Un chant funèbre

Dis-leur, va leur dire

Que nous les enfants de la maison Ashiagbor 

Sommes allés à la chasse ; et qu’à notre retour 

Nos fusils pointaient leurs canons vers la terre, 

Nous ne pouvons le dire ; que quelqu’un le dise pour nous.

Nos larmes ne peuvent couler.

Nous n’avons pas de bouche pour le dire.

Nous avons pris la pirogue, la pirogue aux lests de sable

Celle que l’hippopotame ne peut faire chavirer disent-ils.

Nos pères, l’hippopotame a fait chavirer notre pirogue.

Nous rentrons à la maison

Nos fusils pointent leurs canons vers la terre.

Notre mère, notre mère bien-aimée,

Où sont nos larmes, où sont nos larmes ? 

Donne-nous une bouche pour le dire, notre mère.

Nous voici à genoux devant toi.

Nous voici toujours à genoux.

Traduit par Sika Fakambi

Tell them, tell it to them 

That we the children of Ashiagbor house 

Went to hunt; when we returned 

Our guns were pointing to the earth, 

We cannot say it; someone say it for us. 

Our tears can not fall.

We have no mouth to say it with.

We took the canoe, the canoe with sandload

They say the hippo can not overturn.

Our fathers, the hippo has overturned our canoe.

We come home

Our guns pointing to the earth.

Our mother, our dear mother,

Where are our tears, where are our tears ?

Give us mouth to say it, our mother.

We are on our knees to you.

We are still on our knees.

Par Kofi Awoonor

Kofi Awoonor, né en 1935 dans la région de la Volta, mort le 21 septembre 2013 lors de l’attaque terroriste de Nairobi, est une éminente figure littéraire et politique du Ghana. Il fut poète, romancier, professeur, homme d’état et diplomate.

Sika Fakambi est née au Bénin en 1976. Elle a grandi entre Ouidah et Cotonou — a vécu à Paris, Dublin, Sydney, Toronto, Montréal — et réside maintenant à Nantes.