Laura

Elle avait l’habitude de prendre des bains de soleil sur le toit de notre maison. Elle enlevait le haut de son bikini et s’allongeait pendant des heures sous un soleil puissant qui changeait la couleur de sa peau en un rien de temps. J’aimais m’asseoir à quelques mètres et l’observer à moitié nue. J’aimais savoir qu’à ce moment-là Laura était ma femme. Elle avait deux ailes tatouées sur les mollets.

Celles d’un ange, disait-elle quand elle se saoulait et qu’elle conduisait sa vieille Camaro à toute allure.

L’hiver avant qu’elle ne tombe malade, elle disait qu’elle voulait avoir un enfant. C’était une idée qu’elle s’était mise en tête et qu’elle ressortait aux moments les plus inattendus. À minuit elle me réveillait et parlait des lieux où elle emmènerait le petit, de l’homme qu’il deviendrait un jour. Elle parlait des choses auxquelles elle devait le préparer.

Quand on s’est connus, tu ne voulais pas d’enfant, lui dis-je une nuit au dîner, la nourriture était froide, on buvait des bières en regardant la télé.

À ce moment-là j’avais vingt ans, dit-elle ; maintenant j’approche des trente.

Quand on lui détecta cette infection rare au rein droit, elle oublia qu’elle voulait être mère. Une après-midi elle entra dans mon atelier et dit qu’elle avait uriné du sang. On alla à la salle de bains et là, à côté de l’urine il y avait un liquide sombre et visqueux qui sentait très mauvais.

Qu’est-ce que c’est que ça? Qu’est-ce que tu crois que j’ai?, demanda-t-elle comme si je connaissais quoi que ce soit à la médecine.

Le docteur dit qu’il fallait lui enlever le rein droit, Laura ne posa presque pas de questions. On quitta le cabinet en silence.

Elle se réveillait certaines nuits et je ne la trouvais pas à côté de moi. Elle regardait la télé dans le salon ou fumait dans le jardin ; je m’approchais d’elle et je passais mon bras autour de ses épaules et on ne parlait pas. On restait là assis, à fumer, jusqu’à ce que le sommeil revienne et on retournait dans la chambre. Elle était effrayée mais elle évitait d’aborder le sujet de la maladie.

Après l’opération elle dit qu’elle avait vu son père. Il lui prenait la main et ils marchaient dans une rue très fréquentée de New-York. Son père était mort quatre ou cinq ans auparavant d’une balle qu’il s’était logée lui-même dans la tête.

C’était un homme jeune, il me parlait de tous les pays où il avait été, murmura-t-elle.

C’est l’anesthésie, Lau.

Tu peux dire ce que tu veux, mais c’était hyper réel. Cet homme était mon père.

Elle pleurait parce que la douleur était insupportable. Elle me demandait de l’emmener en la soutenant à la salle de bains. Elle se bourrait de médicaments et s’endormait avant le petit matin.

Quand je l’ai connue, on commençait l’université. Elle avait volé la voiture de sa mère et nous étions partis avec un groupe d’amis près du fleuve Pirai. On s’était baladés presque toute l’après-midi jusqu’à ce qu’on se retrouve sans essence et qu’on abandonne la voiture sur la route, on était revenus à la ville en auto-stop. Elle ne s’était jamais bien entendue avec sa mère. Après le divorce les choses avaient commencé à aller mal entre elles, et elles se disputaient fréquemment, et Laura n’adressait pas la parole aux hommes avec qui elle sortait.

On aimait aller à la piscine et s’immerger et voir nos visages effacés par l’eau. On aimait se dire salut comme si on était des poissons préhistoriques qui se rencontraient après s’être cherchés pendant des années. Des poissons perdus, menacés d’extinction. Des poissons qui se regardaient pendant quelques secondes sans avoir rien à se dire.

Elle ne parlait jamais de son père. Il était militaire, un type qui s’était lancé dans la politique aux débuts des années 80 et qui y avait fait beaucoup d’argent puis qui s’était retiré, en butte à de sérieuses accusations de corruption. L’été 2001 Laura passait quelques jours chez lui, elle avait ouvert la porte de sa chambre et l’avait trouvé sur son lit, la moitié de la tête en moins. Elle avait appelé la police et fait sa déposition. La dernière fois qu’elle parla de lui ce fut quand elle sortit de l’anesthésie et raconta ce qu’elle avait rêvé.

Deux heures après notre mariage on était montés dans la Camaro et on était allés à la cabane de mon frère. On n’avait dit à personne où on allait, et on avait abandonné la fête sans crier gare. Elle portait sa robe de mariée et sortait la tête par la fenêtre, le vent faisait des ravages dans ses cheveux. Elle avait 22 ans, commençait à se transformer en femme mais on voyait toujours l’adolescente qu’elle avait été jusqu’à récemment. Elle était un peu folle, éclatait de joie, parlait toute seule, je lui demandais ce qu’elle disait et elle me regardait comme si je ne comprenais rien, comme si je ne méritais pas de la comprendre. Elle avait un appareil et prenait des photos d’immeubles en construction, de vieilles voitures, d’hommes seuls qui attendaient le bus ou un taxi. Elle prenait aussi des photos de moi, une partie de mon visage dans le rétroviseur, la cravate mal mise, le costume que j’avais loué trempé de sueur. La plupart sortirent floues. Elle en fit encadrer quelques-unes et les plaça dans le salon.

Quand la maladie affecta son autre rein et qu’on lui annonça qu’elle allait avoir besoin d’une transplantation, elle me demanda de l’emmener faire un tour en voiture. Elle ne voulait aller nulle part en particulier, elle voulait bouger, traverser de grandes distances. On parcourut différentes rues de la ville, des quartiers dans lesquels on n’était jamais allés. Elle mettait la musique à fond et sortait la tête par la fenêtre comme elle l’avait fait sept ans auparavant, la nuit où elle avait décidé d’entrer dans ma vie. Elle était bourrée d’antalgiques et de médicaments et elle avait du mal à organiser ses idées. Elle attrapa ma main et la mit entre ses jambes et me demanda de mettre un doigt dans son vagin. Je le fis et elle se mit à pleurer.

Je ne sens rien, dit-elle.

Je la pris dans mes bras et j’essayai de lui expliquer que tout redeviendrait comme avant, que dans quelques mois elle retournerait à la vie qu’elle avait eu jusqu’alors. Elle n’était pas maquillée et ses cheveux étaient rassemblés en queue de cheval, elle avait de grandes cernes et elle avait perdu huit kilos. Elle me regarda et une partie d’elle voulut me croire, mais Laura était une femme intelligente et elle savait que les choses étaient plus compliquées que ce que je suggérais. La peur sur son visage était quelque chose qui l’illuminait depuis l’intérieur, depuis son sang, depuis ses organes abîmés.

Des jours comme celui-ci je pense à elle, à ce qu’elle était. À des choses que j’ai vues, moi et peut-être personne d’autre. C’est comme vouloir enregistrer quelque chose d’impalpable et de volatil qui est condamné à disparaître. Je dois le conserver, l’archiver. Je dois m’expliquer quotidiennement ce que c’est, pour savoir qui nous avons été pendant ces années où nous avons été ensemble.

J’ai pris l’habitude de monter dans la voiture et de rouler jusqu’aux villages voisins. Je prends une chambre d’hôtel et je parle avec mon frère. On discute de n’importe quoi, il ne demande jamais pourquoi je disparais pendant des jours sans prévenir personne. Il ne demande jamais rien sur le désarroi que je ressens dans ces moments, pas même quand je me tais au téléphone ou quand je répète les mêmes anecdotes. La seule fois où j’ai parlé avec lui de la mort de Laura, c’est une nuit où il est venu chez moi et m’a trouvé évanoui après avoir bu pendant trois jours de suite. Il m’a emmené dans la salle de bains, m’a enlevé mes habits et m’a mis sous la douche.

Elle n’aurait pas aimé te voir comme ça, fut son seul commentaire.

Depuis je ne bois plus.

Une nuit Laura est entrée dans mon bureau et a dit qu’il pleuvait et que le chien avait détruit les fleurs. Je me suis approché de la fenêtre et en effet le ciel était gris et une fine bruine commençait à tomber et il y avait des dizaines de fleurs arrachées dispersées sur la pelouse. On est restés quelques minutes à regarder la partie du jardin visible depuis mon bureau. Elle était pieds nus et le duvet de ses bras était hérissé comme si elle venait de passer dans un champ électromagnétique.

Tu imagines comment aurait été ta vie si tu avais pris une autre décision, demanda-t-elle.

Je savais de quoi elle parlait. Elle n’était pas encore malade et c’était une femme brillante et j’étais fou d’elle.

Oui, de temps en temps, dis-je.

Je la pris dans mes bras. Je m’agenouillai et embrassai ses cuisses et regardai son pubis et je posai une joue sur cet emmêlement de poils et je voulus qu’elle me regarde mais elle regardait par la fenêtre. La pluie, quelque chose derrière la pluie, des souvenirs qu’elle n’avait jamais partagés avec moi. Cette après-midi-là elle ne voulut pas faire l’amour. Elle me repoussa en souriant et quitta mon atelier en me laissant seul et triste et excité et avec le vague soupçon que je ne savais pas qui elle était, le soupçon qu’après toutes ces années je n’avais pas la moindre idée de qui était ma femme.

J’ai le cerveau plein d’images. Laura fait des grimaces, tire la langue, parle à des inconnus. Elle marche dans une rue, je vois son dos. Elle enlève ses chaussures et se masse les pieds. Elle se coupe les cheveux en se regardant dans la glace. Elle écrit son nom sur l’écran de la télévision au rouge à lèvres. Ma tête est un cinéma privé où je projette des choses qui sont arrivées, dont je veux croire qu’elles sont arrivées.

Hier j’ai téléphoné à mon voisin et je l’ai menacé de mort. J’ai dit son prénom et son nom et je lui ai annoncé que j’allais le tuer un de ces jours. J’ai raccroché et je suis sorti boire quelques Coca Cola dans des petits bars bruyants. Je l’ai appelé d’un de ces bars pour lui dire que c’était une blague mais il n’a pas répondu.

Laura s’est tiré une balle dans la tête, comme son père. La maladie lui avait enlevé la beauté et la raison. Elle s’est glissé un pistolet dans la bouche alors que je descendais à la pharmacie chercher sa dose quotidienne de médicaments, et elle a appuyé sur la gâchette. Elle s’est fait une fête pour elle toute seule.

Traduit par Pauline Hachette

Solía broncearse en el techo de nuestra casa. Se quitaba la parte superior del bikini y se tendía durante horas bajo un sol poderoso que cambiaba el color de su piel en cuestión de horas. Me gustaba sentarme a unos metros y observarla semidesnuda. Me gustaba saber que en ese momento Laura era mi mujer. Tenía dos alas tatuadas en las pantorrillas.

Las de un ángel, decía cuando se emborrachaba y conducía su viejo Camaro a toda velocidad.

El invierno antes de que enfermara hablaba de que quería tener un hijo. Era una idea que se le había metido en su cabeza y que siempre sacaba a relucir en los momentos más insospechados. A medianoche me despertaba y hablaba de los lugares donde llevaría al niño, del hombre en el que se convertiría algún día. Hablaba de las cosas para las que debía prepararlo.

Cuando nos conocimos no querías hijos, dije una noche en la cena, la comida estaba fría, bebíamos unas cervezas mirando tele.

Entonces tenía veinte años, dijo. Ahora ya casi piso los treinta.

Al detectarle esa rara infección en su riñón derecho se olvidó de ser madre. Una tarde entró en mi estudio y dijo que había orinado sangre. Fuimos al baño y ahí, junto al orín, había un líquido oscuro y viscoso que olía muy mal.

¿Qué es eso? ¿Qué crees que tenga?, preguntó como si yo supiese algo de medicina.

El doctor dijo que había que extraerle el riñón derecho, Laura apenas hizo preguntas. Abandonamos la consulta en silencio.

Despertaba algunas noches y no la encontraba a mi lado. Veía tele en la sala o fumaba en el jardín. Me acercaba y pasaba un brazo alrededor de sus hombros y no hablábamos. Nos quedábamos ahí sentados, fumando, hasta que el sueño volvía y regresábamos al dormitorio. Estaba asustada, pero evitaba tocar el tema de la enfermedad.

Después de la operación dijo que vio a su padre. Le agarraba una mano y caminaban por una calle muy transitada de Nueva York. Su padre murió cuatro o cinco años atrás de un tiro que él mismo se metió en la cabeza.

Era un hombre joven, me contaba de todos los países donde estuvo, susurró.

Fue la anestesia, Lau.

Podés decir lo que se te dé la gana, pero era súper real. Ese hombre era mi padre.

Lloraba porque los dolores eran insoportables. Me pedía que la llevara alzada al baño. Se atiborraba de fármacos y quedaba dormida antes del amanecer.

Cuando la conocí, empezábamos la universidad. Robó el auto de su madre y fuimos con un grupo de amigos al río Piraí. Dimos vueltas casi toda la tarde hasta que se quedó sin gasolina y lo abandonamos en el camino, volvimos a la ciudad haciendo autostop. Nunca se llevó bien con su madre. Desde el divorcio las cosas empezaron a ir mal entre ellas y peleaban con frecuencia y no les dirigía la palabra a los hombres con los que se metía.

Nos gustaba ir a la piscina y sumergirnos y ver nuestros rostros
borrados por el agua. Nos gustaba decirnos hola, como si fuésemos peces prehistóricos que se encontraban después de años de buscarse. Peces perdidos, a punto de extinguirse. Peces que se miraban durante unos segundos sin tener nada que decirse.

Nunca hablaba de su padre. Era militar, un tipo que se metió en la política a principio de los años 80 e hizo mucho dinero y que se retiró cercado por serias acusaciones de corrupción. El verano de 2001 Laura pasaba unos días en su casa, abrió la puerta de su habitación y lo encontró en la cama sin la mitad de la cabeza. Llamó a la policía y testimonió lo sucedido. La última vez que habló de él fue cuando salió de la anestesia y contó que lo había soñado.

A las dos horas de casamos nos metimos en el Camaro y fuimos a la cabaña de mi hermano. No dijimos a nadie dónde íbamos, dejamos la fiesta sin previo aviso. Ella llevaba el vestido de novia y sacaba la cabeza por la ventanilla, el viento hacía estragos con su pelo. Tenía veintidós años, empezaba a convertirse en una mujer pero todavía podía ver a la adolescente que fue hasta hace no mucho. Estaba un poco loca, estallaba de alegría, hablaba consigo misma, le preguntaba qué decía y me miraba como si no entendiese nada, como si no mereciese entenderla. Tenía una cámara y sacaba fotos a edificios a medio construir, a autos viejos, a hombres solos que aguardaban el colectivo o el taxi. También me sacaba fotos, parte de mi cara en el retrovisor, la corbata mal puesta, el traje que había alquilado mojado por la transpiración. La mayoría salieron movidas. Algunas las hizo enmarcar y las colgó en la sala.

Cuando la enfermedad le afectó su otro riñón y le informaron que necesitaba un trasplante, me pidió que la llevara a dar vueltas en el auto. No quería ir a ninguna parte, quería moverse, atravesar grandes distancias. Recorrimos distintas calles de la ciudad, barrios en los que nunca estuvimos. Ponía música a todo volumen y sacaba la cabeza por la ventanilla como lo hizo hace siete años, la noche que decidió entrar en mi vida. Estaba atiborrada de analgésicos y de fármacos y no hilaba bien sus pensamientos. Me agarró una mano y la puso entre sus piernas y pidió que metiera un dedo en su vagina. Lo hice y comenzó a llorar.

No siento nada, dijo.

La abracé y traté de explicarle que todo volvería a ser como antes, que en unos meses regresaría a la vida que tuvo hasta hace tan poco. Estaba sin maquillaje y llevaba el pelo amarrado en una cola, tenía grandes ojeras y había perdido ocho kilos. Me miró y algo en ella quiso creerme, pero Laura era una mujer inteligente y sabía que las cosas eran más complicadas de lo que yo sugería. El miedo en su cara era algo que la iluminaba desde adentro, desde su sangre, desde sus órganos dañados.

En días como estos pienso en ella, en lo que era. Cosas que yo vi y que quizás nadie más lo hizo. Es como querer registrar algo impalpable y voluble y que está condenado a desaparecer. Tengo que conservarlo, catalogarlo; tengo que explicarme a diario qué es eso para saber quiénes fuimos los años que estuvimos juntos.

Suelo meterme en el auto y manejo hasta pueblos vecinos. Tomo habitaciones de hoteles y le hablo a mi hermano. Conversamos de cualquier tontería, nunca pregunta por qué desaparezco por días sin avisarle a nadie. Nunca pregunta por lo que siento en todos esos momentos de desconcierto, ni siquiera cuando me callo al teléfono o cuando repito las mismas anécdotas. La única vez que hablé con él de la muerte de Laura fue una noche que vino a casa y me encontró desmayado después de beber durante casi tres días seguidos. Me llevó al baño, quitó mi ropa y me metió en la ducha.

A ella no le hubiera gustado verte así, fue lo único que dijo.

Desde entonces no bebo.

Una noche Laura entró en mi estudio y dijo que estaba lloviendo y que el perro había destrozado las flores. Me acerqué a la ventana y en efecto el cielo era gris y empezaba a caer una fina llovizna y había decenas de flores rotas dispersas en el pasto. Nos quedamos unos minutos mirando la parte del jardín visible desde mi estudio. Estaba descalza y tenía los vellos de sus brazos erizados como si acabase de pasar por un campo electromagnético.

¿Te imaginás cómo hubiera sido tu vida si hubieras tomado otro tipo de decisiones?, preguntó.

Sabía a lo que se refería. Aún no enfermaba y era una mujer brillante y yo estaba loco por ella.

Sí, de tanto en tanto, dije.

La abracé. Me agaché y besé sus muslos y bajé sus shorts y miré su pubis, y asenté una mejilla en esa maraña de pelos, y quise que ella me mirase pero miraba por la ventana. La lluvia, algo detrás de la lluvia, recuerdos que nunca compartió conmigo. Esa tarde no quiso hacer el amor. Me rechazó sonriendo y abandonó mi estudio dejándome solo y triste y excitado y con la vaga sospecha de que no sabía quién era, con la sospecha de que después de todos esos años no tenía la menor idea de quién era mi mujer.

Tengo el cerebro lleno de imágenes. Laura hace gestos, saca la lengua, habla con desconocidos. Camina por una calle, veo su espalda. Se saca los zapatos y se da masajes en los pies. Se corta el pelo mirándose en el espejo. Escribe su nombre en la pantalla del televisor usando un lápiz labial. Mi cabeza es un cine privado donde proyecto cosas que sucedieron, cosas que quiero creer que sucedieron.

Ayer llamé a mi vecino y lo amenacé de muerte. Dije su nombre y su apellido y le informé que iba a matarlo algún día de estos. Colgué y salí a caminar y bebí un par de Coca Colas en bares pequeños y ruidosos. Le hablé de uno de esos bares para decirle que era una broma pero no contestó.

Laura se pegó un tiro en la cabeza, igual que su padre. La enfermedad le había quitado la belleza y la cordura. Se metió una pistola en la boca cuando yo estaba en una farmacia buscando su dosis diaria de remedios, y apretó el gatillo. Hizo una fiesta para ella sola.

Par Maximiliano Barrientos

Maximiliano Barrientos (Santa Cruz de la Sierra, Bolivie, 1979).

Nombre de ses articles sur la littérature, la musique et le cinéma, ainsi que quelques chroniques, ont été publiés en Bolivie dans divers magazines et suppléments littéraires. Il est actuellement enseignant à l’Université, et dirige aussi les ateliers de création littéraire et de critique cinématographique. Il a publié les recueils de nouvelles Los daños (Les dégâts), 2006 et Hoteles 2007, dont l’éditeur espagnol Periférica a sélectionné certains textes afin de les publier au cours de cette année 2010 sous le titre Fotos tuyas cuando empieces a envejecer (Photos de toi quand tu commenceras à être vieux).

Certains de ses récits ont été publié dans des revues et des anthologies telles que la version électronique d’El futuro no es nuestro (L’avenir ne nous appartient pas), Alta en el cielo (Haute dans le ciel), qui rassemble les travaux des narrateurs boliviens contemporains les plus représentatives, ou le numéro spécial de la revue espagnole Eñe, dédié à la nouvelle littérature latino-américaine.

En 2007, Diario (Journal), son troisième recueil de nouvelles, remporte le Prix National de Littérature de Bolivie. Enfin, il collabore en tant que coéditeur à la première anthologie bolivienne de non-fiction, paru en 2009 sous le titre de Conductas erráticas (Comportements erratiques).

Pauline Hachette vit à Paris où elle est professeur agrégé de Lettres. Elle prépare une thèse sur la poétique de la colère chez Céline et Michaux à l’Université de Saint-Denis.

Les illustrations de l’atelier Hispanophonie sont de Jerónimo López Ramírez, dit “Dr. Lakra”, Mexico, 1972. Il vit et travaille entre Mexico et la ville d’Oaxaca, au Mexique.

Performance en ligne, septembre 2008

Il est représenté par la Galerie Mexicaine Kurimanzutto