D’après une histoire vraie IV

LUI énervé : Qui est-ce ?

LA DAME off : C’est moi...

ELLE ouvre la porte, la vieille entre.

LA DAME la mine réjouie : Je suis venue dès que j’ai su !

ELLE : Madame...

LA DAME : Je me suis dit sans hésiter – tu dois te rendre auprès d’eux.

LUI : Mais, comment l’avez-vous appris ?

ELLE : Laisse-la, comme si c’était important...

LA DAME : Qui plus est le jour de son anniversaire... Quelle épreuve ! Aussi, je me suis dit, c’est dans le malheur qu’on reconnaît les amis !

LUI : Quel malheur ? Qui parle de malheur ?

ELLE : Change de ton, s’il te plaît. À la dame. Alors... avez-vous beaucoup de travail ces temps-ci ?

LA DAME : Les naissances sont plus rares, j’ai de moins en moins d’accouchements. Mais, j’ai bon cœur. Un cœur grand, et sensible...

LUI : Ce ne sont pas les accouchements qui nous préoccupent ! L’avez-vous vu ?

LA DAME : Cette nuit... en rêve. N’est-ce pas surprenant ? Il est enfermé dans ce qui ressemble à une armoire. Dans ses mains, un poisson. Des gens se précipitent vers lui, tentent de lui ouvrir. Lorsqu’enfin la porte cède, plus personne. Juste ses vêtements. Elle sourit. J’aurais tellement aimé le voir. Je t’ai toujours dit que tu aurais une vie exaltante, n’est-ce pas ? Où se trouve votre maman ? Ai-je seulement pensé à lui apporter un cadeau ?


LUI : C’est fini. Tout est fini. Il m’a retrouvé... et maintenant, tout est fini...

LA DAME : Qu’est-ce qui est fini ?

ELLE : Ne prêtez pas attention à lui, il radote. Voulez-vous une part gâteau ?

LUI : Parce que vous croyez que c’est le moment de goûter, peut-être ?

LA DAME : Non, merci.

LUI : J’aurais pourtant essayé... Je le savais. Je savais que, tôt ou tard, ça arriverait. Je me suis caché toutes ces années et maintenant...

LA DAME : Vous avez changé de nom ?

LUI : Oui.

LA DAME : Lorsqu’on me l’a dit, je ne l’ai pas cru. C’est si excitant ! Comment vous appeliez-vous avant ?

Un temps.

LUI : Je ne me souviens pas.

ELLE : C’était il y a longtemps.

LUI : Tout ce que je désirais, c’était oublié... Mais lui...

ELLE : Maman nous lira bientôt son nouveau récit.

LA DAME : Formidable, j’aime les histoires. Les histoires vraies, en particulier.

LUI : Assez, stop ! Arrêtez ! Quelles histoires vraies ? On n’est pas dans un roman. Ça, c’est la vraie vie. C’est ma vie !

Un temps.

LA DAME : La littérature permet de fuir la réalité.

LUI : Pardon ?

LA DAME : On peut s’y cacher. S’y réfugier, quand tout va mal.

LUI : Que je me cache dans la littérature ?

LA DAME : Je ne sais pas... j’ai juste dit...

LUI : Fermez-la !

ELLE : S’il te plaît...

LUI : Sortez ! Vous entendez ce que je vous dis ? Fichez le camp de chez moi !

LA DAME : Mais...

ELLE : Reprends-toi, tu n’as donc aucun savoir-vivre ?

LUI : Foutez le camp !

LA DAME à la femme : J’ai toujours su que tu aurais une vie exaltante.

LUI jette la dame dehors.

ELLE : Tu es fou !

LUI : Oui, je suis fou ! Je suis à bout. Tu pourrais me comprendre, non ? Il est là. Il me tuera. Et, pourquoi ? Pour quelque chose que j’ai fait il y a des années ? Pourquoi ne peut-il pas tout simplement oublier, pardonner ?

ELLE : Je l’ignore. En revanche, d’une certaine façon, je le comprends.

LUI : Tu le comprends ?

ELLE : Oui.

LUI : Lui, tu le comprends ?

ELLE : Je comprends ce qu’il éprouve à ton endroit...

LUI : Lui, tu le comprends, mais moi dans tout ça ? Pourquoi moi, tu ne me comprends pas ? Je vais le tuer... Oui, c’est ce que je vais faire.

ELLE : Comment ?

LUI : Quoi comment ? Comme il se doit.

ELLE : Je t’interdis.

LUI : Je le ferai ! Je le tuerai. Donne-moi quelque chose... Où est le couteau ? La hache, où as-tu mis la hache ? Je l’aurai... je l’aurai... Je n’ai pas peur de lui. Je m’en fous ! Il ne devait pas revenir ! Pourquoi est-il revenu ? Il est le seul coupable ! Je le tuerai. C’est moi qui le tuerai le premier. D’abord, je le tuerai. Pourquoi tu me regardes ? Ne me regarde pas comme ça ! Tu entends ? Ne me regarde pas comme ça ! Je le tuerai !

On frappe à la porte. LUI se fige, médusé.

ELLE : Ce n’est pas lui. Il ne frapperait pas avant d’entrer, n’est-ce pas ?

ELLE ouvre la porte, LE JOURNALISTE entre.

LE JOURNALISTE : Bonjour... ou plutôt, bonsoir...

ELLE : Vous cherchez quelqu’un ?

LE JOURNALISTE : Permettez-moi de me présenter : j’écris pour la presse locale et...

LUI : Que voulez-vous ?

LE JOURNALISTE : Une déclaration.

LUI : Une déclaration ?

LE JOURNALISTE : Ou si vous préférez... une interview. Comment appréhendez-vous ce revirement de situation ? Accordez-moi un moment, juste quelques questions. Ça intéresse mes lecteurs.

LUI : Quelle situation ? Ce n’est pas «une situation», c’est une tentative de meurtre !

ELLE : N’exagère pas, il n’y a eu aucune tentative de meurtre.

LUI : Pas encore.

LE JOURNALISTE : Mais cela ne manquera pas d’arriver ?

LUI : Comment le savez-vous ? Qu’avez-vous entendu ? Parlez !

LE JOURNALISTE : Je n’avance rien, j’interroge. Permettez...

Il sort un carnet dans lequel il note les réponses.

LE JOURNALISTE : Dites-moi... que ressentez-vous?

Un temps.

LE JOURNALISTE à la femme : Vous ?

ELLE : Je vous en prie, c’est de l’ordre de l’intime, ce que nous ressentons. C’est personnel.

LE JOURNALISTE : Le public a le droit de savoir.

LUI : Que le public arrête le meurtrier alors !

LE JOURNALISTE : Intéressant... ça pourrait même faire un titre... Oui, oui... continuez ! Auriez-vous quelques photos qui pourraient coller avec votre récit ? Vous savez, les gens préfèrent les images, l’histoire est plus facile à comprendre...

ELLE : J’en ai une... Une vieille... À son mari. Tu te rappelles, nous l’avions prise au zoo. Il y a bien... 17 ans, déjà ! Tu es assis près de la cage aux...

LUI : Je ne donne pas de photo !

LE JOURNALISTE : Le zoo ? Ça serait génial. On voit les animaux ? Vous savez, les gens s’attendrissent à la vue des animaux. Une tortue, par exemple ! Moi quand je vois une tortue...

LUI : Il n’y a pas de photo !

LE JOURNALISTE : Bien, sans photo alors.

LUI à sa femme : Pourquoi as-tu conservé cette photo ? Tu es complètement inconséquente. Ne t’avais-je pas demandé de tout détruire ?

ELLE : J’ai gardé seulement celle-là... Je ne pouvais pas me résoudre à...

LUI : Il y a treize ans, je t’ai suppliée de brûler toutes les photos et tu m’annonces qu’il en reste une ? Il fallait tout brûler. Chaque trace. Je voulais disparaître...

ELLE : Tu voulais te planquer... C’est l’unique raison.

LUI : Dorénavant, il est trop tard. Il est là. Je suis un homme mort.

LE JOURNALISTE : Donc je peux la prendre ?

LUI : Non !

LE JOURNALISTE : Et lorsqu’il vous tuera... je veux dire, s’il vous tue, pourrais-je, à ce moment là...?

LUI : Certainement pas !

LE JOURNALISTE : Je comprends... Ensuite, dites-moi, grosso modo, qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez appris qu’il était revenu ?

LUI : Je n’en peux plus... Je dois m’enfuir.

LE JOURNALISTE : J’ai pour seule information votre date de naissance. Vous êtes né le 19 juin [1], est-ce exact ?

LUI : Qui vous a dit cela?

LE JOURNALISTE : Nous avons nos sources... Vous savez, les petits secrets de journalistes. Votre père s’est tué alors que vous n’étiez...

LUI : Assez ! D’où tenez-vous ça ? C’est lui qui vous l’a dit ?

ELLE : Calme-toi.

LUI : Vous lui avez parlé ?

LE JOURNALISTE : C’est vous qui le dites... Ceci étant, il serait bon de confronter les deux versions.

LUI : Que savez-vous d’autre ?

LE JOURNALISTE : Je ne fais que rassembler les pièces du puzzle. Une petite question encore... Comment pensez-vous qu’il vous tuera ? J’entends par là, comment imaginez-vous la scène du meurtre ?

Un temps.

LE JOURNALISTE : Quelle arme utilisera t-il, selon vous ? Un pistolet ? Un couteau ?

LUI : Ça suffit !

ELLE : Il n’y aura pas d’arme.

LE JOURNALISTE : À mains nues, donc ?

LUI : Sortez !

ELLE : Rien de tout cela n’arrivera !

LUI : Dehors ! Dehors !

LE JOURNALISTE : Dernière question... Est-il vrai que vous avez tué son père ?

LUI : Dehors !

Il le met à la porte avec fracas. ELLE et LUI sont assis à table. LUI, manifestement brisé par la peur, cède à la panique. Il boit de l’eau. Affolé, il s’humecte le visage, puis le cou.

LUI : C’est la fin...

ELLE : Non.

LUI : La fin est proche. Il me tuera. Je le sais... Je le sens... Je vais mal, je ne vais vraiment pas bien..

ELLE : Calme-toi.

LUI : Je ne me sens pas bien... Donne-moi un cachet...

ELLE : Il n’y en a plus.

LUI : Mes yeux... Ma vue se brouille...

ELLE : Tu n’as absolument rien.

LUI : Si ! Ne dis pas que je n’ai rien ! Je vais très mal... Appelle quelqu’un !

ELLE : Qui ?

LUI : Je t’en prie ! Je ne passerai pas la nuit.

ELLE : Calme-toi... Prends un peu d’eau.

LUI : Je ne peux pas. J’ai la nausée... Je vais vomir... Tiens-moi, donne-moi la main, je t’en prie... Ne m’abandonne pas... je t’en supplie...

ELLE : Je suis là.

LUI : Je meurs.

ELLE : Chuuuut.

LUI : Aide-moi.

ELLE le prend contre son sein comme une mère. ELLE lui caresse les cheveux. Passé un instant, il se calme.


ELLE : Sais-tu que je t’ai trompé ?

LUI : Je le sais.

ELLE : Et ?

LUI : Tu ne vas pas me quitter ?

[...]

Traduit par Karine Samardzija

ON (bijesno) : Ko je?

GOSPOĐA (off) : Ja sam...

ONA otvori vrata, uđe stara Gospođa.

GOSPOĐA (veselo) : Došla sam čim sam saznala.

ONA : Gospođo...

GOSPOĐA : Odmah sam sebi rekla – moraš ih obići.

ON : A, kako ste vi to saznali?

ONA : Pusti ženu, kao da je važno...

GOSPOĐA : I to još na rođendan...strašno. Zato sam sebi rekla, prijatelji se poznaju u nesreći...

ON : Kakvoj nesreći? Nije bilo nikakve nesreće!

ONA : Ne budi nepristojan. (Gospođi) Nego, recite...imate li puno posla?

GOSPOĐA : Porođaja je sve manje...Ali, ja imam veliko i tužno srce...

ON : Pustite sad porođaje! Da ga niste vidjeli?

GOSPOĐA : Sinoć, u snu.. Nije li to čudno. Kao on u nekom ormaru, zaključan, a u ruci mu... riba. Dotrče neki ljudi, gomila njih, pokušavaju otvoriti..i na kraju...kad otvore, a unutra samo odijelo. Nasmiješi se Baš bih ga voljela vidjeti. Rekla sam ja da ćeš ti imati interesantan život, zar ne? Gdje je vaša mama? Donijela sam joj poklon?

ON : Gotovo je. Sve je gotovo. Pronašao me je...i sad je gotovo...

GOSPOĐA : Šta je gotovo?

ONA : Pustite ga, priča gluposti. Hoćete tortu?

ON : Vama je do torte?!

GOSPOĐA : Ne, hvala.

ON : Sve sam pokušao...ali sam znao, znao sam da će se ovo dogoditi. Skrivao sam se godinama i sada...

GOSPOĐA : Promijenili ste ime?

ON : Da.

GOSPOĐA : Neko mi je to rekao, ja nisam vjerovala. Kako je to zanimljivo...a, kako ste se zvali?

Pauza.

ON : Ne sjećam se...

ONA : Davno je to bilo.

ON : Htio sam sve zaboraviti...ali on...

ONA : Mama će nam uskoro pročitati svoju novu priču.

GOSPOĐA : Divno, volim priče. Posebno one istinite.

ON : Dosta! Prekinite! Kakve istinite priče?! Ovo je strašnije od svake priče, ovo je pravi život, moj život...

Pauza.

GOSPOĐA : Literatura je bijeg od stvarnosti...

ON : Šta?

GOSPOĐA : Tamo se čovjek može sakriti...kad sve drugo krene loše.

ON : Da se sakrijem u literaturu?

GOSPOĐA : Ne znam...ja samo kažem...

ON : Začepi više!

ONA : Molim te...

ON : Izlazite! Čujete šta vam govorim!? Marš iz moje kuće!

GOSPOĐA : Ali...

ONA : Kako se to ponašaš!?

ON : Marš!

GOSPOĐA ženi : Ja sam oduvijek znala da ćeš ti imati zanimljiv život.

ON izbaci gospođu vani.

ONA : Ti si lud!

ON : Jesam! Lud sam! Ne mogu više. Kako ne shvataš? On je tu...ubiće me..a, zašto? Zbog nečega što sam uradio prije toliko godina? Zašto jednostavno nije mogao zaboraviti..oprostiti?

ONA : Ne znam...ali ga...na neki način...razumijem.

ON : Razumiješ?

ONA : Da.

ON : Ti njega razumiješ?!

ONA : Shvatam šta osjeća prema tebi...

ON : Razumiješ njega, a šta je sa mnom? Zašto mene ne razumiješ?... Treba ga ubiti...Da, to ću uraditi...

ONA : Kako?

ON : Šta kako? Fino.

ONA : Nećeš.

ON : Hoću! Ubiću ga...Daj mi nešto...Gdje je nož...Sjekira...Gdje si ostavila sjekiru? Ja ću ga...ja ću ga...nije me strah. Baš me briga! Nije trebao ovo uraditi! Zašto je dolazio!? Sam je kriv! Ubiću ga. Prvi ću ga ubiti. Šta me gledaš? Ne gledaj me tako! Čuješ li! Ne gledaj me tako! Ubiću ga!

Kucanje na vratima. ON zastane, prestravljen

ONA : Nije on...on ne bi kucao, zar ne?

Otvori vrata, uđe NOVINAR.

NOVINAR : Dobar dan...ili, bolje, dobro veče...

ONA : Koga trebate?

NOVINAR : Dozvolite da se predstavim...pišem za lokalne novine i...

ON : Šta hoćete?

NOVINAR : Izjavu.

ON : Kakvu izjavu?

NOVINAR : Ili bolje...intervju. Vaša razmišljanja o situaciji u kojoj se nalazite. Samo par pitanja...ljudi su zainteresovani.

ON : O kakvoj situaciji? Nije to nikakva situacija, to je pokušaj ubistva.

ONA : Ne pretjeruj, nikakvog pokušaja ubistva nije bilo.

ON : Ne još.

NOVINARA : Ali će biti?

ON : Kako znate? Šta ste čuli? Govorite!

NOVINAR : Ne trvdim, pitam. Dozvolite...

Vadi bilježnicu u koju zapisuje odgovore.

NOVINAR : Recite mi...kako se osjećate?

Pauza.

NOVINAR (ženi) : Vi?

ONA : Molim vas, to su intimne stvari, to, kako se osjećamo, to je naša stvar.

NOVINAR : Javnost ima pravo znati.

ON : Neka ta javnost zaustavi ubicu.

NOVINAR : Zanimljivo...mogući naslov...samo tako...dalje, recite mi...
Imate neku svoju fotografiju koju bi mogli staviti uz tekst? Znate, ljudi vole slike, lakše razumiju priču...

ONA : Imam jednu...staru...(mužu)Znaš ona iz zoološkog vrta, prije...17 godina...Ti stojiš pored kaveza sa...

ON : Nedam fotografiju!

NOVINAR : Zoološki vrt? To bi bilo sjajno. Vide li se životinje? Znate, ljudi se raznježe kad vide životinje. Recimo, kornjače, ja kad vidim kornjaču...

ON : Nema slika!

NOVINAR : Dobro, bez slika.

ON (ženij) : I zašto si sačuvala tu sliku? Ti nisi normalna. Jesam ti rekao da sve uništiš?!

ONA : Sačuvala sam samo tu...nisam mogla...

ON : Prije 13 godina sam te zamolio da spališ sve slike i ti mi sad kažeš da imaš jednu? Trebalo je sve zapaliti. Svaki trag. Htio sam nestati...

ONA : Htio si se sakriti...to je razlika.

ON : A, sada je kasno. On je tu i ja sam skoro mrtav čovjek.

NOVINAR : Znači da ipak mogu dobiti fotografiju?

ON : Ne!

NOVINAR : A kada vas ubije...mislim, ako vas ubije, mogu li...?

ON : Ne možete!

NOVINAR : Razumijem...onda, recite mi samo, onako u opštim crtama, kako ste se osjećali kada ste saznali da se vratio?

ON : Ja ne mogu više...moram bježati.

NOVINAR : Imam podatak da ste rođeni 19. juna...to je tačno?

ON : Ko vam je to rekao?

NOVINAR : Imamo mi svoje izvore...Znate, male novinarske tajne. Otac vam se ubio kad ste bili...

ON : Dosta! Otkud vam to? On vam je rekao? Je li tako?

ONA : Smiri se.

ON : Pričali ste s njim?

NOVINAR : Pa, to ste vi rekli...mada, treba čuti obje strane.

ON : Šta još znate?

NOVINAR : Tek sklapam sliku. Još samo jedno pitanje...šta mislite kako će vas ubiti? Mislim, kako zamišljate scenu ubistva?

Pauza.

NOVINAR : Koje oružje će upotrijebiti? Pištolj? Nož?

ON : Prekini!

ONA : Neće biti oružja.

NOVINAR : Dakle, golim rukama?

ON : Izlazite!

ONA : Neće biti ništa!

ON : Napolje! Napolje!

NOVINAR : Još samo...Je li istina da ste mu ubili oca?

ON : Napolje!

Izbaci ga van. ON i ONA sjedaju za sto.ON je, očito, skrhan od straha, narastajuće panike... Pije vodu, nemiran je, kvasi lice, vrat...

ON : Ovo je kraj...

ONA : Nije.

ON : Kraj...ubiće me...znam, znam da hoće...Osjetim to...Loše mi je...

ONA : Smiri se.

ON : Loše mi je...daj mi tabletu...

ONA : Nema.

ON : Nešto nije uredu sa mojim očima...muti mi se...

ONA : Nije ti ništa.

ON : Jeste! Ne govori da mi nije ništa! Loše mi je...Zovi nekoga...

ONA : Koga?

ON : Molim te! Ja neću preživjeti noć.

ONA : Smiri se...uzmi vode.

ON : Ne mogu...muka mi je...povratiću...Drži me, daj mi ruku, molim te...Ne puštaj me...molim te...

ONA : Tu sam.

ON : Umirem.

ONA : Ššššš.

ON : Pomozi mi.

ONA ga uzima u naručje poput majke. Gladi ga po kosi. ON se, poslije par trenutaka, smiri.

ONA : Znaš da sam te prevarila?

ON : Znam.

ONA : I?

ON : Nećeš me napustiti?

[...]

Par Almir Imširević

Almir Imširević est né en 1971 en Bosnie-Herzégovine.

Auteur dramatique, scénariste, nouvelliste, auteur de critiques et d’essais sur le théâtre, il enseigne actuellement au conservatoire de Sarajevo.

Ses textes ont reçu de nombreuses distinctions, dont le prix de la critique du MESS, et ont été présentés en Bosnie, en Slovénie, en Pologne, en Suisse, au festival Act’in de Luxembourg, au festival d’Avignon et à Paris lors de "Balkanisation générale".

Source : Maison d’Europe et d’Orient

Le texte est entièrement illustré par Jacques Mallon, artiste-peintre, qui vit actuellement à Paris. Les croquis présentés ici ont été réalisés au cours de ses nombreux voyages. Vous trouverez également peintures, dessins et aquarelles sur son site

[1Date de naissance de Radovan Karadzic