Une trace de pas bleue

C’est dur de respirer

avec tes dents autour de mon cou

ou quand des fenêtres une lumière orange ne cesse de filtrer,

lentement comme la mélasse

ou la nuit jusqu’à juin,

un spectacle que le ciel donne plus tard,

plein de cicatrices.

Le coucher de soleil pour se faufiler à travers la ville & ainsi

décembre dans une chanson.

Ces choses-là nous savions

que jamais tu ne les aimerais, trop simpliste l’insistance à

chanter clair haut nuage.

Trop aigu trop bas,

penser qu’une seule petite pensée est trop grande requête, mon oreille

une aire de repos pour les sauterelles.

& ainsi le paysage

déborde bien plus vite qu’un rétroviseur ne peut en rendre compte

& nous nous demandons

le vent soufflerait-il s’il n’y avait pas de feuilles à agiter,

pas d’audience météo.

Le gardien de nuit répond,

J’ai imaginé ceci mais pas cela.

Je t’ai coupé les cheveux sur la pelouse d’une église, je te demande pardon

pour ma trace de pas bleue sur ton T-shirt.

& ainsi la verdure a poussé d’entre les dents & les os & la boue & ne savait

d’où elle venait.

Des œufs d’oiseaux ont éclos & espéré que

cela serait assez,

sachant que cela ne le serait pas, non jamais —

pourquoi les paysages me dérangent-ils tant ?

Ô oiseau entre les branches, entre les édifices inachevés

une ville offre l’abri, entre les abris

on cherche le ciel.

Ô gardien du ciel,

oiseau dans mon crâne,

je pense que c’est mal de te vénérer.

Oiseau, avec ton bec empli de sang,

ton aile unique devrait être arrachée par le chat à qui

elle appartenait à l’origine, une chanson

de disque rayé.

J’ai cassé la pendule parce qu’elle avait besoin d’être cassée

puis les vifs

os de ta main qui punaisent la toile de fond

& bien vite les nuages eux aussi iront se casser

& cette boîte de ciel.

Légers comme des plumes nous restons à l’intérieur,

à regarder la quatrième dimension & passer des coups de fil anonymes.

Quelqu’un a fait le mauvais numéro alors nous comptons les cartes de nouveau.

Coupons de nouveau.

Le nom du gardien de nuit

« si dur à se rappeler et si facile à oublier »

& tu dis qu’un joueur peut couper n’importe quand

si le vent se met à souffler trop fort ou souvent.

Si le vent alors des feuilles,

si des feuilles,

le conflit entre

la nappe noire d’autoroute & le dérapage anticipé, une ville

semble sûre d’elle-même & toi au milieu de tout ça,

sûr de toi-même.

Je me demande qui le premier m’a dit que j’allais mourir et pourquoi j’ai choisi de croire ça.

Tu peux faucher une canalisation à un plombier mais tu vas devoir

payer la facture d’électricité, tu peux

essuyer cette boue dans tes yeux maintenant,

te débarrasser de cette chemise aussi. Ta cravate

est suspecte.

Ô taxi jaune taxi jaune te soucies-tu de ce que je puisse mourir

d’ennui au paradis, est-ce que le moraliste

de service sera là ?

Ce monde en boule de bowling a toujours assez de force

de rotation pour envoyer une bouteille en plastique se balader

d’un bout à l’autre des couloirs souterrains.

De haut en bas des marches s’éparpillent tickets de métro, feuilles, billets pour l’été,

une centaine de matinées à moitié oubliées.

Et pendant ce temps l’oiseau,

s’étant avancé trop férocement dans le carreau pour sa taille,

gît mort sur le rebord.

Le ciel seul exulte. & c’est ma faute,

ayant retenu l’oiseau son souffle trop serré

cependant que j’ouvrais pour lui une fenêtre,

t’ayant imaginé en noir, vêtu de neige & demandé,

où vas-tu habillé comme ça,

quelles paillettes nouvelles la nuit nouvelle va-t-elle apporter ?

quand on la voyait du haut d’un avion

la ville se déployait comme des joyaux à travers le désert.

Les premières soucoupes volantes que j’ai vues ressemblaient beaucoup à des nuages —

comment un nuage peut tomber si bas et devenir

de la pluie je n’arrive pas à l’imaginer.

Nappe noire sous le pied & le pneu maintenant,

malheureux voyageurs banlieusards, placards de pub désespérés

luttez pour la raison que vous êtes en train de perdre

choses rouges & bleues,

dormez

par-delà la circulation ou je ne sais quel

obstacle immédiat à votre mouvement trouvez,

aussi que la circulation la nuit c’est beau

quand on la voit du train,

des tas de voitures enfilées comme des lampions auxquels un sapin aurait offert son ombre,

comme un trottoir mouillé à son laminage de feuilles jaunes,

collées aux pavés, nos figures d’hiver,

essayons à toute force de ne pas marcher dessus.

Traduit par Sika Fakambi

It is hard to breathe

with your teeth around my neck

or when from casements orange light keeps leaking,

slow as treacle

or night to June,

a spectacle the sky makes later,

full of scars.

The sunset to creep across the city & so

December into song.

These we knew

you’d never like, too simplistic the insistence to

sing it clear loud cloud.

Too high too low,

to think one small thought too big a request, my ear

a rest-stop for locusts.

& so scenery

teems faster than a rearview can report

& we wonder

would wind bother were there no leaves to make move,

no weatherman audience.

The nightman answers,

I have imagined this but not that.

I have cut your hair on the front lawn of a church, forgive me

my blue footprint on your t-shirt.

& so greenness grew out of teeth & bone & dirt & knew

not whence it came.

Birds hatched & hoped that

that would be enough,

knowing that it would not, no not ever —

why does scenery bother me so?

O bird between branches, between incomplete edifices

a city offers shelter, between shelter

sky is sought.

O keeper of sky,

bird inside my skull,

I think it is wrong that I worship you.

Bird, your blood-filled beak,

your one wing should be snatched by the cat to whom

it originally belonged, a broken

record song.

I broke the clock because it needed to be broken

then the quick

bones of your hand pinning down the backdrop

& soon clouds too will break

& this box of sky.

Light as a feather we stay inside,

watch twilight zone & make prank calls.

Someone has the wrong number so we count our cards again.

Cut again.

The nightman’s name

“so hard to remember & so easy to forget”

& you say a player can cut at any moment

if wind becomes too much or often.

If wind then leaves,

if leaves,

the conflict between

a slick of expressway & the anticipated skidding, a city

seems sure of itself & you in the midst of it,

sure of yourself.

I wonder who first told me I would die & why I chose to believe that.

You can swipe a pipe from a plumber but you have to pay

the electric bill, you can

wipe that dirt from out your eyes now,

get rid of that shirt too. Your tie

is suspect.

O yellow cab yellow cab care if I die

of boredom in heaven, will the moralistic

man be present?

This bowling ball world still summons enough spin to fire

a plastic bottle up & down subway aisles.

Up & down stairs metrocards are scattered,

leaves, the tickets to summer,

a hundred half-forgotten matinees.

Meanwhile the bird,

having jutted the pane too ferociously for its figure,

lies dead upon the sill.

The sky only gloats. & it is my fault,

having held the bird its breath too tightly

while opening for it a window,

having pictured you in black, dressed in snow & asked,

where are you going dressed like that,

what new glitter will the new night bring?

when viewed from an airplane

the city splayed like jewelry across the desert.

The first flying saucers I saw looked a lot like clouds —

how a cloud could fall so low become

rain I can’t imagine.

Slick under foot & tire now,

unhappy commuters, desperate placards

fight for the mind you are losing

blue & red things,

sleep

over traffic or whatever

immediate impediment to your movement you find,

but also traffic at night to be beautiful

when viewed from a train,

scores of cars strung like lights a fir tree has offered its darkness to,

as wet sidewalk might the yellow leaves laminated to it,

pasted to pavement, our winter faces,

we try hard not to step on them.

Par Laura Solomon

Laura Solomon est née en 1976 à Birmingham, en Alabama. Elle a passé son enfance dans plusieurs petites villes du sud-est des États-Unis. Elle a vécu à Paris, Philadelphie et Vérone, et elle habite maintenant à Athens, en Géorgie. Son premier livre de poésie, Bivouac, a été publié par Slope Editions en 2002. Elle a également fait paraître Letters By Which Sisters Will Know Brothers , volume à tirage limité publié par Katalanche Press en 2005. Blue & Red Things est paru en 2007 aux éditions Ugly Duckling Presse. Son troisième recueil de poèmes, The Hermit, est paru en 2011, également chez Ugly Duckling Presse. Des poèmes ont paru dans l’anthologie Poets on Painters , éditée par Witchita State Press en 2007, ainsi que dans différentes revues d’Amérique du Nord et d’Europe.
Sika Fakambi

Sika Fakambi est née au Bénin en 1976. Elle a grandi entre Ouidah et Cotonou — a vécu à Paris, Dublin, Sydney, Toronto, Montréal — et réside maintenant à Nantes.