Partie VII

ALLAUDDIN

Hé, dikra – c’est comme de traîner le cadavre de ce lion que Patterson a tué !

FATEH

Lui au moins, il était plus léger.

ISHWAR

Il était magnifique… !

FATEH

On n’a jamais vu des chenilles faire dérailler un lion, hein Allauddin ?!

ALLAUDDIN

Il y en a des millions, dikra ! Le conducteur me disait qu’elles s’étaient logées dans les rails, autour des roues et même dans la chaudière…

ISHWAR

Les piquants de la chenille – on dirait les bindis dont Vira orne son front !

Pause. FATEH & ALLAUDDIN échangent des regards indulgents.

FATEH

Si seulement le Sahid était ici…

ALLAUDDIN

Eh bien lui – il aurait pu faire ce qu’a fait votre Hanuman ! Soulever ce train et le transporter sur sa tête pour que nous puissions vite rentrer chez nous ! Ishwar – c’est dommage que tu ne l’aies pas connu.

ISHWAR

Il porte tous les jours Vira dans sa poitrine – Je la ramènerai, Fateh.

FATEH

Oui, Ishwar… Donc tu rentres au pays, Allauddin ?

ALLAUDDIN

Mehta-ji a rapporté des nouvelles du bas de la ligne – ma mère est très malade… Les nouvelles mettent si longtemps à parvenir, on ne sait pas ce qui a pu se produire pendant le trajet…

FATEH

Tu verras ton oncle ?

ALLAUDDIN

Je ramène ma mère dès les travaux finis – si je peux faire quelque chose sur la terre que me donneront les sahibs.

FATEH

De boucher à fermier, Allauddin ?

ALLAUDDIN

Que puis-je faire ?... Je veux de la terre près de la tombe du Sahid.

FATEH

Ce lieu désert ?

ALLAUDDIN

Veiller sur la tombe – m’assurer que les trains ralentissent quand ils passent – quelqu’un doit le faire…

FATEH

Tu veux dire que je devrai aller dans ce lieu désert pour lutter avec toi ?!

ALLAUDDIN

Arey dikra – on aura encore beaucoup de combats avant la fin des travaux – et quand je les aurai tous gagnés, tu ne voudras pas me revoir !

FATEH

Jusqu’à présent, tu n’as gagné qu’un seul match !

ALLAUDDIN

Sois prêt à partir ! Je n’ai pas l’intention de passer ma vie avec ces chenilles !

FATEH

Qu’attends-tu alors ?

ISHWAR

Fais attention au chuuni de Vira, Fateh – ne le lui serre pas trop autour du cou !

Un accident : ALLAUDDIN se fait écraser les orteils.

ALLAUDDIN

Quelle malédiction ! Un bras, une jambe ou même un pied en moins auraient constitué aux yeux du monde entier la preuve irréfutable de ma contribution à la construction de ce pays ! Mais vous perdre, vous les deux petits orteils de mon pied droit, si petits, si petits que même la chenille ne vous honorera pas d’un regard – ah, quelle malédiction ! Challo, que faire ? Ici, sous cet épineux près des berges de la Rivière Athi, je vous enterrerai !

LE CHŒUR

Voici que s’élève /

La capitale de l’Empire britannique

D’Afrique-orientale / - Nairobi ! /

Endroit marécageux / alimenté

Par les rivières qui coulent des Montagnes de la Lune. /

C’est ici qu’arriva la tête de ligne, /

Mile 325, / et qu’elle s’assit pour

Se reposer, / tandis que des hommes avec des cartes

Se demandaient comment faire monter les rails

À une hauteur de 10 000 pieds !

MEHTA apparaît, accompagné de VIRA/MOOLLA.

MEHTA

Regarde autour de toi, Moolla, qu’est-ce que tu vois ?

VIRA/MOOLLA

Des tentes, à perte de vue, sur une terre marécageuse. Au loin, des collines.

MEHTA

Ici en Afrique, petit, il faut des yeux qui voient plus loin.

VIRA/MOOLA

Que vois-tu toi, Mehta-ji ?

MEHTA

Des immeubles. Des boutiques. Un bazar. Des maisons. Des familles.

VIRA/MOOLLA

Il n’y a que des tentes.

MEHTA

Viendront d’abord des immeubles en bois, sur des jambes –

VIRA/MOOLLA

Des jambes ?

MEHTA

Pour flotter au-dessus du marais. Puis des immeubles en pierre. Qui crieront au monde notre arrivée et notre installation.

VIRA/MOOLLA

Tes rêves sont grands, Mehta-ji.

MEHTA

C’est la différence entre toi et moi, boita [petit] – tu vois des rêves, je vois l’opportunité ! Pourquoi crois-tu que je t’ai arraché à ta voie ferrée ? Si tu peux cuisiner pour une équipe, tu peux cuisiner pour faire de l’argent ! Combien d’hommes ici ?

VIRA/MOOLLA

Mille. Deux milles.

MEHTA

Et il y en aura beaucoup plus. C’est ici que les sahibs vont installer leur quartier général – une ville aussi grande que Karachi ou Bombay s’élèvera ici. Et une ville a besoin d’être nourrie. Et de quoi la nourrir ? De ce qui chatouillera les narines en rappelant ce qu’on mangeait chez nous. Dokra, shrikand, samosa, dhevlda, paan, barfi, jalebi…

VIRA/MOOLLA

Où les nourrir, Mehta-ji ?

MEHTA

Le sahib Patterson dit qu’un lopin d’une acre est à moi si, en l’espace d’un an, je peux y construire un bâtiment avec une clôture autour. Moolla boita – chaque fois qu’une équipe arrivera ici, tu parles au contremaître – tout l’équipement dont ils n’ont pas besoin, on le leur achètera. Traverses, piquets, rails, feuilles d’étain, bois – il nous faudra du matériel pour construire mon bâtiment. Tu as vu les Massaï ?

VIRA/MOOLLA

Ils chassent les lions !

MEHTA

L’eau. Qu’est-ce qu’ils utilisent pour aller chercher l’eau ? Des calebasses. Faites de citrouille séchée. C’est long à fabriquer, ça se casse facilement. Des seaux – nous leur vendrons des seaux en acier. Plus de calebasses à fabriquer. Et les seaux durent toute une vie – on peut même les donner comme dot ! Tu vois cette tente au milieu ? C’est la nôtre. Installes-y ton jiko . Met un écriteau : "Chez Mehta – Approvisionnement en tous genres."

VIRA/MOOLLA entreprend de dresser la tente, comme on le lui a dit.

VIRA/MOOLLA

Avec Mehta-ji, aujourd’hui, c’est déjà demain ! Ses yeux brillent comme ceux de Fateh… mais je ne savais jamais ce que tu pensais, Fateh. Ici, au beau milieu du champ j’installe mon jiko, ranime sa flamme… et espère que tu apparaîtras à travers sa fumée. Me verras-tu, moi ta Vira?

A travers la fumée, on voit FATEH et une Africaine.

MIJIZA

Tu m’as donné à manger…

FATEH

Tu avais faim.

MIJIZA

Mon homme a attaqué ton train…

FATEH

Il tentait de te protéger.

MIJIZA

Okang. C’était son nom. Il disait que le train nous enlèverait la nourriture de la bouche…

FATEH

Je suis désolé que Patterson l’ait abattu.

MIJIZA

Tu m’as donné à manger…

FATEH

Tu avais faim.

MIJIZA

Simba – Je t’appellerai Simba.

FATEH

Dans mon pays – bien loin d’ici – une femme un jour est venue vers moi, vêtue de noir. Elle m’a dit que je pourchasserais l’odeur des lions et des rhinocéros qui ébouriffent mes cheveux… Es-tu la Tzigane que j’ai vue ?

MIJIZA

Hein ?

FATEH

Nairobi, c’est là où tu habites.

MIJIZA

Nous, Massaï, l’appelons “enhare Nairobi” - le lieu des eaux douces.

FATEH

De l’eau au-dessous de nous, des nuages au-dessus. Où sont les étoiles ?

MIJIZA

Une étoile naît dans un enfant – voilà ce que nous, Massaï, pensons.

FATEH (la regarde)

Un enfant dans une étoile ?

MIJIZA

Quand un Massaï transperce un lion de sa lance, l’esprit de l’animal s’élève pour former une étoile dans le ciel. Quand un enfant d’homme naît, il reçoit l’esprit de cette étoile.

FATEH

Où sont les étoiles ?

MIZIJA

Voilà bien longtemps, dit-on, les Massaï erraient au-dessus des montagnes. Là, les étoiles s’accrochaient comme des colliers autour de notre cou et les plus âgés s’enveloppaient de nuages pour se tenir chaud.

FATEH

Alors quand cette voie ferrée atteindra les montagnes, tu t’en retourneras sur la terre de tes pères, Mijiza ?

MIJIZA

Ce premier jour – quand je suis venue au camp – j’ai vu l’homme qui me ramènerait chez moi.

FATEH

Nous avons à manger – il faut partager.

Retour à VIRA.

VIRA/MOOLLA

Tu apparaîtras à travers la fumée et tu me verras contre le ciel. La surprise ombragera ton front… et alors le soleil percera à travers ton sourire et Mehta-ji te donnera son duka …

MEHTA apparaît.

MEHTA

Hé – à qui parles-tu, Moolla ?

VIRA/MOOLLA

Meyri kismutt.

MEHTA

Pense plutôt à un moyen pour que les gens viennent manger ta cuisine.

VIRA/MOOLLA (gonflée à bloc)

Tu crois que je suis paresseux ? Si tu peux trouver un meilleur cuisinier – tiens, garde ton jiko!

(Elle fait mine de partir.)

MEHTA

Arey, arey, arey – pourquoi êtes-vous si prompts à vous enflammer, vous les Pendjabis ? Est-ce que j’ai dit que tu étais paresseux, hein ? Arey, boita, contrôle-toi ! Nous n’avons pas le temps de nous quereller entre nous dans ce pays.

VIRA/MOOLLA

Que faire pour attirer les coolies dans notre duka ?

MEHTA

Tamasha [un spectacle] !

VIRA/MOOLLA

Quoi ?

MEHTA

Faire un petit spectacle qui rende les gens curieux.

Traduit par Elishéva Zonabend Marciano

ALLAUDDIN

Hey, dikra – this is like pulling the dead body of that lion Patterson killed!

FATEH

At least that was lighter.

ISHWAR

It was beautiful…!

FATEH

No lion would ever have fallen just because caterpillars were in its tracks, eh Allauddin?!

ALLAUDDIN

There are millions of them, dikra! The driver was telling me they had got on to the tracks, round the wheels in the firebox even…

ISHWAR

The caterpillar thorns – they are like bindis that Vira puts on her head!

Pause. FATEH and ALLAUDDIN exchange indulgent looks.

FATEH

If only the Sayyid was here…

ALLAUDDIN

Now he – he could have done what your Hanuman did! Lift up this train on his head so we can all go home quickly! Ishwar – you are unlucky not to have met him.

ISHWAR

Every day he carries Vira in his chest – I will take her back, Fateh.

FATEH

Yes, Ishwar… So you’re going back, Allauddin?

ALLAUDDIN

Mehtaji brought word from down the line – mother is very ill… Takes so long for any word from India, you don’t know what may have happened during the journey…

FATEH

You will see your uncle?

ALLAUDDIN

Bring her here when the work is finished – if I can make something on the land the sahbs give me.

FATEH

From butcher to farmer, Allauddin?

ALLAUDDIN

What can I do?... I want land next to the Sayyid’s tomb in Mackinnon Road.

FATEH

That desert place?

ALLAUDDIN

Look after the tomb – make sure the trains slow down when they are passing – someone has to do it…

FATEH

You mean I have to come to that desert place to wrestle with you?!

ALLAUDDIN

Avey dikra – there are more flights to come yet before this work finishes – and after I have won them all, you won’t want to see me again!

FATEH

You have won only one match so far!

ALLADUDDIN

Just be ready to pull! I don’t want to spend my life with these caterpillars!

FATEH

What are you waiting for then?!

ISHWAR

Be careful of Vira’s chuuni, Fateh – don’t pull it round her neck too tight!

An accident: Allauddin’s toes are crushed.

ALLAUDDIN

What a curse! To have lost an arm, a leg, even a foot, would have been a proper badge to carry, crying to all the world the service I had done in building this country! But to lose you, two tiny toes of my right foot, so small, so small that even the caterpillar will not honour you with a look – ah, what a curse! Challo, what to do? Here, under this thorn tree by the banks of the Athi River, I will lay you to rest!

CHORUS

Here it rises, /

the home of the Raj

in East Africa/ - Nairobi!

A place of swamps / fed

by rivers from the Mountains of the Moon. /

Here the railhead arrived, /

mile 325, / and sat down to

rest, / while men with maps

wondered how to make the rails

climb 10 000 feet in the air!

MEHTA appears, VIRA / MOOLLA in tow.

MEHTA

Look around, what do you see, Moolla?

VIRA/MOOLLA

Tents, as far as the eye can see, on swampy land. In the distance, hills.

MEHTA

Here in Africa, boita, you need eyes that see further.

VIRA/MOOLLA

What do you see, Mehta-ji?

MEHTA

Buildings. Shops. Bazaars. Houses. Families.

VIRA/MOOLLA

There are only tents.

MEHTA

First will come wooden buildings, on legs –

VIRA/MOOLLA

Legs?

MEHTA

To float above the swamp. The stone buildings. Shouting to the world our arrival and stay.

VIRA/MOOLLA

Your dreams are big, Mehta-ji.

MEHTA

That’s the difference between you and me, boita [little boy] – you see dreams, I see opportunity! Why else did I snatch you away from your railway? If you can cook for a gang, you can cook to make money! How many men here?

VIRA/MOOLLA

Thousand. Two thousand.

MEHTA

And more will keep coming. The sahibs will make this their head quarters – a city as big as Karachi, Bombay will rise here. And the city needs feeding. And what to feed it? That which will tickle the memories of home. Dokra, shrikand, samosa, chevlda, paan, barfi, jalebi…

VIRA/MOOLLA

Where to feed them, Mehta-ji?

MEHTA

Patterson-sahb says a one-acre plot is mine, if I can put a building on it, with a fence round it, within one year. Moolla boita – you talk to the foremen in all the gangs coming here – any material they don’t need, we’ll buy it from them. Sleepers, pegs, rails, tin-sheets, wood – we’ll need supplies to put up my building. Have you seen the Masai?

VIRA/MOOLLA

They hunt lions!

MEHTA

Water. What do they use to fetch water? Gourds. Made from dried pumpkin. Long time to make, easy to break. Buckets – we sell them steel buckets. No more making. Last a life-time – they can even give it away as dowry! See that tent in the middle? That is ours. Set up your jiko there. Put up a sign – Mehta’s Supplies.

VIRA/MOOLLA proceeds to set up the tent, as commanded.

VIRA/MOOLLA

Mehta-ji is making tomorrow today! His eyes burns like Fateh’s… but I never knew what you were thinking, Fateh. Here, in the middle of the field I place my jiko, bring it to life… and hope you will rise through its smoke. Will you see me, your Vira?

Through the smoke, FATEH and an African woman are seen.

MIJIZA

You gave me food…

FATEH

You were hungry.

MIJIZA

My man attacked your train…

FATEH

He was trying to protect you.

MIJIZA

Okang. It was his name. He said the train will snatch food from our mouths…

FATEH

I am sorry Patterson shot him.

MIJIZA

You gave me food…

FATEH

You were hungry.

MIJIZA

Simba – I will call you Simba.

FATEH

In my land – far away – a woman came to me one day, dressed in black. She said I will chase the scent of lion and rhino ruffling through my hair… Are you the gypsy I saw?

MIJIZA

Eh?

FATEH

This Nairobi is your home.

MIJIZA

We Masai call it “enhare Nairobi” – the place of sweet waters.

FATEH

Water below us, clouds above. Where are the stars?

MIJIZA

A star is born in child – that is what we Masai think.

FATEH looks at her

A child in the star?

MIJIZA

When the Masai spears a lion, its spirit rises to from a star in the sky. When a man-child is born, it receives the spirit of that star.

FATEH

Where are the stars?

MIJIZA

Long ago, it is said, the Masai roamed over the Mountains. There, the stars hung like necklaces round our necks and the elders wrapped the clouds around them to keep warm.

FATEH

So when this railway gets to the Mountains, you will be returning to the home of your fathers, Mijiza?

MIJIZA

That first day – when I came into the camp – I saw the man who would take me home.

FATEH

We have food – it must be shared.

Scene shifts back to VIRA.

VIRA/MOOLLA

You will rise through the smoke and see me against the sky. Surprise will shadow your brow… and then the sun will break through your smile and Mehta-ji will give you his duka…

MEHTA appears.

MEHTA

Ai – who you talking to, Moolla?

VIRA/MOOLLA

Meyri kismutt.

MEHTA

Think of how to make people come to your food.

VIRA/MOOLLA fired up

You think I am lazy? If you can find better cook – here, keep your jiko!

She makes to go.

MEHTA

Arey, arey, arey – why are you Punjabis always so quick to catch fire? Did I say you were lazy, huh? Arey, boita, control your temper! We have no time to fight among ourselves in this land.

VIRA/MOOLLA

How do I make the coolies come to our duka?

MEHTA

Tamasha [spectacle] !

VIRA/MOOLLA

What?

MEHTA

Make a little tamasha that makes people curious.

Par Jatinder VERMA

CONTEXTE HISTORIQUE

En 1886, les puissances européennes se réunissent à Berlin pour se partager l’Afrique. La Grande Bretagne s’octroie le Kenya et l’Ouganda, l’Allemagne la Tanzanie.
En 1895 aux Indes, famine et peste dévastent le Pendjab et le Goudjerate.
En 1896 débute la construction du chemin de fer d’Afrique-Orientale britannique, utilisant une main d’œuvre indienne, les « coolies ». Attirés par la perspective d’un salaire mensuel et la promesse de 5 hectares de terre à la fin des travaux, ils sont des milliers à s’engager. La ligne fera finalement 1 000 kilomètres de long et, sur les
30 000 ouvriers indiens, un dixième mourra durant les travaux.
Genèse retrace, à partir de quelques personnages, l’histoire de l’immigration de ces
30 000 indiens qui, fuyant la famine et la pauvreté, ont quitté leur pays pour l’Afrique à la fin du dix-neuvième siècle après avoir été recrutés par les colons britanniques en vue de la construction du chemin de fer devant relier la côte est de l’Afrique au Lac Victoria.

RESUME

Quand Fateh, jeune indien du Pendjab, quitte l’Inde pour aller travailler en Afrique, il laisse derrière lui sa femme Vira et son ami Ishwar qui part à l’armée pour pouvoir nourrir les siens. Comme ses compagnons de voyage, Allaudin le boucher musulman, Mehta, marchand opportuniste du Goudjerate, Amar, enfant du Pendjab vendu par ses parents à un agent recruteur, et le Sahid, un « saint homme » originaire du Pendjab, Fateh part avec l’espoir d’une vie nouvelle, une vie meilleure. Le bateau les emporte avec leurs rêves mais aussi leurs interrogations : « Y a-t-il des villes en Afrique ? » ; « Mange-t-on halal en Afrique ? ».
Arrivés sur le continent africain, ils se voient attribuer un numéro. Commence alors pour eux l’enfer de la construction du chemin de fer avec la peste, la mouche tsé-tsé, la chaleur, les moustiques, la malaria, les vers qui creusent des trous dans les pieds, mais la promesse des 15 roupies mensuelles et des 5 hectares de terre une fois le travail terminé leur donne la force et le courage de continuer.
Cependant, en Inde, Ishwar, pris en flagrant délit en train de passer ses rations à sa famille, est renvoyé de l’armée après avoir été condamné à dix coups de fouets. Il décide alors de partir en Afrique à la recherche de Fateh.
Peu après Vira, à son tour, part à la recherche de son mari, déguisée en homme.
Tandis que les coolies progressent en direction du lac Victoria, en butte à de nouveaux obstacles - ils sont attaqués par des lions puis par des tribus Massaï dans la région de Nairobi - Ishwar et Vira poursuivent leur destin : Ishwar rencontrera la mort sur son chemin et Vira finira par retrouver son mari.
Fateh et Vira réunis élèveront ensemble l’enfant nouveau-né d’une femme Massaï qui s’était attachée à Fateh après la disparition de son mari tué par les Britanniques, morte étranglée par Ishwar devenu fou.

PHOTOGRAPHIES : Agnès Varraine Leca.
Née en 1984. Voyage et photographie. Photographie et voyage.
Reportage "L’Inde, Humanité intouchable" en 2005, récompensé au Grand Prix Paris Match du Photoreportage Etudiant.
Expositions d’Octobre à Décembre 2005 aux "Quatre Jeudis" & "Le Petit Chicago", Canada.
Reportage "September 11th, five years later" pour Nazca Pictures, agence internationale de photojournalisme, Mars 2006, New York.
Reportage "100th anniversary of New York City’s taxis", Mai 2007, New York.
Commandes photographiques pour la SAGEP (Eaux de Paris), de Mars à Octobre 2007.

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http://www.agnesvarraineleca.com
http://www.nazcapictures.com/featur...