il enfonce
le premier
pieu
d’une aire
probable
le cachet qui manque
l’en empêche
il enfonce
un deuxième
pieu
et brise
la bureaucratie
du visage
tranquillement
il enfonce
le troisième
pieu
et arrache les barbelés
de l’horizon
antérieur
« les entailles dans les fruits se soignent »
quand il enfonce
le quatrième
pieu
la faim
a disparu
et il reste seulement
le cadeau
du va et vient
DERNIÈRE ABSENCE
Il n’y a pas de voix derrière ces lettres dont la lecture émeut silencieusement la voix.
Il semble parfois que chaque ligne écrite implore pour fuir à travers un regard étranger.
Et entre les lignes s’entête une voix oubliée qui essaie de s’imposer à toute mémoire.
C’est alors que le temps se projette et se prolonge avec un rythme asphyxiant qui oblige.
Et les hommes se recroquevillent soudain assiégés sans comprendre pourquoi personne ne s’écoute.
IL A EFFACÉ TON PROFIL
il a démantelé ton profil
— soigneusement
effaçant la ressemblance entre tes yeux verts
et mes yeux noirs
« moi j’aime celle de la station balnéaire
je t’y aperçois »
« tu y
retournerais ? »
« j’adorerais »
(nous faisons partie
des yeux
verts et des
yeux noirs)
soigneusement —
recomposer la plage,
l’image de la plage, le désir
que les yeux de couleur puissent te voir
toujours sous cette plénitude
(comme un tableau dans une plaine
emplie de portes
s’ouvrant sur ta porte
ÉCOULEMENT
L’effondrement s’impose tout au long de la fibre d’une impulsion aveugle.
C’est le but que l’air fixe au poumon déchiré.
C’est la brume qui tombe du soleil vers les rivières où plongent les poings.
Et il n’y a pas de pause dans l’humidité tissée en laquelle le corps se cache et se limite.
Les mains agitent le vent en silence et construisent des navires d’épouvante.
Et la nuit passe en murmures qui entravent le coup total des vagues.
Les hommes alors invoquent les naufragés d’une autre présence.
Leurs bouches profèrent des paroles qui enracinent du sens.
Leurs bouches sont d’énormes navires qui transportent le lugubre amour d’une origine.
Une question renaît du fond oublié du sommeil.
Une promesse attentive et lointaine nourrit la valeur de quelques pas fermés.
Et une terre perdue dans la poitrine conserve la fureur soulevée de la poussière.
Je reviens à la maison et je vois que le trajet est maintenant une forme d’épargne.
SUR LA GENÈSE
vider
de sa matière
le paradis :
déporter
tout bien,
jusqu’à la trace
qui du « seigneur »
pourrait rester,
apporter tout
à la Terre
qui ici reste
vider
le paradis,
jusqu’au saccage :
la file
de paysans
exténués
d’extirper
tout ce qui pourrait exister,
en contrôlant
s’estompent
les traces
de l’entrée
« qu’en blanc
reste muet
ce qui a été vidé
que son champ
soit importé
et que nous le sentions »
merveilleentasséedanslamisère
dividende
rêvée
de la copie
L’OPÉRATION
De l’entaille de lettres soutenues un temps ressurgit le sang d’un visage vide.
Mais le visage du temps n’a nul besoin de la blessure qu’inflige l’amour de ce qui est juste.
Il y a des visages laissés de côté qui sont eux-mêmes l’entaille du temps.
Et ainsi les mots qui opèrent ne suturent qu’à peine la blessure visible aux yeux.
De l’entaille de lettres soutenues un temps ressurgit le sang d’un visage vide.
clava
la primera
estaca
de un área
probable
el sello que falta
lo impide
clava
la segunda
estaca
y rompe
la burocracia
del rostro
tranquilamente
clava
la tercera
estaca
y desalambra
el horizonte
anterior
“los tajos en la fruta se remedian”
cuando clava
la cuarta
estaca
ha desaparecido
el hambre
y queda sólo
el regalo
del vaivén
ÚLTIMA AUSENCIA
No hay una voz detrás de estas letras que al ser leídas conmueven en silencio a la voz.
A veces parece que cada línea escrita implorara escapar a través de una mirada ajena.
Y entre líneas reincide una voz olvidada que intenta anteponerse ante cualquier memoria.
Es entonces que el tiempo se proyecta y prolonga con un ritmo asfixiante que obliga.
Y los hombres se encogen de pronto asediados sin entender porqué nadie se escucha.
BORRÓ TU PERFIL
desmanteló tu perfil
– esmeradamente
borrando la semejanza de tus ojos verdes
con mis ojos negros
“a mí me gusta la del balneario,
te distingo”
“irái a ir
de nuevo?”
“me encantaría”
(somos parte
de los ojos
negros y de los
ojos verdes)
esmeradamente –
recomponer la playa,
la imagen de la playa, el deseo
de que los ojos de colores puedan verte
bajo esa plenitud
como un cuadro en una planicie
repleta de puertas
abriéndose a tu puerta
DERRAME
Se impone el derrumbe a lo largo de la fibra de un impulso ciego.
Es la meta que el aire le fija al pulmón destrozado.
Es la bruma que cae del sol a los ríos donde se hunden los puños.
Y no hay pausa en la humedad tejida en que el cuerpo se oculta y limita.
Las manos agitan el viento en silencio y construyen navíos de espanto.
Y la noche transcurre en murmullos que obstruyen el golpe total de las olas.
Los hombres entonces invocan a náufragos de otra presencia.
Sus bocas profieren palabras que arraigan sentido.
Sus bocas son enormes navíos que transportan el lúgubre amor de un origen.
Una pregunta renace en el fondo olvidado del sueño.
Una promesa atenta y remota alimenta el valor de unos pasos cerrados.
Y una tierra perdida en el pecho conserva el furor sublevado del polvo.
Vuelvo a casa y veo que el trayecto es ahora una forma de ahorro.
DE GÉNESIS
vaciar
de su materia
al paraíso:
deportar
todo bien,
hasta la huella
que del “señor”
quedar pudiera,
traer todo
a la Tierra
que aquí queda
vaciar
el paraíso,
hasta el saqueo:
la hilera
de peones
extenuados
de extirpar
cuanto existiere,
controlando
se borren
las huellas
del ingreso
“que en blanco
quede mudo
lo vaciado
que su campo
se importe
y lo sintamos”
maravillahacinadaenlamiseria,
dividendo
soñado
de la copia
LA OPERACIÓN
Del tajo de letras sostenidas un tiempo rebrota la sangre de un rostro vacío.
Pero el rostro del tiempo no necesita la herida que inflige el amor de lo justo.
Hay rostros dejados al lado que son ellos mismos el tajo del tiempo.
Así las palabras que operan apenas suturan la herida visible a los ojos.
Del tajo de letras sostenidas un tiempo rebrota la sangre de un rostro vacío.
Christian Anwandter est né à Santiago de Chile en 1981.
Il participe aux comités de rédaction de la revue Nigredo, publiée en France, et de la revue en ligne de poésie VA, publiée à Santiago.
Il a publié des poèmes dans des revues au Mexique, au Brésil et au Chili.
En 2008, il publie le recueil de poèmes Para un cuerpo perdido ( Pour un corps perdu ) aux Ediciones Tácitas.
A l’heure actuelle, il prépare un nouveau recueil de poèmes, intitulé Colores descomunales ( Couleurs démesurées ).
Pauline Hachette vit à Paris où elle est professeur agrégé de Lettres. Elle prépare une thèse sur la poétique de la colère chez Céline et Michaux à l’Université de Saint-Denis.
Les illustrations de l’atelier Hispanophonie sont de Jerónimo López Ramírez, dit “Dr. Lakra”, Mexico, 1972. Il vit et travaille entre Mexico et la ville d’Oaxaca, au Mexique.
Performance en ligne, septembre 2008
Il est représenté par la Galerie Mexicaine Kurimanzutto