Voici ce que je sais ; que je m’éveille
un matin quand j’ai huit ans et marche
dehors alors que chante un coq.
Les feuilles du premier arbre que je touche sont noires
et luisent des chuchotements de la nuit qui s’éteint.
Tout autour de moi est ombres et je suis, aussitôt,
incertain de ce que je sais : les broussailles à l’endroit
où je shootais ma balle hier sont regonflées de muscles
et s’élèvent de ces vapeurs insondables là devant moi
comme des sentinelles d’un autre monde. Le coq s’est
tu et je me maudis d’avoir pénétré ainsi déchaussé
dans cette énigme moite, à pied, au seul cri d’un fantôme
de coq. Je cille trois fois mais le voile refuse de se dissiper
et, derrière moi, des pas en écho comme un appel au soleil.
Quand mon père me rejoint je lève mon bras et le tend
droit devant moi : c’est quoi ça ? Brume, répond-il —
et que sais-je moi de la brume, son éclat changeant, sa pesanteur
sans poids, son baiser liquide ? Mais je la connais cette forme là-bas,
mon amour, ce matin maussade
sous les ténèbres de mon père, et cette nuit
je te nomme — tu es brume.
This is what I know; that I wake
up one morning when I am eight and walk
outside to the sound of a cock crowing.
The leaves on the first tree I touch are black
and gleam with whispers from the night’s passing.
All about me are shadows and I am, at once,
unsure of what I know: the bushes I kicked
my ball past yesterday are pumped with new muscles
and rise from the riddled haze in front of me
as sentinels from another realm. The cock has gone
quiet and I curse myself for stepping unshod
into the moist mystery afoot at the calling of a phantom
cock. I blink three times but the shroud will not peter
and, behind me, footsteps echo like a call to the sun.
When my father reaches me I raise my arm and point
in front of me: what is that? Mist, he replies –
and what do I know of mist, its shifting brilliance, its weightless
weight, its liquid kiss? But I know the shape I pointed at,
my love, that brooding morning
under my father’s darkness, and tonight
I name you – you are mist.
Nii Ayikwei Parkes, poète, romancier, critique littéraire et éditeur, est né en 1974 au Royaume-Uni. Il partage sa vie entre Londres et Accra, au Ghana.
Sika Fakambi est née au Bénin en 1976. Elle a grandi entre Ouidah et Cotonou — a vécu à Paris, Dublin, Sydney, Toronto, Montréal — et réside maintenant à Nantes.