nešto novaca.

IRENE: Evo.

Tom uzme novac…

…pogleda Kurvu i zatim stavi novac na noćni ormarić.

TOM: Ne zanima te za šta mi treba?

IRENE: Zanima me. Ali te neću pitat. Ako želiš, ti ćeš mi reći.

Kurva sjedne na Tomov krevet.

KURVA: Želiš da ti ga popušim?

TOM: Šta?

Irene odlazi.

IRENE: Ako želiš, ti ćeš mi reći.

TOM: Neću ti reći.

IRENE: Pošteno.

Irene je otišla.

TOM: Šta?

KURVA: Da li želiš da pušim tvoj kurac?

TOM. Da, molit ću.

Kurva počinje otkopčavati njegovu pidžamu. Cijelo ga vrijeme dodiruje.

KURVA: Voliš to?

Tom stavi ruku na njezine grudi.

TOM: Ti?

KURVA: Ja volim novac.

TOM: Barem si iskrena.

Irene uđe. I ostane na vratima.

IRENE: Ja…

Kurva ne miče ruku s Tomove pidžame.

TOM: Trenutno sam malo zauzet.

KURVA: U troje ništa. To nije bio dogovor.<

IRENE: Ti si gad!

TOM: Irene…

Irene zalupi vratima i ode.

KURVA: Hoćemo mi nastavit?

Tom na kratko razmisli.

TOM: Zašto ne? Još uvijek imamo pola sata.

Kurva pogleda na sat.

KURVA: Zapravo, dvadeset minuta.

TOM: Kako vrijeme leti kad si u dobrom društvu.

KURVA: Aha, aha, hoćemo mi nastavit?

TOM: Budi moj gost.
 [1]

KURVA: Svršavaš?

TOM: Plačem.

KURVA: Neki muškarci to rade. Neki su mirni, a neki se deru ko da ih kolješ.

TOM: Ne, ja plačem. Stvarno plačem.

Tom ju nježno odgurne.

KURVA: Šta nije u redu?

TOM: Djeca.

KURVA: Tvoja djeca?

TOM: Ne moja. Nemam ih. Ne moja djeca.

KURVA: Znaš da ćeš mi svejedno morat platit?

TOM: Možeš ih čuti po noći. Plaču. Ponekad čak i vrište, samo ponekad. Obično, samo plaču. Ne tako glasno, ali ih možeš čuti.

KURVA: Ja ne čujem ništa.

Kurva gleda novac na noćnom ormariću.

TOM: A ponekad, čuješ dijete kako plače čitav sat, ili čak satima i onda, samo u sekundi…

KURVA: Aha?

TOM: Prestane.

KURVA: To je dobro.

TOM: Ne, nije.

KURVA: Mogu zapalit?

Kurva zapali cigaretu.

TOM: Kad dijete utihne, to znači da je otišlo.

KURVA: Otišlo?

TOM: Otišlo, umrlo, nije više živo, nikad više.

KURVA: To je grozno.

Tom gleda kroz prozor.

TOM: Ja ne želim umrijeti.

Kurva uzima novac s noćnog ormarića.

FRAGMENTI ISTINE:

Tomova soba. On sjedi, naslonjen na jastuke. U vazi je neko žuto cvijeće. Na stolici sjedi Pogrebnik. Malen čovjek, možda ima naočale, ali definitivno malen.

POGREBNIK: Pročitao sam Vaš oglas.

TOM: Dakle, znate čitati. To je u redu.

POGREBNIK: I, vidite, ja mislim da Vam mogu pomoći.

TOM: Možete me učiniti zdravim?

POGREBNIK: Ne. Ne radim to.

TOM: Imate neke droge za mene?

POGREBNIK: Ne. Ne. Nije ništa takvo.

TOM: Nego kakvo?

POGREBNIK: Pa, dajte da Vam kažem, ja vodim tu firmu, pogrebnu firmu. Zove se «Posljednje odmaralište».

TOM: Prikladno.

POGREBNIK: Znam.

Pogrebnik pogleda cvijeće.

POGREBNIK: Moram nešto primijetiti.

TOM: Napravite to.

POGREBNIK: Ovo cvijeće…

TOM: Irene mi ga je donijela.

POGREBNIK: To je za sprovode.

TOM: To je samo cvijeće.

POGREBNIK: Ali to je za sprovode.

TOM: Ne brinite, bit će korisno vrlo skoro. A i zato ste Vi tu. Jel tako?

Kucanje na vratima.

TOM: Da?

Vrata se otvore. Irene uđe.

IRENE: Moramo razgovarati.

TOM: Očekivao sam te.

Irene ugleda Pogrebnika.

IRENE: Mogu doći kasnije.

TOM: Ne, molim te, daj uđi. Ovo je moja kćer, Irene.
 [2]

Pogrebnik ponudi stolicu Irene. Ona sjedne. Pogrebnik mora stajati.

TOM: Ovaj čovjek je pročitao moj oglas. I ti si došla baš na vrijeme. Biramo kovčeg.

IRENE: Kovčeg?

POGREBNIK: Lijes.

IRENE: Znam šta to znači.

POGREBNIK: Za Vašeg oca je.

TOM: Aha, nije za tebe.

IRENE: Onda ok.

Pogrebnik brzim pokretom izvadi iz svoje torbe katalog s primjerima kovčega. Otvori ga i doda ga Tomu. Tom se pretvara da je zainteresiran i pokaže katalog Irene.

TOM: Onda, koji bi ti?

POGREBNIK: Sugerirao bi mahagonij. To je onaj na strani šesnaest.

Pogrebnik ni ne pričeka već brzo otvori katalog na stranu šesnaest. Irene se uopće ne trudi da pogleda.

IRENE: Ja bi išla na najjeftiniji.

TOM: O, Irene, samo jednom u životu umireš. Prema tome, nećemo sad biti štedljivi.

IRENE: Ali ja ga plaćam.

TOM: To je istina. Ona plaća.

IRENE: Tako da bi ja da te kremiraju.

TOM: Oho, koja ideja. Ja sam za! (Pogrebniku) Šta Vi mislite o tome?

POGREBNIK: Ja?

IRENE: I možda možemo stavit tvoj pepeo u onu staru limenu kutiju u kojoj držiš duhan.

TOM: To mi se sviđa!

POGREBNIK: Meni ne.

TOM: Prema tome, čini se da Vas ipak nećemo trebati.

POGREBNIK: Čini se. Ali ako razmislite o tome, vidite, na strani devet, tu ima…

IRENE: Definitivno kutija za duhan.

POGREBNIK: Dobro.

Pogrebni uzme katalog iz Tomovih ruku, spremi ga u torbu, još jednom poljubi Ireneinu ruku pa se uputi prema vratima.

POGREBNIK: Doviđenja.

Pogrebnik izađe. Tom i Irene šute. Irene je malo nervozna.

IRENE: Znači, jučer si imao posjetu?

TOM: Jesam.

IRENE: Nemoj mi reći da je pročitala tvoj oglas?

TOM: Ne, ja sam pročitao njen.

IRENE: Nije smiješno, nije nimalo smiješno.

TOM: Ali to je istina.

IRENE: Znači, novac koji sam ti dala…

TOM: Vratit ću ti ga. Kraj priče.

Tom pokušava sjesti uspravnije, ali ga to boli.

TOM: Ne trebam pomoć.

IRENE: Nisam je ni ponudila.

TOM: Primijetio sam.

Tom napokon pronađe položaj koji je tražio, ali to ga ne sprečava da uzdiše.

IRENE: Ne moraš mi vratiti taj novac.

TOM: Meni odgovara.

IRENE: Kako si to mogao napraviti?

TOM: Ja nisam napravio ništa. Ona se sama snašla.

Tišina. Tom uzdiše.

IRENE: Trebaš injekciju?

TOM: Želiš me povrijediti?

Irene otvori ladicu, nađe injekciju i izvadi je van.

IRENE: Daj mi svoju ruku.

TOM: Sestra će.

IRENE: Ona to radi loše.

TOM: I ti ćeš, također.

Irene odloži injekciju. Tom zavrne rukav svoje pidžame.

IRENE: Želiš da pozovem sestru?

TOM: Ne. Ti mi je daj.

Irene uzme injekciju. Uzme njegovu ruku.

IRENE: Tvoje vene, ne vidim ih dobro.

TOM: Uživaš u tom?

Irene pokaže na injekciju.

IRENE: Šta, u ovom?

TOM: Gle, mala, samo daj.

Irene mu da injekciju. Čini to poput profesionalke. On spusti rukav.

IRENE: Onda, jel ti se svidjelo?

TOM: Bilo je sasvim u redu.

IRENE: Ne, ona žena jučer, kako je bilo?

TOM: Kao da mi je bio prvi put.

IRENE: Tako loše?

TOM: Još gore.

Oboje se nasmiju.

TOM: Onda, zašto si došla jučer?

IRENE: Željela sam te izvesti van.

Klub. Glasna muzika. Sheila sjedi za jednim stolom u kutu. Već je prilično pijana. Na stolu su tri čaše. Dvije su gotovo prazne, treća je puna.

TOM: Ne moraš to raditi.

IRENE: Znam.

Tom oblači svoje odijelo.

TOM: Oh, sad znaš. Više ne pretpostavljaš?

IRENE: Čini se da ne.

Sheila se smije i pije.

TOM: Onda, hoćeš li me izvesti van?

IRENE: Razmislit ću o tome.

Irene dolazi do stola, uzima svoju čašu i pije. Sheila se smije. Počinje grliti Irene.

SHEILA: Irene, ti si tako sretna.

IRENE: Sheila, ti si tako pijana.

Odjednom Sheila počne plakati

SHEILA: Da, ja sam samo pijana, a ti, ti imaš Petea. A ja, koga ja imam?

IRENE: Naći ćeš nekoga.

SHEILA: Imam trideset šest godina.

Tom dođe do stola.

TOM: Ali meni izgledaš mlađe.

SHEILA: Jel?

TOM: Aha, više kao da ti je trideset pet.

Tom sjedne. On neće taknuti svoje piće do kraja večeri.

IRENE: Trideset pet i pol.

Sheila se nasmije. Tom i Irene se smiješe.

SHEILA: Oće doć Pete?

IRENE: Ne znam.

SHEILA: Trebala bi ga nazvat, aha, trebala bi. Tom, reci joj da nazove Petea.

IRENE: On zna gdje smo.

SHEILA: Reci joj, Tom.

TOM: Ti si joj već rekla, Sheila.

SHEILA: Ma, jebite se vas dvoje, ja ga idem zvat!

Sheila nekako ustane.

IRENE: Nisi ni taknuo svoj viski.

TOM: Ne valja. Stavljaju vodu u njega.

SHEILA: Meni je dovoljno jak.

TOM: Siguran sam da je.

Sheila napusti stol.

IRENE: Oćeš nešto drugo?

TOM: Ne, dobro sam.

IRENE: Sigurno?

TOM: Ne brini se za mene.

Pauza.

TOM: Jesi mu rekla?

IRENE: Ni neću.

TOM: Trebala bi, znaš.

IRENE: Ja neću imati to dijete, Tom.

Tišina. Jedan dugotrajna.

IRENE: Ne mogu to napraviti. Jednostavno ne mogu. Ne više, ne s Peteom.

TOM: Fali mi to. Imati dijete.

IRENE: Možda ću požaliti. Ne znam.

TOM: Ja znam da ja jesam.

IRENE: Treća greška, ha?

Sheila se vrati.

TOM: Dobila si ga?

SHEILA: Ne znam njegov broj. Ali ima jedan tip za šankom…

Sheila sjedne između njih. Sheila nesvjesno stavlja svoju ruku na Tomovo koljeno. To djeluje na Toma tako da se osjeća pomalo nelagodno.

SHEILA: Hoćemo zaplesati?

IRENE: Sheila, pusti ga na miru.

Tom nježno makne Sheilinu ruku sa svojeg koljena. Ona to ni ne primijeti.

SHEILA: Aha, možemo tu plesati. To je još bolje. Puno bolje. To ćemo napravit. (Tomu) Jel tako, tatice?

Sheila se počinje gibati u ritmu muzike za ples. Ona još uvijek sjedi. Tom ulazi u igru. Odjednom ona prestane plesati i upre prstom u nekoga.

SHEILA: Vidiš onog tipa?

TOM: Kojeg? Ne vidim ništa, tvoja ruka mi smeta.

Sheila makne ruku koja je Tomu zaklanjala pogled. On sada može vidjeti što ona pokazuje.

SHEILA: Onaj tamo. Upravo se nasmješio Irene.

IRENE: Pa šta?

SHEILA: Tom, nisi to vidio? Morao si.

TOM: Ne, Sheila, nisam.

SHEILA: E pa, je. I da sam ja ti, ja bi se pokrenula.

IRENE: E pa, ja se neću pokrenuti.

SHEILA: Tom, šta ti misliš?

TOM: Mislim da sam star.

SHEILA: Ne, da li Irene treba otić tamo i razgovarat s njim?

IRENE: Ok, otiću.

Irene ustane i ode. Sheila se okrene Tomu.

SHEILA: Onda, Tom, ti imaš kolko, sedamdeset, a?

TOM: Ne, šezdeset.

SHEILA: Svejedno, i dalje mi izgledaš ko da imaš sedamdeset.

TOM: Volio bi da imam. Vjeruj mi, Sheila, volio bi.

Sheila se smije, a zatim prolije svoje piće po cijelom Tomu.

SHEILA: A, jebiga, ode moj viski!

Tom uzme maramicu iz džepa i obriše se njome.

SHEILA: Sori.

TOM: Ok je.

SHEILA: Irene će me ubit. Dovela te tu da se provedeš jer ti nije baš puno ostalo, aha, znam, Irene mi je rekla. A sad ti je tu još gore, nego u onoj bolnici.

TOM: U redu je.

SHEILA: Ne, nije. Gore ti je. A to znači da ti je stvarno grozno jer ja znam, aha, mogu samo zamislit kako je grozna ona jebena bolnica.

Tom stavi maramicu nazad u svoj džep.

SHEILA: Oh, jebote, zrigaću se.

Sheila ustane i onda padne nazad. Tom se malo odmakne od nje. Irene se vrati.

IRENE: Tip je peder.

Sheila i Irene se smiju. Zagrle se. Tom ustane.

IRENE: Gdje ideš?

SHEILA: Možda je on peder.

Tom odlazi.

IRENE: Tom!

SHEILA: Ma, pusti ga, vrijeme mu je za ić u krevet.

IRENE: Sheila!

Tom je otišao. Irene se oslobodi Sheilinog zagrljaja.

IRENE: Tom!

Irene otrči za njim.

Par Nina Mitrović

Nina Mitrović est née en 1978 à Slavonski Brod en Croatie.

Diplômée en dramaturgie par l’Académie des Arts de Zagreb, elle a également étudié à l’école du film de Londres. Elle est aujourd’hui auteur dramatique et scénariste pour la radio.

À ce jour, Nina Mitrović a écrit quatre drames :

Komsiluk Naglavacke (2002)

Kad se mrtvi pokoljemo (2003)

Ovaj krevet je prekratak ili samo fragmenti (2004)

Kolbaba i Brzojavko (2006)

Certains de ses textes ont déjà été publiés en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et en Autriche. Ils ont été montés à Berlin, à New York et à Londres.

Le texte « Ce lit est trop petit… » fait partie de la sélection des sept nouvelles œuvres dramatiques européennes de l’année 2005 par le Theatertreffen Festival de Berlin 2005.

Nina Mitrović est aussi l’auteur de quelques feuilletons radiophoniques dont certains ont été récompensés par des festivals européens (Prix Europa à Berlin, Prix Italia à Milan).

Jusqu’à présent, ses drames ont été traduits en anglais, slovène et allemand.

[1Ne figure pas dans la traduction :

Kurva ga dodiruje i s vremena na vrijeme se zabulji kroz prozor. Tom u početku uživa, ali zatim počne plakati. Ili jecati. Kurva još uvijek gleda kroz prozor.

[2Ne figure pas dans la traduction :

Pogrebnik ustane i poljubi Ireneinu ruku.

POGREBNIK: Vi ste jako mladi.

TOM: Ne, samo sam ja jako star.