La Dame aux quintes

Parmi la collection de sons qui parvinrent aux oreilles d’Ariadna, les quintes de toux de madame Kristensen occupaient une place de choix. C’était cette toux rauque et perçante, davantage produite par le poumon droit que par le gauche, qu’elle entendit pour la dernière fois dans le sanatorium, sur l’île de Fyn.

Madame Kristensen l’avait fait appeler en urgence. Le docteur Karl Klausen, un homme taciturne comme les arbres et les plantes qui poussaient dans cet endroit, la reçut. Lui adressant à peine la parole, celui-ci la conduisit à travers un labyrinthe de couloirs et d’escaliers, jusqu’au pavillon des femmes et ensuite, à travers un autre labyrinthe d’escaliers et de couloirs, jusqu’à la chambre 305.

Quand elle la vit, elle eut de la peine à la reconnaître. Ce n’était pas avec la même madame Kristensen qu’elle s’était entretenue voilà à peine deux semaines. Ce jour-là elle était plus squelettique que jamais. Elle gisait languissante dans le lit, sa peau était diaphane, son sang veineux, sa chevelure blonde s’étalait sur le coussin, en forme de rayons solaires. La chambre sentait ce mélange de sciure, kérosène et eucalyptus si caractéristique des sanatoriums voués aux maladies respiratoires.

Malgré son état de faiblesse, madame Kristensen tenta de se lever. Mais elle n’avait pas fini de le faire qu’une quinte la catapulta contre le lit comme si elle avait actionné une arme à feu. Elle ne réussit qu’à porter un mouchoir à sa bouche, esquissant de sa main libre un geste pour demander qu’on la laisse seule avec son visiteur. Le docteur Klausen se retira et ferma la porte. Mais il ne put éviter d’épier par le trou de la serrure.

Ariadna répéta les mêmes gestes habituels. Après avoir ôté son chapeau et ses gants fourrés, elle s’assit auprès de madame Kristensen et se mit à lui lire lentement quelques lignes, d’une voix grave et vinylique, étirant les mots et le silence qui les sépare, atténuant les mouvements de vibration des molécules.

La lecture produisit l’effet d’une injection endotrachéale de streptomycine, mais sans ses effets secondaires. Dorothéa Kristensen put écarter de son corps les draps amidonnés, comme l’on repousse une pierre tombale. Elle se redressa d’un bond et se dirigea vers les fenêtres pour y respirer une bouffée d’air frais. Une fois son sang oxygéné, elle se vêtit et se coiffa. Elle sortit faire une promenade dans le jardin du sanatorium, parmi les fleurs et les herbes sauvages prisonnières du givre, tenant Ariadna par le bras, sans tousser une seule fois.

Que personne ne se trompe.

Cet accès de vitalité n’était que l’un des derniers vestiges d’une vie qui inexorablement s’éteignait. Dès qu’Ariadna fut partie, la toux revint à la charge avec plus de virulence que jamais, comme pour se venger de ces quelques instants de bonheur pulmonaire. D’une main tremblante, Dorothéa Kristensen rédigea à l’attention de son avocat, une lettre souillée d’encre et de sang. À la fin de cette journée, elle manifesta tous les signes d’un profond épuisement. Vers l’aube, elle laissa échapper son dernier soupir. Entre deux quintes de toux, bien sûr. Et bien sûr, enveloppée de cette aura de beauté à vous couper le souffle que le bacille de Koch, et lui seul, peut dégager.

Le jour suivant, les médecins transmirent la nouvelle à sa famille. Monsieur Kristensen ne daigna pas même venir chercher la dépouille de son épouse et laissa un employé des pompes funèbres s’occuper de tout cela. Il n’assista pas non plus à l’enterrement. Heureusement Ariadna était là, avec ses pleurs suaves, alcalins, très discrets. Ariadna avait tout un art de pleurer. À la différence de ces pleurs obscènes habituellement épanchés durant les funérailles depuis des temps reculés, ceux d’Ariadna étaient imperceptibles, lents comme le mouvement d’un végétal. C’étaient des pleurs d’un œil noir, d’une seule larme, mais si bien pleurée, qu’elle fit l’envie de l’employé des pompes funèbres. Il aurait aimé être à la place d’Ariadna, à pleurer délicieusement pour une morte. Et fondamentalement, il aurait aimé être à la place de la morte, pour que quelqu’un vienne le pleurer aussi délicieusement.

Monsieur Kristensen pleura des larmes riches en sels, en oligo-éléments et en rancœur, lorsque l’avocat décacheta l’enveloppe et lut le testament lui apprenant les dernières volontés de la défunte. Dorothéa Kristensen l’avait déshérité et faisait d’Ariadna Sørensen sa légataire universelle, afin que le don de cette fortune serve à la fondation de la Ligue de Secours des Hommes de Lettres Affectés par la Toux, association sans but lucratif offrant une aide médicale intégrale aux écrivains dépourvus de couverture sociale, et atteints de maladies respiratoires.

Il n’est pas très difficile d’en conclure que les époux Kristensen se haïssaient viscéralement. Et, en effet, il y avait de quoi. Dorothéa s’était mariée à l’âge de quinze ans, elle rêvait d’avoir beaucoup d’enfants pour leur prodiguer tout l’amour qui consumait ses entrailles, comme une fièvre. Et le rêve s’était réalisé. En quelques années, elle était mère de trois filles et d’un petit garçon.

Plutôt que d’avoir recours au service d’une nourrice, elle préféra leur donner le sein, quitte à supporter les désagréments de la lactation tels que les crevasses des mamelons, afin que ses enfants profitent de tous les avantages du lait maternel, si riche en calcium, lactose et albumine (le lait de vache contient des substances qui peuvent s’avérer indigestes pour le bébé). Et plutôt que les confier à une bonne, elle s’occupa elle-même des soins corporels et des bains. Elle saisissait là l’occasion de jouer avec eux, les savonnait, les rinçait, les séchait avec une serviette de bain, les talquait entre les fesses (pour les garçons, il est avisé de décoller le prépuce afin d’éviter les risques de phimosis, et pour les petites filles, de laver la vulve à l’aide d’un coton-tige, en procédant bien de l’avant vers l’arrière, en effet, tout contact avec des matières fécales est susceptible de provoquer des infections urinaires). Et plutôt que de se contenter d’un simple baiser ou d’une prière murmurée mécaniquement, elle osa aller plus loin que la plupart des mères, inventant elle-même, grâce à son irremplaçable imagination de mère, les histoires qu’elle racontait ponctuellement à ses enfants, à huit heures pile du soir, avant de dormir (il est indispensable de leur inculquer le respect des horaires, dès le début, sans les brusquer, et en sachant mettre à profit ces instants privilégiés du rituel du coucher).

Ces contes, confectionnés sur mesure, avaient la vertu de conduire sa progéniture dans un sommeil tonique et dépourvu de cauchemars, en évitant également les niaiseries des berceuses. Ainsi, grâce à ces contes, les enfants de madame Kristensen se levaient-ils frais, dispos, et sans ronchonner, après neuf heures de repos ininterrompu, dès que leur mère les appelait.

Lorsqu’ils étaient malades, madame Kristensen déployait un zèle tout particulier. Quand la petite Karen attrapa l’angine rouge, madame Kristensen inventa un conte spécialement antibiotique afin d’alléger les interminables heures d’alitement et l’ingestion de médicaments amers. Karen se rétablit plus rapidement que les médecins ne l’avaient prévu. Grâce au conte de sa mère, elle fut sur pied en moins de trois jours.

Ensuite ce fut le tour d’Asløg de tomber malade. Et la même chose se produisit. Madame Kristensen inventa un conte qui eut un effet immédiatement anti-inflammatoire. Asløg ne garda le lit qu’une seule journée. Puis ce fut le tour de Solvej, et la même chose se répéta. Ce fut encore pareil quand le petit Niels fut atteint à son tour. Grâce au conte de Dorothéa Kristensen, l’angine rouge dura à peine quelques heures.

Edvard Johansen, le médecin de famille, en fut profondément impressionné. Il demanda à madame Kristensen de faire connaître ses contes le plus vite possible. C’était son obligation de mère de mettre à la portée des autres mères ce traitement des maladies infectieuses de la petite enfance. D’après lui, les contes de Dorothéa Kristensen étaient appelés à occuper dans l’histoire de la médecine une place analogue à celle du vaccin de la variole.

Et il ne se trompait pas. Lorsque madame Kristensen se décida à faire publier ses Contes pour enfants atteints d’angine rouge, les mères se l’arrachèrent. Le tirage fut épuisé en l’espace de deux mois.

Dorothéa Kristensen se vit encouragée à publier un second livre : Contes pour enfants atteints d’otite aiguë purulente. Ce livre s’avéra être encore plus efficace et lui fit gagner une fortune. Bien que Dorothéa Kristensen n’ait pas eu l’opportunité d’expérimenter son effet sur ses propres enfants, dont les oreilles étaient saines, le pouvoir de son imagination de mère excédait de loin le pouvoir pathogène d’un microbe.

Dorothéa Kristensen se mit à publier fébrilement un livre par mois. Elle inonda les vitrines des librairies et les trousses de premiers secours avec ses Contes pour enfants atteints de rougeole, Contes pour enfants atteints de coqueluche, Contes pour enfants atteints de diphtérie. Et ainsi de suite.

Une telle frénésie productive finit, bien entendu, par épuiser son système immunitaire. La Nature est infiniment sage. Tout ce qu’elle donne elle doit le sortir de quelque part. Madame Kristensen avait emprunté son crédit d’imagination, aux défenses immunitaires de son organisme. Un beau jour, elle se leva fiévreuse. Et la nuit venue : kof, kof, kof. Le docteur Johansen découvrit que le poumon droit était taché et diagnostiqua un début de tuberculose.

À cette époque, les conditions de travail des femmes qui se consacraient à la littérature étaient beaucoup plus dures que celles des ouvrières d’une manufacture de textile dans le Lancashire. Les hommes pouvaient écrire à l’air libre, non seulement à la campagne mais aussi en ville, tout à leur aise dans les jardins publics où ils pouvaient observer les passants, et respirer les fragrances des chevelures des dames. Les femmes, quant à elles, écrivaient dans le seul lieu possible, l’espace où les confinait le pouvoir mâle : la cuisine.

À cette date, la cuisine était le lieu le moins ventilé de la maison. Madame Kristensen avait passé trop d’heures à écrire près du fourneau allumé, afin que ses doigts ne gèlent pas, tout en respirant un air vicié par l’anhydride carbonique, qu’exhale bien évidemment le fourneau, et par l’anhydride carbonique qu’exhale, de manière moins évidente un corps qui écrit, et dépense à cet effet 74 calories par ligne.

Par manque de ventilation, ses poumons perdant leur élasticité étaient ainsi devenus la cible parfaite du bacille de Koch. Si tout au long de l’histoire, il y eut tant d’écrivains tuberculeux et, surtout, tant d’écrivaines tuberculeuses, on ne doit pas seulement y voir un simple effet de mode, comme certains ont pu le croire. Les hygiénistes sont en effet les vrais responsables d’une telle négligence, et les hommes de lettres, mais par-dessus tout les femmes, payèrent cet oubli de leurs poumons.

Le cas de madame Kristensen fut encore plus désespéré car la tuberculose produisit une véritable hécatombe familiale. Alors que Dorothéa Kristensen avec ses 37,7° C cuisait à feu doux, ses quatre enfants furent réduits en cendres en l’espace de quelques jours. Elle n’y pouvait rien, pas même leur écrire Contes pour enfants atteints de tuberculose, elle y songea quand il était déjà trop tard. Si plutôt que d’écrire contre la poliomyélite, la rage ou les diarrhées infantiles, elle avait écrit contre la tuberculose, le cours des évènements aurait été tout autre.

Solvej succomba d’abord. Ensuite, Karen. Après, Asløg. Suivis, sans qu’ils n’y puissent rien, par le petit Niels. Ils tombèrent l’un après l’autre, inexorablement, ainsi que des flocons de neige : kof, kof, kof.

La tuberculose se contracte essentiellement par les fines particules de salive, riche en germes, appelées aussi gouttes de Flügge, que les tuberculeux projettent lorsqu’ils toussent, éternuent, parlent. La mère tuberculeuse qui lit un conte à son fils, même si ce conte s’avère efficace contre la scarlatine, représente une voie royale de transmission. C’est pourquoi elle doit se tenir à l’écart de sa progéniture même si le diagnostic n’est pas clairement établi. La tuberculose contractée durant l’enfance, par voie maternelle, est l’une des plus mortelles.

Monsieur Kristensen ne fut pas atteint, mais il fut sur le point de perdre la raison. En quelques semaines, un microbe, allié à l’irresponsabilité sanitaire de sa femme, l’avait dépouillé du bonheur de son foyer. Ce qui naguère était une maison peuplée de voix d’enfants, de jouets et de rires, s’était transformé en un lieu de pénombre, puant le benjoin et la toux canine de son épouse.

Il avait jusqu’alors assisté, déprimé et muet, à cette guerre bactériologique. Mais quand Niels disparut, il prit conscience que tout était perdu, et donna dès lors libre cours à son animadversion. Invoquant les risques qu’il courait, il fit interner son épouse à l’hôpital de l’île de Fyn. Et il attendit qu’elle y meure.

Madame Kristensen refusa d’abandonner son foyer. Elle implora, gronda, cassa un vase. En vain. Monsieur Kristensen ne céda pas et la fit enfermer sans aucune pitié. En réalité, son désir le plus profond était de refaire sa vie et de fonder une nouvelle famille. Disons-le tout net : il avait entamé une relation avec une autre femme sans aucun attrait physique, matériel ou spirituel, mais dont la réaction tuberculinique au test de Mantoux s’avérait négative. Le BCG fit le reste.

Pas une seule fois, il ne se rendit au chevet son épouse souffrante. Il ne lui envoya même pas de fleurs ou du chocolat. Madame Kristensen, qui n’était dupe de rien, ne se laissa pas troubler pour autant et planifia minutieusement sa vengeance, avec la haine glacée qui caractérise les poitrinaires. Ariadna apparut au bon moment. Dorothéa Kristensen mourut très heureuse, sachant à quel point elle allait rendre malheureux son mari en le déshéritant.

Monsieur Kristensen ne se donna pas pour vaincu si aisément. Il entama un procès et le perdit. Rien à faire. Il y soutint vainement que les facultés mentales de madame Kristensen s’étaient éclipsées lorsque ce testament avait été rédigé, et qu’Ariadna, exploitant cette faiblesse, avait détourné en sa faveur un héritage qui ne revenait qu’à lui seul. La loi est la loi, et la lettre est la lettre. Le testament faisait savoir sans ambiguïté qu’Ariadna Sørensen était instituée légataire universelle des Contes de Dorothéa Kristensen.

Ce fut là une décision très avisée. Ariadna était la personne idéale pour s’occuper de la Ligue. Dès qu’un homme de lettres était pris d’une quinte de toux, dès qu’une tache de sang souillait son mouchoir, Ariadna sautait sur une bicyclette, dans un paquebot, une automobile, elle toquait à sa porte, faisait résonner un heurtoir ou retentir une sonette ; elle traversait des couloirs, passait par des patios, gravissait des escaliers ; elle ôtait sa toque et son manteau en fourrure, s’asseyait près de la moribonde ou du moribond et lui tenait la main pour lui apporter un peu de réconfort.

Afin d’établir un climat de confiance, la première chose qu’elle faisait était de lui lire, selon un protocole immuable, un conte de Dorothéa Kristensen. La lecture produisait un effet rafraîchissant dans ces chambres qui sentaient ordinairement le camphre, et dont l’air était saturé de bacilles. En général, la réaction des moribonds était positive. Ils se sentaient si enveloppés en sa compagnie, qu’avant d’expirer ils faisaient appel à un notaire pour la désigner seule héritière et légataire universelle. Après quoi, ils mouraient très sereinement, laissant leurs affaires entre les mains de celle qui fut appelée, dès lors, la dame aux quintes.

Ariadna défendait bec et ongles les intérêts des défunts. Lorsqu’elle ne rendait pas visite aux malades, elle s’occupait des papiers des disparus. Elle livrait à la presse les manuscrits que le mort ou la morte, non sans une certaine coquetterie, avait demandé de détruire, afin qu’entourés du halo de l’interdit, ils aient bien plus de succès une fois publiés. Elle compilait des textes épars. Déchiffrait des cahiers indéchiffrables. Elle faisait connaître des correspondances et des journaux intimes impubliables. Elle intentait des procès contre quiconque faisait circuler des écrits sans son autorisation. Sa conduite était irréprochable. L’argent des droits d’auteur allait directement dans les coffres de la Ligue de Secours aux Hommes de Lettres Affectés par la Toux, sans que n’en manque un seul centime.

L’avocat de monsieur Kristensen enquêta sur la vie de la dame aux quintes pour découvrir un élément susceptible de remettre en cause la sentence. Il ne trouva rien de poids pour les tribunaux. Il apprit qu’elle était née à Køge, non loin de Copenhague, et que son existence avait été marquée, dès le début, par des difficultés respiratoires. En naissant, au lieu de crier et pleurer comme tous les mortels afin de provoquer entre l’extérieur et l’intérieur cet échange gazeux indispensable à la vie, Ariadna ouvrant démesurément la bouche inspira une bouffée d’air puis cessa de respirer. Son diaphragme s’était bloqué.

La sage-femme attendit un moment. Mais comme l’enfant ne réagissait pas, elle la crut morte. Mais non, ce qui manquait à Ariadna, c’était de respirer ou plus exactement, de continuer à respirer. Pour le dire en termes plus techniques : la fonction respiratoire ne s’était pas activée automatiquement, à travers les cris ou les pleurs. Et pendant que la sage-femme se perdait en conjectures sur les raisons de cette imperfection technique, Ariadna devint bleue.

Pour mettre fin à cet état d’apnée, la sage-femme entrouvrit la bouche d’Ariadna, lui pinça le bout de la langue et entreprit de la faire entrer et sortir de la cavité buccale, environ 20 fois par minute, pour lui débloquer le muscle. Ariadna devint pourpre.

La sage-femme essaya alors la méthode de Schaefer. À cette fin, elle coucha l’enfant sur le ventre, la tête tournée vers le côté droit et les bras en extension au-dessus de la tête. Appuyant de ses deux mains sur le dos, la sage-femme exerça une brusque pression sur les poumons pour provoquer une expiration. On entendit un craquement. Ariadna devint noire.

La femme perdit le peu de patience qu’il lui restait et se mit à secouer Ariadna. De son minuscule squelette, la côte qui s’était fracturée se détacha. En éraflant les autres organes, la côte se mit à tinter dans la cage thoracique, on aurait dit une pièce de monnaie dans une tirelire.

Une autre professionnelle aurait changé de technique de réanimation. Dans ce cas, la méthode de Sylvester ou mieux encore celle d’Ève auraient été préférables. Mais comme cette sage-femme était passablement bornée, plutôt que de céder devant les obstacles que lui offrait le réel, (manière redondante de s’exprimer, puisque le réel n’est finalement que cela : un obstacle), elle ne s’entêta que plus. Et elle la secoua de toutes ses forces.

La côte finit par se planter dans un poumon : le poumon gauche. Ariadna eut beaucoup de chance car les poumons sont parmi les rares organes doubles que compte l’organisme. L’os aurait pu se planter dans un organe solitaire comme le cœur, le cerveau ou la vessie, provoquant la mort immédiate de cet être qui avait tant de difficulté à naître. Elle fut infiniment chanceuse. Cela même qui aurait pu provoquer sa mort lui sauva la vie. Quand la côte heurta le lobe inférieur, le poumon se contracta violemment, produisant une expulsion d’air. Au lieu de crier ou pleurer, Ariadna toussa. Et en toussant, non seulement elle cracha la côte, mais elle débloqua son diaphragme. Alors le fonctionnement respiratoire automatique se mit en route. Le cœur put pomper le sang artériel, et celui-ci arriva juste à temps au cerveau avec sa provision d’oxygène, à l’instant même où les neurones commençaient à montrer des signes de dépérissement. Et alors, oui, Ariadna devint violette, puis bleue, puis rouge. Elle ouvrit les yeux à la lumière du monde, et fut la lumière du monde.

La toux lui sauva la vie, mais elle empoisonna sa première enfance. Il lui était impossible d’avoir une enfance heureuse avec un poumon crevé qui fuyait à chaque inspiration et à chaque expiration. Ariadna était la tête de turc de tous les microbes qui entraient et sortaient de son poumon comme dans un moulin. Et alors que tous les autres enfants apprenaient à parler, à marcher et à contrôler leurs sphincters, Ariadna, elle aussi, apprenait à marcher, à contrôler ses sphincters et à parler, ajoutant à ces apprentissages ardus celui des quintes de toux.

Comme elle était fille unique, ses parents concentrèrent toute leur affection, leur action et leur pensée vers la préservation de sa santé, déclarant la guerre aux bacilles. Ce qui avait commencé comme une préoccupation justifiée se transforma avec le temps en une obsession. L’unique sujet de conversation des Sørensen était les germes.

Cet état de guerre, menée sans se ménager le temps de souffler, les avait obligés à adopter des mesures d’une précaution extrême. Les domestiques devaient balayer la maison très soigneusement plusieurs fois par jour, et monsieur Sørensen, en personne, vérifiait que pas une particule de poussière, ni un seul microbe, ne demeure sous le tapis. Chaque matin, une servante se rendait au marché pour y acheter des agrumes que madame Sørensen, en personne, se chargerait de presser plus tard, contraignant Ariadna à en ingérer quotidiennement au moins 20 dl. Riches en vitamines C, les agrumes constituent la meilleure des préventions contre les maladies des voies respiratoires.

Comme vous pouvez imaginer, il n’était rien en ce monde qui répugne tant Ariadna que les oranges, pour ne rien dire des pamplemousses. Quand sa mère l’obligeait à boire cet immonde breuvage plein de pulpe d’une écœurante orangitude, Ariadna se frottait les yeux et se mettait à pleurer. Madame Sørensen en avait la chair de poule.

Les mains sont des membres qui, étant en contact permanent avec le monde, peuvent transmettre une infinité de maladies, entre autres, la fièvre typhoïde, le choléra et la méningite cérébro-spinale épidermique. Se frotter les yeux en pleurant peut entraîner de fâcheuses conséquences pour le nerf conjonctif. En ajoutant quelques microbes aux centaines déjà présents dans les larmes, ils transforment celles-ci en un épouvantable vecteur d’infection. Les larmes peuvent en effet transmettre, non seulement la conjonctivite, mais aussi la kératite ulcéreuse pneumologique et l’ophtalmie d’Égypte. Verser des larmes peut s’avérer aussi insalubre que de se baigner dans un cloaque.

Madame Søresen interdit catégoriquement à Ariadna, non seulement de se frotter les yeux sans s’être auparavant lavé les mains, mais aussi de pleurer. Ariadna dut s’arranger pour trouver une solution de compromis entre la prohibition maternelle et ses nécessités lacrymales, développant un nouvel art de pleurer, qui consistait en concentrer un maximum d’affect en un minimum de larmes.

C’est ainsi que grandit Ariadna, la fillette au poumon crevé, légèrement taciturne par manque de jeux avec d’autres enfants, sources de transmission de tant de parasites et de fléaux. Au lieu d’aller à l’école, Ariadna prenait des leçons à domicile auprès d’une institutrice munie d’un masque afin de dispenser un savoir garanti dépourvu de tout germe.
Rien de plus erroné.

À l’école, les enfants n’apprennent pas seulement à lire, à écrire, à faire du calcul, à savoir par cœur des dates et des noms de fleuves ou de villes, mais aussi à détester les lettres, les mathématiques, la géographie, l’histoire et les études en général. Et que personne ne s’en attriste. L’école nuit gravement à la santé. Cette hostilité n’est qu’une réaction de légitime défense de l’organisme. Comparez l’enfant avant et après son entrée dans le système scolaire. Au début, il est l’incarnation de la vie : tout en lui est force, jeu, possibilité. À la fin, c’est un être grognon, ennuyeux, légèrement voûté, sujet à des douleurs dorsales.

Ariadna dut livrer ce combat contre le savoir en solitaire. Isolée comme elle l’était, il lui était impossible d’offrir la moindre résistance au chant de sirène soigneusement filtré de l’institutrice. Plutôt que se rebeller, elle se soumit à la férule, devenant une parfaite élève, qui assimilait instantanément tout ce qu’on lui enseignait et travaillait, de son côté, plus que nécessaire.

Si l’institutrice lui demandait d’apprendre la table de multiplication de deux. Ariadna apprenait également celles de trois et de quatre. Si l’institutrice demandait qu’elle mémorise les îles du Danemark, Ariadna mémorisait également le nom des accidents géographiques de la péninsule scandinave.
Si l’institutrice lui demandait de réciter les noms des principales dynasties européennes, Ariadna récitait aussi les noms des principales dynasties égyptiennes.

Fort heureusement à quelque chose malheur est bon. L’institutrice fit ce que les Sørensen et les médecins n’avaient pas su faire : lui lire les Contes pour enfants au poumon crevé. Les contes eurent le même effet qu’une injection d’iodure de potassium, mais sans ses effets secondaires. Le génie de Dorothéa Kristensen avait su combiner le sens et les sons dans leur juste proportion pour rapiécer l’arbre des bronches. Grâce aux contes de Dorothéa Kristensen, Ariadna commença à jouir d’une ventilation pulmonaire acceptable.

Une nuit, monsieur Sørensen se découvrit et toussa : kof.
Les deux époux se réveillèrent en sursaut. Bien que monsieur Sørensen n’eût toussé qu’une fois et une seule, ce fait suffit à activer l’alarme : kof, kof.

Ils firent appel au médecin de famille. Le médecin soumit le corps de monsieur Sørensen à tous les examens possibles : percussion, auscultation, respirez par la bouche, arrêtez de respirer, dites trente-trois, encore une fois : trente-trois. À la fin de l’examen, il affirma que les poumons de monsieur Sørensen étaient parfaitement sains. Qu’il s’agissait d’une simple petite toux nocturne, qui se dissiperait tantôt comme la brume. Il fallait attendre que ça passe, comme un moucheron.

Une simple petite toux nocturne ! Qui se dissiperait tantôt comme la brume ! Qu’il fallait laisser passer comme un moucheron ! Kof, kof, kof.

Monsieur Sørensen fit appel à un autre docteur qui lui dit la même chose. Puis il en consulta un autre, puis un autre, puis un autre encore, pour entendre toujours le même diagnostic. Pendant ce temps, monsieur Sørensen continuait à tousser, d’une toux de plus en plus fébrile, plus noire, plus fibreuse, qui s’enfonçait toujours plus dans la cage thoracique, pour finir par venir non plus des poumons, mais du coeur, plus précisément de la valve sigmoïde.

Le pire de tout fut que, au bout d’un certain temps, madame Sørensen se mit elle aussi à tousser, d’une toux désaccordée, produite plus par le poumon gauche que par le droit, qui se déplaçant sans cesse dans son corps, s’emparait du pavillon auriculaire, des aisselles, des ongles.

Tout cela était l’oeuvre du bacille de Scalpighi, agent de la toux nomade, qui se répand dans l’organisme comme un cancer, produisant des métastases dans des endroits aussi éloignés des poumons que peut l’être le colon iliopelvien.

Pour éviter tout risque de contagion, les Sørensen envoyèrent immédiatement Ariadna à la campagne. En effet, si la famille Sørensen s’était faite vacciner contre le tétanos, la variole et la tuberculose, elle avait oublié le vaccin contre le bacille de Scalpighi. Ce que je ne peux que reprocher aux hygiénistes, très certainement à la solde des laboratoires pharmaceutiques allemands, qui ont contribué à accroître exagérément la popularité du bacille de Koch, renvoyant aux notes de bas de page des manuels de pathologie des bacilles non moins pernicieux, tel celui de Scalpighi.

Les Sørensen payèrent cette erreur de leurs vies. Deux mois plus tard, monsieur Sørensen mourut dans les bras de madame Sørensen : kof. Et deux mois plus tard, madame Sørensen expira, mais expira seule, absolument seule : kof, kof. Sa dernière volonté fut qu’Ariadna reste à la campagne, surtout lors de l’enterrement. Les microbes présents au cours des funérailles des parents, assura-t-elle, sont les plus mortels.

Traduit par Denis Amutio

Entre la colección de sonidos que llegaron hasta los oídos de Ariadna, la tos de la señora Kristensen ocupaba un lugar de predilección. Era una tos ronca y aguda, producida más por el pulmón derecho que por el izquierdo, que oyó por última vez en un sanatorio, en la isla de Fyn.

La señora Kristensen la había mandado llamar con urgencia. La recibió el doctor Karl Klaussen, un hombre taciturno, como los árboles y las plantas que crecían en aquel lugar. Dirigiéndole apenas la palabra, la condujo a través de un laberinto de pasillos y escaleras, hasta el pabellón de mujeres y luego, a través de otro laberinto de escaleras y pasillos, hasta la habitación trescientos cinco.

Cuando la vio, le costó reconocerla. No era la misma señora Kristensen con quien había hablado hacía apenas dos semanas. Aquel día estaba más esquelética que nunca. Yacía lánguidamente en la cama, con la piel transparente, la sangre venosa y la cabellera rubia, desplegada sobre la almohada, en forma de rayos de sol. En la habitación, se olía aquella mezcla de aserrín, kerosén y eucalipto tan característica de los sanatorios para enfermedades respiratorias.

A pesar de su debilidad, la señora Kristensen intentó levantarse. Pero ni bien se incorporó, le dio un ataque de tos que la catapultó contra la cama, como si hubiera accionado un arma de fuego. Solo atinó a llevarse un pañuelo a la boca, esbozando con la otra mano un gesto para pedir que la dejaran a solas con la visita. El doctor Klaussen se retiró, cerrando la puerta. Pero no pudo evitar espiar por el ojo de la cerradura.

Ariadna repitió los mismos gestos de siempre. Sacándose el sombrero y los guantes, se sentó al lado de la señora Kristensen y se puso a leerle unos papeles lentamente, con una voz grave y vinílica, estirando las palabras y el silencio que las separa, atenuando los movimientos de vibración de las moléculas.

La lectura produjo el efecto de una inyección endotraqueal de estreptomicina, pero sin sus efectos secundarios. Dorothea Kristensen pudo apartar de su cuerpo las sábanas almidonadas, como quien empuja una piedra tumbal. Se puso de pie de un salto y se dirigió hasta las ventanas para respirar una bocanada de aire fresco. Cuando la sangre se le oxigenó, se vistió y se peinó. Salió a dar un paseo por el jardín del sanatorio, con sus flores y hierbas silvestres aprisionadas bajo la escarcha, tomada del brazo de Ariadna, sin toser una sola vez.

Que nadie se engañe.

Este acceso de vitalidad no era más que uno de los últimos vestigios de una vida que se extinguía inexorablemente. Cuando Ariadna se fue, la tos volvió a la carga con más virulencia que nunca, como para vengarse de aquellos instantes de felicidad pulmonar. Dorothea Kristensen le escribió una carta a su abogado, con una letra temblorosa, manchada de tinta y sangre. Al final de aquel día, dio muestras de un profundo agotamiento. Hacia el amanecer, dejó escapar su último suspiro. Entre toses, desde luego. Y desde luego, rodeada de aquel halo de estremecedora belleza que solo resplandece con el bacilo de Koch.

Al día siguiente, los médicos trasmitieron la noticia a la familia. El señor Kristensen ni siquiera se dignó venir a buscar los despojos de su esposa y dejó todo en manos de un empleado de pompas fúnebres. Tampoco asistió al entierro. Afortunadamente estaba ahí Ariadna, con su llanto suave, alcalino, muy discreto. Ariadna tenía todo un arte de llorar. A diferencia de los llantos obscenamente visibles, que desde los tiempos antiguos se suelen derramar en los funerales, el llanto de Ariadna era imperceptible, lento como el movimiento de un vegetal. Era un llanto de ojo negro, con una sola lágrima, pero tan bien llorada, que al empleado de pompas fúnebres le dio mucha envidia. Le hubiera gustado estar en el lugar de Ariadna, llorando deliciosamente así por una muerta. Y fundamentalmente, le hubiera gustado estar en el lugar de la muerta, para que alguien viniera a llorarlo deliciosamente así.

El señor Kristensen lloró con lágrimas ricas en sales, oligoelementos y rencor, cuando el abogado rompió el sello y le leyó el testamento, haciéndoles conocer la última voluntad de la difunta. Dorothea Kristensen lo había desheredado, nombrando a Ariadna Sørensen albacea universal de su obra, para que fundara con su fortuna la Liga de Ayuda a los Hombres de Letras Afectadas por la Tos, asociación sin fines de lucro que propondría un programa de medicina integral a los escritores, que muy pocas veces tienen cobertura social, víctimas de enfermedades respiratorias.

No hace falta aclarar que los esposos Kristensen se odiaban visceralmente. Y no era para menos. Dorothea Kristensen se había casado a los quince años, con el sueño de tener muchos hijos a quienes poder brindarles el amor que consumía sus entrañas, como una fiebre. Y el sueño se había realizado. A los pocos años, era madre de tres niñas y un varoncito.

En vez de recurrir a una nodriza, prefirió darles ella misma el pecho, soportando los inconvenientes de la lactancia, como el resquebrajamiento de los pezones, para que sus hijos gozaran de los beneficios de la leche materna, tan rica en calcio, lactosa y albúmina (la leche de vaca contiene sustancias que se adaptan mal a la digestión del bebé). Y en vez de dejarlos en manos de una criada, prefirió encargarse ella misma del aseo corporal, bañándolos con sus propias manos, aprovechando la ocasión para jugar, enjabonándolos, enjuagándolos, secándolos con una toalla, echándoles talco entre las nalgas (con los varones, es aconsejable despegarles el prepucio para evitar los riesgos de fimosis y con las niñas, lavar los pliegues con un hisopo de adelante hacia atrás, pues de lo contrario, el contacto con las heces puede producir infecciones urinarias). Y en vez de contentarse con un simple beso o plegaria murmurada mecánicamente, fue mucho más lejos que las otras madres y prefirió inventar ella misma, con su irremplazable imaginación de madre, los cuentos que le contaba a sus hijos, antes de dormir, indefectiblemente a las ocho de la noche (es muy importante inculcarles desde el principio el respeto de los horarios, sin brusquedad, disfrutando de aquel momento único: el ritual de las buenas noches).

Eran cuentos confeccionados a medida, que iban sumergiendo a sus hijos en un sueño tónico, sin pesadillas, sin producir la estupidización de las canciones de cuna. Gracias a estos cuentos, los hijos de la señora Kristensen se levantaban lozanos, tras nueve horas de descanso ininterrumpido, cuando su madre los llamaba, sin remolonear.

Durante las enfermedades, la señora Kristensen ponía un esmero particular. Cuando la pequeña Karen se enfermó de angina roja, la señora Kristensen inventó un cuento especialmente antibiótico para hacerle pasar las interminables horas en cama, ingiriendo medicinas amargas. Karen se restableció más rápido de lo que los médicos habían previsto. Gracias al cuento de su madre, recuperó la salud en menos de tres días.

Luego se enfermó Asløg. Y ocurrió lo mismo. La señora Kristensen le inventó un cuento que tuvo un efecto inmediatamente antinflamatorio. Asløg guardó cama solo una noche. Después le tocó a Solvej y lo mismo volvió a ocurrir. Volvió a ocurrir lo mismo, cuando el pequeño Niels se contagió la enfermedad. Gracias al cuento de Dorothea Kristensen, la angina roja duró solo algunas horas.

Edvard Johansen, el médico de cabecera, quedó profundamente impresionado. Le pidió a la señora Kristensen que diera a conocer sus cuentos lo más pronto posible. Era su obligación como madre poner al alcance de las otras madres este tratamiento contra las enfermedades infecciosas de la primera infancia. A su entender, los Cuentos de Dorothea Kristensen estaban llamados a ocupar en la historia de la medicina el mismo lugar que la vacuna antivariólica.

Y no se equivocaba. Cuando la señora Kristensen se decidió a publicar sus Cuentos para niños con anginas rojas, las madres se lo arrancaron de las manos. El libro se agotó al cabo de un par de meses.

Dorothea Kristensen se animó a publicar un segundo libro Cuentos para niños con otitis aguda purulenta. Este libro fue aún más eficaz que el primero y le hizo ganar una fortuna. Aunque Dorothea Kristensen no había tenido la oportunidad de experimentar los efectos sobre sus propios hijos, que tenían oídos sanos, el poder de su imaginación de madre fue mucho más lejos que el poder patógeno de un microbio.

Dorothea Kristensen se puso a publicar febrilmente un libro por mes. Inundó las vitrinas de las librerías y los botiquines de primeros auxilios con sus Cuentos para niños con sarampión, Cuentos para niños con tos ferina, Cuentos para niños con difteria. Y así sucesivamente.

Semejante frenesí de producción, como era de esperar, terminó agotando su sistema inmunitario. La Naturaleza es infinitamente sabia. Todo lo que da de algún lado lo tiene que sacar. Y la señora Kristensen tomó prestado su capital de imaginación de la capacidad de defensa de su organismo. Un buen día, se levantó con fiebre. Y por la noche: cof, cof, cof. El doctor Johansen descubrió que el pulmón derecho estaba picado y diagnosticó un principio de tuberculosis.

En aquella época, las condiciones de trabajo de las mujeres dedicadas a la literatura eran muchísimo más duras que las de las obreras de una fábrica textil de Lancashire. Los hombres podían escribir al aire libre, no solo en el campo sino también en las ciudades, aprovechando los jardines públicos, observando a los transeúntes y aspirando el perfume de las cabelleras de las damas. Las mujeres escribían en el único lugar donde el poder masculino las había confinado: la cocina.

En aquella época, la cocina era el lugar menos ventilado de la casa. La señora Kristensen había pasado demasiadas horas escribiendo al lado de la hornalla encendida para que no se le congelaran los dedos, respirando un aire viciado por el anhídrido carbónico que exhalaba la hornalla obviamente y menos obviamente por el anhídrido carbónico que exhala un cuerpo al escribir, gastando setenta y cuatro calorías por línea.

Por falta de ventilación, sus pulmones habían perdido elasticidad, volviéndose el blanco perfecto del bacilo de Koch. Si a lo largo de la historia hubo tantos escritores tísicos y fundamentalmente tantas escritoras tísicas, no fue una mera cuestión de moda, como algunos creyeron. Fue un descuido de los higienistas, que los hombres de letras, pero sobre todo las mujeres, pagaron con sus pulmones.

Pero el caso de la señora Kristensen fue aún más desesperado. La tuberculosis produjo una verdadera hecatombe familiar. Mientras Dorothea Kristensen, con sus 37,7° C, se asaba a fuego lento, sus cuatro hijitos fueron reducidos a cenizas en pocos días, sin que su madre pudiera hacer nada, ni siquiera escribirles un epitafio. Aún no había tenido tiempo de escribir sus Cuentos para niños tísicos y cuando lo pensó ya era demasiado tarde. Si en lugar de escribir sobre la poliomielitis, la rabia o la diarrea infantil, hubiera escrito sobre la tuberculosis, el curso de los acontecimientos hubiera sido completamente diferente.

Primero, sucumbió Solvej. Luego, Karen. Después, Asløg. Sin que les diera tiempo de nada, el pequeño Niels. Así fueron cayendo, uno tras otro, inexorablemente, como copos de nieve: cof, cof, cof, cof.

La tuberculosis se contrae principalmente por las finas partículas de saliva, rica en gérmenes, también conocidas como gotas de Flügge, que los tuberculosos eliminan cuando tosen, estornudan, hablan. La madre tuberculosa que le cuenta un cuento a su hijo, por más que este cuento sea eficaz contra la escarlatina, representa una vía regia de transmisión. Por eso mismo, tiene la obligación de separarse, ni bien quede establecido el diagnóstico. La tuberculosis contraída durante la infancia, por vía materna, suele ser una de las más mortíferas.

El señor Kristensen no se contagió, pero por poco pierde la razón. En cuestión de semanas, un microbio, aliado a la irresponsabilidad sanitaria de una mujer, le había arrebatado la felicidad del hogar. Lo que antes había sido una casa poblada por voces infantiles, juguetes y risas, se había transformado en un lugar en penumbras, apestado por el olor a benjuí y la tos perruna de su esposa.

Hasta entonces había asistido mustio y mudo a esta guerra bacteriológica. Pero al perder a Niels, cuando se dio cuenta de que ya no había nada que hacer, dio libre curso a su animadversión. Invocando los riesgos que corría, internó a su esposa en un hospital de la isla de Fyn. Y esperó a que se muriera.

La señora Kristensen no quiso abandonar su hogar. Imploró, gruñó, rompió un jarrón. Fue en vano. El señor Kristensen no cedió y la internó sin piedad alguna. En realidad, su anhelo más profundo era rehacer su vida, fundando una nueva familia. Digámoslo claramente: había entablado comercio con otra mujer sin ningún atractivo físico, material o espiritual, pero que se había hecho la reacción de Mantoux, con una reacción tuberculínica negativa. La BCG hizo el resto.

Durante su agonía no fue a verla ni una sola vez. Ni siquiera le mandó flores o chocolates. La señora Kristensen, que inmediatamente se dio cuenta de todo, ni se inmutó y planeó minuciosamente una venganza, con ese odio helado tan característico de los tuberculosos. Ariadna apareció en el momento justo. Dorothea Kristensen murió muy feliz, sabiendo cuan infeliz haría a su marido, desheredándolo.

El señor Kristensen no se dio por vencido tan fácilmente. Inició un juicio que perdió. No había nada que hacer. En vano invocó que las facultades mentales de la señora Kristensen se habían eclipsado al redactar el testamento y que Ariadna se había aprovechado de esta debilidad para apoderarse de la herencia que le correspondía. La ley es la ley y la letra es la letra. El testamento decía sin ambigüedades que Ariadna Sørensen era la albacea universal de los Cuentos de Dorothea Kristensen.

Fue una decisión muy acertada. Ariadna era la persona ideal para ocuparse de la Liga. Ni bien un hombre de letras se ponía a toser, dejando en el pañuelo una mancha de sangre, Ariadna se subía a una bicicleta, a un paquebote, a un automóvil; golpeaba a la puerta, haciendo sonar la aldaba o tiraba de una campana; cruzaba pasillos, atravesaba patios, subía escaleras; se sacaba el sombrero y el abrigo de pieles, sentándose al lado de la moribunda o el moribundo, estrechándole la mano, a fin de darle un poco de ánimo.

Para entrar en confianza, lo primero que hacía era, según el protocolo de siempre, ponerse a leer algún cuento de Dorothea Kristensen. La lectura producía un efecto refrescante en aquellos cuartos, que solían oler a alcanfor, con el aire saturado de bacilos. En general, la reacción de los moribundos era positiva. Se sentían tan contenidos en su compañía que antes de expirar, llamaban a un abogado para nombrarla albacea universal. Y morían muy tranquilos, dejando sus papeles en manos de la que fue llamada, a partir de aquel momento, la dama de las toses.

Ariadna defendía los intereses de los difuntos con uñas y dientes. Cuando no visitaba a los enfermos, se ocupaba de los papeles de los fallecidos. Daba a la prensa los manuscritos que el muerto o la muerta, no sin cierta coquetería, había mandado destruir, para que al ser publicados, rodeados del halo de la prohibición, tuvieran mucho más éxito. Recopilaba textos dispersos. Descifraba cuadernos indescifrables. Hacía conocer correspondencias y diarios impublicables. Llevaba a juicio a cuantos hacían circular escritos sin su autorización. Su conducta era irreprochable. El dinero que ganaba con los derechos de autor iba directamente a las arcas de la Liga de Ayuda a los Hombres de Letras Afectadas por la Tos, sin el menor desfalco.

El abogado del señor Kristensen investigó la vida de la dama de las toses para encontrar algún hecho del cual pudiera valerse para apelar contra la sentencia. No encontró nada que tuviera peso ante los tribunales. Se enteró de que había nacido en Køge, no muy lejos de Copenhague y que desde el principio, su existencia había estado marcada por las dificultades respiratorias. Al nacer, en vez de gritar y llorar como el resto de los mortales para establecer entre el interior y el exterior ese intercambio gaseoso indispensable para la vida, Ariadna aspiró una bocanada de aire, abriendo desmesuradamente la boca y luego, dejó de respirar. Se le había trabado el diafragma.

La comadrona esperó un poco. Pero como la criatura no reaccionaba, la dio por muerta. Pero Ariadna no estaba muerta. Al auscultarla, la comadrona descubrió que el corazón latía. A Ariadna solo le faltaba respirar, o más exactamente, seguir respirando. Para decirlo en términos más técnicos: la función respiratoria no se había puesto en marcha de manera automática, a través del grito o del llanto. Y mientras la comadrona se perdía en mil y una conjeturas sobre las razones de este desperfecto técnico, Ariadna se puso azul.

Para poner fin a aquel estado de asnea, la comadrona entreabrió la boca de Ariadna y le pellizcó la punta de la lengua y empezó a meterla y a sacarla enérgicamente de la cavidad bucal, unas 20 veces por minutos, para destrabarle el músculo. Ariadna se puso morada.

La comadrona intentó entonces el procedimiento de Schaefer. Para ello, acostó a la criatura sobre el vientre, con la cabeza vuelta hacia el lado derecho y los brazos extendidos por encima de la cabeza. Apoyando las dos manos sobre la espalda, la comadrona ejerció bruscamente una presión sobre los pulmones para provocar una espiración. Se oyó un crujido. Ariadna se puso negra.

La mujer perdió la poca paciencia que le quedaba y empezó a zarandear a Ariadna. Del minúsculo esqueleto, se desprendió la costilla que se había fracturado. Al rozar los otros órganos, la costilla se puso a sonar en el costillar, como una moneda en una alcancía.

Otra profesional hubiera cambiado de técnica de reanimación. En este caso, hubiera sido mejor el procedimiento de Sylvester o mejor aún, el procedimiento de Eve. Pero como esta comadrona era una mujer bastante obstinada, en lugar de ceder ante los obstáculos que le ofrecía lo real (manera redundante de decir, puesto que lo real no es más que esto: un obstáculo) se empecinó aún más. Y la sacudió con todas sus fuerzas.

La costilla terminó clavándosele en un pulmón: el pulmón izquierdo. Ariadna tuvo suerte. Porque los pulmones son uno de los pocos órganos repetidos del organismo. El hueso podría habérsele clavado en algún órgano solitario, como el corazón, el cerebro o la vejiga, provocándole instantáneamente la muerte a aquel ser que tanto le costaba nacer. Tuvo muchísima suerte. Aquello que podría haberle provocado la muerte terminó salvándole la vida. Cuando la costilla dio de lleno en el lóbulo inferior, el pulmón se contrajo violentamente, produciendo una expulsión de aire. En vez de gritar o llorar, Ariadna tosió. Y al toser, no solo escupió la costilla sino que también se le destrabó el diafragma. De este modo, se puso en funcionamiento el automatismo de la respiración. El corazón pudo bombear sangre arterial y la sangre arterial llegó hasta el cerebro con su provisión de oxígeno justo a tiempo, cuando las neuronas estaban dando los primeros signos de desfallecimiento. Y entonces sí Ariadna se puso violeta y luego azul y luego colorada. Al abrir los ojos y al percibir la luz del mundo, fue la luz del mundo.

La tos le salvó la vida, pero le envenenó la temprana infancia. Era imposible tener una infancia feliz con un pulmón pinchado, perdiendo aire a cada inspiración y espiración. Ariadna era el hazmerreír de todos los microbios, que entraban y salían de su pulmón, cuando querían. Y mientras los otros niños aprendían a hablar, a caminar y a controlar los esfínteres, Ariadna también aprendía a caminar, a controlar los esfínteres y a hablar, sumando a estos arduos aprendizajes el aprendizaje de la tos.

Como era hija única, sus padres concentraron todos sus afectos, acciones y pensamientos en la preservación de su salud, declarándole la guerra a los bacilos. Lo que comenzó como una preocupación justificada se transformó con el tiempo en una obsesión. El único tema de conversación de los Sørensen eran los gérmenes.

Este estado de guerra sin un solo instante de respiro los había obligado a adoptar medidas de precaución extremas. El personal doméstico debía barrer minuciosamente la casa varias veces por día y el mismo señor Sørensen en persona verificaba que no hubiera quedado ni una sola partícula de polvo ni un solo microbio bajo la alfombra. Cada mañana, una sirvienta iba al mercado a comprar cítricos que más tarde la misma señora Sørensen en persona exprimía, obligando a Ariadna a ingerir diariamente por lo menos unos veinte decilitros. Ricos en vitamina C, los cítricos son el mejor preventivo contra las enfermedades de las vías respiratorias.

Como podrán imaginarse, no había nada en este mundo que repugnara tanto a Ariadna como una naranja, por no decir nada de los pomelos. Cuando su madre la obligaba a beber aquel brebaje anaranjadamente inmundo, lleno de grumos, Ariadna se restregaba los ojos y rompía a llorar. A la señora Sørensen se le ponía la carne de gallina.

Las manos son miembros que, al estar en perpetuo contacto con el mundo, pueden transmitir una infinidad de enfermedades, entre ellas, la fiebre tifoidea, el cólera y la meningitis cerebroespinal epidérmica. Restregarse los ojos al llorar no solo puede tener consecuencias nefastas para la conjuntiva. Agregando algunos microbios a los cientos de microbios que ya están presentes en las lágrimas, hacen de estas últimas un temible vector de infección. Las lágrimas pueden contagiar no solo la conjuntivitis sino también la queratitis ulcerosa neumocócica y la oftalmía de Egipto. Derramar lágrimas puede llegar a ser tan insalubre como bañarse en una cloaca.

La señora Sørensen le prohibió terminantemente a Ariadna, no solamente tocarse los ojos sin haberse lavado previamente las manos, sino también llorar. Ariadna tuvo que arreglárselas para encontrar una solución de compromiso entre la prohibición materna y sus necesidades lacrimales, desarrollando un nuevo arte de llorar, que consistía en concentrar un máximo de afecto en un mínimo de lágrimas.

Así creció Ariadna, la niña del pulmón pinchado, ligeramente taciturna por falta de juegos con otros niños, fuente de transmisión de tantas pestes y plagas. En lugar de ir a la escuela, Ariadna tomaba lecciones a domicilio con una institutriz que llevaba un barbijo, para garantizar un saber, exento de contagios.
Nada más errado.

En la escuela, los niños no solo aprenden a leer y a escribir y a hacer cálculos y a conocer fechas y nombres de ríos y ciudades, sino también a aborrecer las letras, la matemática, la geografía, la historia y el estudio en general. Y que nadie lo lamente. La escuela daña gravemente la salud. Esta hostilidad no es más que una reacción de legítima defensa del organismo. Compárese un niño antes y después de ingresar en el sistema escolar. Al principio, es la encarnación de la vida: todo en él es fuerza, juego, posibilidad. Al final, es un ser gruñón, aburrido, ligeramente encorvado, propenso a los dolores de espalda.

Ariadna tuvo que librar este combate contra el saber en soledad. Aislada como estaba, le era imposible ofrecer la menor resistencia al canto de sirena adecuadamente filtrado de la institutriz. En vez de rebelarse, se sometió a la férula, convirtiéndose en una alumna perfecta, que asimilaba instantáneamente todo lo que se le enseñaba y trabajaba por su cuenta más de lo debido.

Si la institutriz le pedía que aprendiera la tabla de multiplicar del dos, Ariadna aprendía también la del tres y la del cuatro. Si la institutriz le pedía que memorizara los nombres de las islas de Dinamarca, Ariadna memorizaba también los nombres de los accidentes geográficos de la península escandinava. Si la institutriz le pedía que recitara los nombres de las principales dinastías europeas, Ariadna recitaba también los nombres de las principales dinastías egipcias.

Afortunadamente no hay mal que por bien no venga. La institutriz hizo aquello que los Sørensen y los médicos no supieron hacer: leerle a Ariadna los Cuentos para niños con enfisema traumático. Los cuentos tuvieron el mismo efecto que una inyección de yoduro de potasio, pero sin sus efectos colaterales. El genio de Dorothea Kristensen había sabido combinar el sentido y los sonidos en sus proporciones justas para desinflar el árbol bronquial. Gracias a los cuentos de Dorothea Kristensen, Ariadna empezó a gozar de una ventilación pulmonar aceptable.

Una noche, el señor Sørensen se destapó y tosió: cof.
Ambos esposos se despertaron sobresaltados. Aunque el señor Sørensen había tosido una vez y nada más que una vez, esta única tos bastó para activar la alarma: cof cof.

Llamaron al médico de cabecera. El médico sometió el cuerpo del señor Sørensen a todos los exámenes posibles: percusión, auscultación, respire por la boca, contenga la respiración, diga treinta y tres, una vez más: treinta y tres. Al final del examen, afirmó que los pulmones del señor Sørensen gozaban de perfecta salud. Que se trataba de una simple tosecita nocturna, que se disiparía tan pronto como la bruma. Había que dejarla pasar, como quien deja pasar una mosca.

¡Una simple tosecita nocturna! ¡Que se disiparía tan pronto como la bruma! ¡Que había que dejar pasar como una mosca! Cof cof cof.

El señor Sørensen llamó a otro médico que le dijo lo mismo. Y entonces consultó a otro y a otro y a otro, para escuchar siempre el mismo diagnóstico. Mientras tanto, el señor Sørensen seguía tosiendo, con una tos cada vez más febril, más negra, más fibrosa, que iba hundiéndosele cada vez más en la caja torácica, hasta salirle al final ya no de los pulmones, sino del corazón, más exactamente de la válvula sigmoidea.

Lo peor de todo fue que, al cabo de un tiempo, la señora Sørensen también empezó a toser, con una tos desafinada, producida más por el pulmón izquierdo que por el derecho, que se le desplazaba por el cuerpo sin cesar, tomándole el pabellón auricular, las axilas, las uñas.

Todo había sido obra del bacilo de Scalpighi, agente de la tos nómade, que se expande por el organismo, como un cáncer, haciendo metástasis en lugares tan alejados de los pulmones como el colon ileopélvico.

Para evitar el contagio, los Sørensen enviaron inmediatamente a Ariadna al campo. Si bien la familia Sørensen se había hecho vacunar contra el tétano, la viruela y la tuberculosis, se habían olvidado de la vacuna contra el bacilo de Scalpighi. Lo que no puedo dejar de reprochar a los higienistas, seguramente financiados por los laboratorios alemanes, que han contribuido a darle una popularidad exagerada al bacilo de Koch, dejando en las notas a pie de página de los manuales de patología, bacilos no menos perniciosos como el bacilo de Scalpighi.

Los Sørensen pagaron con sus vidas este error. Dos meses más tarde, el señor Sørensen expiró en los brazos de la señora Sørensen: cof. Y dos meses más tarde, la señora Sørensen también expiró, pero expiró sola, absolutamente sola: cof cof. Su última voluntad fue que Ariadna permaneciera en el campo, sobre todo durante el entierro. Los microbios presentes en los funerales de los padres, aseguró, suelen ser los más mortíferos.

Par Diego Vecchio

Diego Vecchio, Buenos Aires, 1969. Il vit à Paris depuis 1992. Il a publié Historia calamitatum (Buenos Aires, Paradiso, 2000), Egocidio : Macedonio Fernández y la liquidación del yo (Rosario, Beatriz Viterbo, 2003), Microbios (Rosario, Beatriz Viterbo, 2006) et Osos (Rosario, Beatriz Viterbo, 2010). La Dame aux quintes est tirée du recueil Microbios, récemment publié par les éditions L’Arbre vengeur.

Denis Amutio est traducteur de l’espagnol et du catalan, parmi les derniers titres qu’il a traduits, on trouve Ici repose Nevares et autres récits mexicains de Pere Calders (en collaboration avec Robert Amutio), Les Allusifs ; Trous Noirs de Lázaro Covadlo, L’Arbre vengeur ; Mobilier Funéraire de Fernando Iwasaki (en collaboration avec Robert Amutio), Cataplum éditions et Microbes de Diego Vecchio, L’Arbre vengeur.

Illustration d’Esteban De la Mata. Originaire de Mar del Plata, en 2002 il obtient un diplôme en communication sociale à l’Université nationale de La Plata. Il a travaillé comme journaliste à la radio et à la télévision, et comme attaché de presse dans le domaine politique. Il a aussi été professeur, facteur, barman et ouvrier agricole. Il a vécu dans de nombreux endroits (La Plata, Buenos Aires, Patagonie, Brésil, Espagne) et habite actuellement à Bordeaux.